Flaminio
de Birague -Sonnet CXXIIII
- Ne
volez plus si loin, Avettes I
bruantines,
- Vous travaillez par trop vos blondets ailerons
- Pour aller suççoter en ces fleuris gazons
- Le thin, le serpolet, piquottant leurs racines ;
- Mais venez vous camper sur les lévres pourprines
- De ma belle Maistresse, et brouttez les boutons
- De la rose et du lis, et de vos piquerons
- Gardez
bien d'offenser ses levres courallines
II.
- En tous temps vous pourrez y cueillir toutes fleurs,
- Sans employer en vain vos diligens labeurs
- A
buttiner l'hyver sur les croupes d'Hymette III.
- Car
là tousjours Zephir va sa flore baisant
- Pour
luy faire enfanter toute belle fleurette
- Qu'en
Hyver et Esté elle y va produisant.
Notes
I.
Avettes : abeilles
II.
Courallines : de corail.
III.
Hymette : montagne de l'Attique dominant Athènes sur la côte
; célèbre pour son miel et son marbre.
Les premières
Oeuvres poétiques de Flaminio de Birague, Paris, T. Périer,
1585 (Troisième édition).