texte encodé par Frédéric Martin, né en 1976, conservateur des bibliothèques.
J'accuse, en accusant une fille infidelle, Les oyseaux de voller, le vent d'estre legerAu vent d'estre leger, aux filles de changer, Aux oyseaux de voller, c'est chose naturelle. Les oyseaux de nature ont le vol et la plume,Le vent a de nature une legereté ;Mais aux filles d'avoir une infidelité, Ce n'est un naturel, mais c'est une coustume. Dieu ! que cest coutume a de pouvoir sur elles ! Ma CroixMa Croix : La dame du poète s'appelle Mademoiselle de la Croix. me le fait voir : son beau nom reveré, Des fidelles chrétiens saintement adoré, Dement, fidelle et saint, ses humeurs infidelles.Que je plains de mes vers l'eternel vitupere! Elle n'en fait de cas, fille ingratte et sans foy;Elle ne fait de cas non plus d'eux que de moy: Elle rit des enfans comme elle rit du pere. Esprit volage et faint qu'une amitié ne touche, Je veux, en t'esloignant, esloigner mon tourment. Si ne veux-je pourtant m'obliger de serment : Je craindrois que mon coeur fust contraire à ma bouche. Ouy, mon coeur est contraire. En sa douleur extreme, Un amant de sa dame aulcunes fois medit. Cholere, aulcunes foisAulcunes fois : quelquefois soy-mesme il contredit, Et sa langue et son coeur ne vont tousjours de mesme. Bien souvent emporté d'un courroux indomptable, Je depite ma dame, et c'est lors que je mens;Mais, quand je veux chanter sa grace et ses tourmens,A mon dommage, helas! je suis trop veritable. Puissay-je à l'advenir, si mon courroux augmente,Mentir en t'acusant d'une infidelité!Empesche moy toujours de dire verité...Fi de la verité! - je te pry que je mente. Oeuvres inédites / Pierre Motin ; publiées avec une notice et des notes par Paul d'EstréeLibrairie des bibliophiles (Paris)1882Poésies / Pierre Motin ; texte établi et présenté par Guillaume PeureuxSociété des textes français modernes (Paris)2006