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Les Livres de ma vie


                                 2006

20.03.06    KAFKA SUR LE RIVAGE  de Murakami Haruki  **** ½                                              
  

 Editions Belfond, 2006. Traduction de Corinne Atlan.

  
Que dire d'original sur Murakami ? D'abord qu'il s'agit du bon ordre japonais pour prononcer son nom et son prénom. Auteur culte, pressenti pour le Prix Nobel, traducteur en japonais de Raymond Carver et d'une pléthore d'écrivains américains : Fitzgerald, Chandler, John Irving, etc. Murakami est avant tout un auteur à l'univers et aux personnages attachants, dont on dévore les romans avec un rare plaisir.

Le plus frappant avec cet écrivain, c'est qu'une fois l'un de ses livres refermé, une intense nostalgie vous prend. On regrette de l'avoir terminé si vite. On n'a qu'une envie, en attaquer un autre. Tout en sachant que ses oeuvres sont loin d'être innombrables mais que, par bonheur, elles sont aussi loin d'être toutes traduites.

L'univers de Murakami nous entraîne dans un monde où le quotidien le plus banal dérape en douceur dans le fantastique, sans qu'on soit heurté, ou même étonné. Le dépaysement, les aventures incroyables dans lesquelles il lance ses personnages, paraissent chaque fois couler de source. Ajoutons à cela un style limpide que l'on suit depuis la rive, comme une eau galopante, et une intrigue qui nous happe et nous emporte dans ses ressacs, et l'on aura fait qu'entrevoir, à l'aide de pauvres métaphores, le monde de Murakami.

Bon, essayons quand même de résumer ce roman. Le jeune Kafka Tamura, 15 ans, part de chez lui, sac au dos, pour fuir l'ignoble prophétie que son père lui a lancé au visage : « Un jour, tu tueras ton père de tes mains, et tu coucheras avec ta mère. » Charmant. La mère et la sœur ont visiblement bien fait, elles aussi, de quitter la maison, des années auparavant. C'est le premier récit. Et on s'attache vite à ce gamin dévoreur de livres, qui entend dans sa tête les conseils de son propre double, Le garçon nommé Corbeau (Kafka signifiant Corbeau, en tchèque). Second récit : Nakata, un vieillard un peu simplet, sorte de Mister Chance japonais, est payé par les gens de son quartier pour retrouver les chats égarés. Son principal atout : il parle aux matous. Photo à l'appui, il interroge chaque félin qu'il rencontre, ce qui lui permet de  retrouver assez vite les disparus.

Mais lui aussi va devoir quitter sa maison, après avoir croisé le chemin du répugnant Johnnie Walken, un type habillé comme le personnage sur l'étiquette du Whisky et qui n'est autre... que le père de Kafka. Entre ces deux récits, nous est confié un étrange dossier militaire (classé top secret) qui nous apprend qu'à 15 ans, en 1945, alors qu'ils faisaient une sortie en pleine nature, et après avoir aperçu dans le ciel un point argenté, Nakata et tous les enfants de sa classe perdirent soudain connaissance. A leur réveil, aucun d'entre eux ne souvenaient de ce qui leur était arrivé. Quand il revint à lui des semaines plus tard, ce brillant élève était devenu le Nakata, un rien attardé, qui parle aux chats, aux pierres et de lui à la troisième personne. Ce n'est qu'un début. Nos deux héros (qui peut-être n'en forment qu'un ?) vont rencontrer bien d'autres personnages étonnants, et leur quête les entraîner dans cet autre monde, parallèle au nôtre, où les habitués de Murakami ont déjà mis le pied.

Autant le dire : j'ai beaucoup aimé ce roman ! En dépit d'un ou deux détails décevants : l'indifférence avec laquelle Mlle Saeki apprend qu'elle est « peut-être » la mère de Kafka ; ou le flou dans lequel l'auteur nous laisse au sujet la prophétie, ou en ce qui concerne Tamura-père/Johnnie-Walken. Chez Murakami, les personnages inquiétants rappellent ceux des films de David Lynch. Mais comme chez Lynch, un tas questions restent sans réponses. Enfin, cette figure du « méchant », opposé au cœur pur des autres personnages... voilà qui pourrait sembler un peu manichéen. Maigres réserves.

Résumons : Kafka sur le rivage est un beau roman foisonnant, dont je suis ressorti une fois de plus nostalgique. Je n'ai qu'une envie, lâcher ce clavier, ouvrir un nouveau Murakami et m'y plonger, pour y retrouver cette même fraîcheur, avant d'être à nouveau abandonné sur le rivage, un peu perdu, mais un sourire aux lèvres.

s. descornes

 

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©  Stéphane Descornes

Dernière mise à jour :  26/03/06