Interview donnée à l'
occasion de l' arrivée de Guillaume Sorel chez Soleil, et de la sortie de Mens Magna 1
recueilli dans « sous le soleil exactement » n2 (un grand merci à Fabien)
Interviewer : G. Sorel bonjour, tu es né en
1966 (à Cherbourg), tu as donc trente ans, pourquoi ?
G S : je pense que c' est parce que nous sommes en 1996.
I : Ton premier album l' île des morts tome 1 est sorti il y a 5 ans ... le cinquième
volume parait aujourd'hui chez Vent d' Ouest ... ce sera le dernier, crois je.
G S : Oui. T. Mosdi et moi venons de clore la série avec le 5ème titre... A présent, je
change d'univers.
I : En somme, le vent d' Ouest a chassé les nuages, ça explique pourquoi tu es aujourd'hui chez Soleil.
G S : Ben, tu sais, je suis normand d' origine... le soleil m'a sans doute un peu manqué,
bien que j' ai vécu aussi à Nîmes, avant de monter à Paris, comme la plupart de ceux
qui veulent dessiner. Mon idée fixe, c'était de publier chez ( A Suivre..); Je ne
connaissait qu' eux, et j'allais régulièrement les voir. Un jour, j' en ai eu assez de
me faire jeter, et je me suis orienté vers l'univers graphique des jeux de rôle. C 'est
là que j' ai connu Thomas, ainsi que Froideval, qui signe aujourd'hui ma nouvelle série
chez Soleil. A cette époque, j' ai réalisé quelques illustrations pour Casus Belli, et
pour Oriflamme, une maison d'édition sur Metz. Puis diverses couvertures pour Press
Pocket.
I : -Tu as fait quoi comme études ?
G S : Deux ans d' architectures, deux ans d' art appliqués et cinq ans aux beaux-arts de
Paris. La totale, quoi ! !
I : Quel est le titre de la série ?
G S : Celui-ci n' est pas définitif, mais cela pourrait s'appeler Mens Magna
I : Ce qui est chiant avec Froideval, c'est qu'il ne dévoile jamais rien ses scénarios.
Alors maintenant, je vais te dire un truc : tu vas lever un peu le voile ou je déchire ma
fiche ! !
G S :Oh ! tu peux y aller ! je m' en fiche complètement... Mais puisque c'est toi, je
vais lâcher quelques morceaux. C'est une histoire contemporaine, pas du tout gothique
comme l' Ile des morts. Il y a des magiciens modernes, dont le pouvoir permet de percevoir
le monde différemment. Je suis en train d'effectuer des recherches pour exprimer cette
recherche si particulière. Je dois trouver des astuces graphiques permettant au lecteur
de voir en même temps qu' eux, ce qui n'est pas évident. Il faut créer un contraste
immédiat entre leur perception et celle des personnages normaux. C 'est un exercice de
style qui m' intéresse beaucoup, car il se situe à mille lieux de ce que j' ai fait
jusqu' à présent. Le personnage central aura l' aspect d'Orson Welles. Nous l' avons
choisi à cause des multiples facettes de sa physionomie aux différentes époques de sa
carrière. Cela nous permet d'offrir diverses visions d'un même individu. Jusqu' à
présent, mes personnages avaient tous une allure plus ou moins commune... Celui-ci
devrait être ...différent.
I : Si je comprends bien, c'est une BD différente ?
G S : Oui, c' est le mot qui convient.
I : Tu travailles toujours en couleurs directes ?
G S : Oui, je me considère avant tout comme un illustrateur. Je connaissais assez peu la
BD à mes débuts . Mes influences se limitent à des auteurs noirs comme Andréas,
Bezian. Enfant, j' aimais bien Derib, Cosey pour leur coté poétique et mélancolique.
I : Merci Guillaume.