Site de Stéphane Descornes, dit Bishop. Écrivain.

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Mine de Riens


PIF a failli me tuer

 

J’ai voulu jouer les mariolles avec mon gadget de PIF.

Une sarbacane, c’était. Et qui lançait des capsules en plastique blanc en forme d’obus.

PIF, c’était pas nouveau pour moi. J’achetais cette revue depuis pas mal de temps déjà. Les BD, je trouvais ça correct. Et monter les gadgets, ça m’allait.

Cette semaine-là, le gadget c’était une sarbacane. Alors moi, après avoir ôté mon pif des pages de PIF (J’adorais l’odeur du papier, de l’encre, comme ensuite celle des livres ouverts…), je suis allé dans le jardin et je me suis mis à envoyer mes capsules un peu partout : sur les fleurs, dans les airs, sur des insectes d’acier venus tout droit de la planète TOULT pour m’anéantir…

Ils étaient loin d’être cons, à PIF… Du côté par où on soufflait, ils avaient mis une petite grille de protection pour pas qu’on avale le truc, s’il nous prenait la folle envie d’aspirer. Alors moi, bien sûr, histoire de jouer les petits malins, j’ai retourné la sarbacane… J’ai soufflé un grand coup. La capsule a cogné contre la grille du fond et puis, en toute logique, j’ai aspiré. Pour voir ce que ça faisait.

Et j’ai vu.

J’ai aspiré comme un malade et j’ai avalé la capsule sans coup férir. Ensuite, j’ai lâché la sarbacane et j’ai commencé à mourir. Je suffoquais, avec ce truc coincé dans la gorge. Impossible de respirer. J’ai couru voir ma grand-mère. J’ai dit :

– Hu… mhh… nhh…

Avec ma grand-mère, on a couru chez une voisine – Mme Rhéby – qui m’a fait boire de l’eau, avaler de la mie de pain, allongé sur une table, la tête en bas, bref le grand jeu.

C’est finalement la mie de pain qui est venue à bout de la capsule. J’ai tout avalé.

Sur le moment, je n’ai sans doute pas assez remercié Mme Rhéby de m’avoir sauvé la vie.

Quelques jours plus tard, cette brave femme nous a amené le journal. Dedans, on parlait de « l’Affaire PIF »… Des dizaines de p’tits rigolos dans mon genre avaient fait comme moi, retourné la sarbacane et aspiré ! Et l’un d’eux, si mes souvenirs sont bons, s’en était moins bien tiré que les autres…

Bref, je me suis dit que, comme petit rigolo, je n’étais pas seul sur Terre, et qu’au final je m’en tirais pas trop mal.

Vous allez me dire : « Et la capsule ? » Eh bien, c’est le lendemain que je la découvris – îlot blanchâtre, prisonnier de ce que vous savez.

Dire que cette petite merde coincée dans la merde a failli m’étouffer !

Quoi qu'il en soit, merci, PIF, pour tous ces souvenirs !

 

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Dernière mise à jour :

05/02/05

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