histoire de l'art - paradoxe 4-2 analytique

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liste des effets propres à ce paradoxe

tableau

4 - ouvert / fermé

effet analytique
a2 croquis Bouquetin Cosquer

1 - 1D - une partie des formes se poursuit sans entraves (elles n'ont pas d'obstacle en extrémité, ou bien elles effectuent un très long parcours), tandis qu'une autre partie se bute, de façon répétée ou non, contre des obstacles

1 - 2D - des surfaces pochées de façon uniforme contrastent avec des formes cernées par un trait

1 - 3D - opposition entre un volume fermé et un espace traversable ou très ouvert

2 - un espace est fermé dans une direction inattendue et il reste ouvert dans les autres directions

1 - cet effet s'appuie sur le paradoxe n° 2 entraîné / retenu : on est entraîné à suivre des yeux un trajet non interrompu (cas 1-1D et 1-2D) ou à laisser circuler librement notre regard dans un volume poreux (cas1-3D) ou vers une direction non bouchée (cas 2). A d'autres endroits ou dans une autre direction, notre regard bute sur des obstacles (cas 1-1D et 2), sur une surface pochée qui ne contient pas de tracé à suivre des yeux (cas 2D), ou bien encore sur un volume fermé (cas 3D). En résumé, nous sommes entraînés à laisser librement circuler notre regard aux endroits où son parcours est ouvert ou suggéré, tandis qu'il est retenu contre les obstacles sur lesquels il bute ou dans les surfaces non organisées pour qu'un trajet soit suivi des yeux. Dans ces cas-là, son parcours est fermé
2 - l'appui fonctionne à l'aide du paradoxe

effet d'ensemble / autonomie : les deux parties d'une forme d'ensemble jouent un rôle complémentaire grâce à leurs différences, l'une proposant un parcours aisé à suivre des yeux, et l'autre barrant au contraire toute circulation visuelle commode à son endroit
3 - il s'organise au moyen du paradoxe

ouvert / fermé : il est lui-même en cause dans cet appui, ce qui implique que l'ouverture et la fermeture correspondent chacune à des parties bien séparées de la forme d'ensemble (cas 1) ou à des directions clairement différentes (cas 2)
4 - il est noué par le paradoxe clef

ça se suit / sans se suivre : notre regard peut commodément suivre un trajet sur une partie de la forme ou dans une direction, mais il n'y a aucun trajet à suivre sur son autre partie ou dans une autre direction

Justification du caractère analytique de type identification dans les cas 1 : il n'y a pas de relation visuelle obligée entre les parcours qui sont fermés et ceux qui sont ouverts
Justification du caractère analytique de type lecture dans le cas 2 : à tous les endroits il faut choisir entre la direction où le regard est bouché et celle où la vue est laissée ouverte

les exemples de référence

Expression linéaire 1D du cas 1, opposition entre des trajets qui se butent et des trajets qui restent ouverts :

étape B0-14 - bouquetin à la grotte Cosquer : certains traits butent les uns contre les autres : leur parcours est bloqué, fermé en extrémité. C'est le cas du trait qui marque le ventre, qui bute contre celui qui démarre la cuisse arrière, et c'est le cas des traits qui dessinent les deux pattes avant, celles-ci butant d'ailleurs l'une contre l'autre. D'autres formes au contraire ont leurs extrémités libres, leur parcours est ouvert et peut se prolonger imaginairement : c'est le cas des cornes, celui du museau, du cou qui se prolonge librement dans le dos et dans une patte avant, et c'est aussi le cas de la queue, de la patte arrière et de la partie inférieure des pattes avant

Expression surfacique 2D du cas 1, contraste entre des surfaces pochées et des surfaces cernées par un trait :

étape B0-14 - la grande salle des taureaux à LASCAUX : certains animaux sont évoqués par une silhouette pochée fermée ("bouchée" peut-on dire), tandis que d'autres sont dessinés par un trait de contour que l'on peut suivre des yeux. Dans un cas, donc, notre regard bute contre une surface fermée sur laquelle il n'y a aucun trajet à suivre des yeux, tandis que dans l'autre il glisse le long d'un parcours bien dessiné

Expression volumique 3D du cas 1, contraste entre un volume fermé et un volume traversable :

étape A1-10 - MVRDV (Pays Bas) - 3D Tuin à Hengelo : le bloc central de la tour est un volume complètement fermé, opaque, tandis que le volume de terrasses et d'arbres qui l'entoure est un espace complètement poreux que le vide traverse en continuité. L'ensemble de cette architecture se compose donc d'une partie très fermée et d'une partie très ouverte : notre regard bute sur son noyau fermé, et il est entraîné à circuler librement dans le volume ouvert qui l'entoure

Expression 2, cas d'un obstacle dans une direction inattendue :

étape A1-10 - MVRDV (Pays Bas) - pavillon hollandais de l'Expo-2000 de Hanovre : usuellement, le ciel est au-dessus des arbres. Étonnement ici, non seulement les arbres sont perchés très en hauteur (il s'agit là de l'expression du paradoxe 01a8 ), mais la direction vers le ciel est fermée au-dessus d'eux, alors que le vide complet s'ouvre sur tous côtés à l'entour. Vers la direction donc où nous sommes entraînés par habitude à trouver le ciel, nous en sommes retenus à cause du toit qui ferme de façon insolite cette direction au-dessus des arbres

utilisation aux époques préhistoriques

étape B0-12 - personnage de Malta : expression 1-1D - notre regard peut faire librement le tour de certains boudins : leur parcours est ouvert, il n'est jamais arrêté par un obstacle. Dans le cas d'autres boudins ou d'autres parties des boudins, nous rencontrons rapidement un pli en creux contre lequel bute notre regard lorsqu'il cherche tourner en continu autour du personnage. Le parcours de notre regard est alors interrompu, il est fermé par un obstacle

étape B0-14 - le cheval chinois de LASCAUX : expression 1-2D - le dos et la tête de l'animal sont traités par une surface pochée qui "bouche" la vue, tandis que le ventre est dessiné par un contour au trait que l'on suit des yeux

étape B0-22 dans l'Orient ancien - culture de Samarra en Irak - assiette à décor peint (vers 5 500 av J.C) : expression 1-1D - le cou, le corps et les pattes des oiseaux sont faits de segments qui se butent les uns contre les autres, tandis que leurs ailes, leurs queues et leurs pieds sont faits de traits qui sont libres en leur extrémité

utilisation aux époques anciennes

étape romane C0-32 en Occident - les bandes lombardes de Tournus (début du 11ème) : expression 1-1D - le bord vertical de chaque arcade forme un long trajet ininterrompu (ouvert), tandis que les dents d'engrenage forment un trajet qui bute sans arrêt sur une extrémité et doit alors rebrousser chemin

étape romane C0-32 en Occident - le chevet de ND du Port à Clermont-Ferrand (1ère moitié du 12ème) : expression 1-1D - le bord des toits des chapelles passe librement sur les colonnes (parcours ouvert), mais leurs extrémités ont leur parcours fermé

utilisation aux époques plus récentes

étape D0-24 - Brancusi (1876 - 1957) - Colonne sans fin : expression 1-1D - par en bas, la colonne bute contre la terre : son parcours est fermé de ce côté-ci. Par en haut elle pourrait se prolonger . . . sans fin. Son parcours est donc ouvert de ce côté-là

aussi - Brancusi - Le coq : expression 1-1D - le corps du coq agglomère deux registres de forme différents > le dos et les pattes sont des surfaces qui se poursuivent longuement et dont le parcours pourrait se poursuivre librement en leurs extrémités, tandis que les pans coupés du ventre ont leur parcours systématiquement fermé par les pans contre lesquels ils butent

étape D0-23 - Matisse (1869 - 1954) - L'atelier rouge : expression 1-2D - on peut considérer le contraste entre le tracé du contour des objets (la table, la chaise, l'horloge, etc.) qui est obtenu par une fine réserve jaunâtre dans la surface rouge, et la surface précisément de ce rouge. Ce fin tracé, on le suit des yeux, il dirige notre regard d'un endroit à un autre, et il nous fait ainsi traverser l'étendue rouge. La couleur rouge au contraire ne guide aucunement notre regard : c'est une masse uniforme qui s'impose partout avec la même intensité, sans plus nous attirer dans un endroit que dans un autre, et notre regard ne peut qu'errer au hasard sur sa surface. Notre regard bute donc partout sur le rouge, tandis que le fin tracé des objets lui ouvre des trajets nets et rapides qu'il n'a plus qu'à suivre

utilisation à l'époque contemporaine

étape A1-10 - MVRDV (Pays Bas) - pavillon hollandais de l'Expo-2000 de Hanovre : expression 1-3D - le volume en haut de la tour est complètement fermé, tandis que les tranches du dessous sont diversement poreuses, et le regard peut passer à leur travers

aussi - MVRDV (Pays Bas) - Villa VPRO à Hilversum (1197) : expression 1-3D - le haut de ce coin de bâtiment est un volume nettement fermé qui termine la boîte compacte que forme le reste du bâtiment, tandis que sa partie basse n'est occupée que par quelques sveltes pilotis, et il se présente comme un creux très largement ouvert sur l'extérieur

aussi - MVRDV (Pays Bas) - projet de 4 villas sur 2 colonnes : expression 2 - en se haussant tout entier très haut dans le ciel, l'immeuble bouche la vue du ciel pour qui est sous l'immeuble, mais il laisse bien dégagé l'horizon de tous côtés : le ciel est fermé, mais l'horizon est ouvert. C'est le contraire de ce qu'on attend usuellement, puisque les immeubles qui sont posés au sol laissent le ciel dégagé au dessus de nous mais ils bouchent la vue vers l'horizon

dernière mise à jour de cette fiche : 29 décembre 2004

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