- Lors
qu'espris de ce feu l'infortuné Leandre I,
- Malgré
les Aquilons
II fendoit le fil de l'eau,
- Guidé de la clairté du nocturne flambeau
- Que
pour certain signal Hero lui souloit pendre
- Forcea tant les destins que sa jeunesse tendre
- Eut, pour ne choisir pas le temps serain et beau,
- Le feu pour luminaire et la mer pour tombeau,
- Et pour lict le rivage où on le veit estendre.
- Mon flambeau c'est ton oeil plein de douce fureur,
- Mon tombeau sont mes pleurs, tesmoings de la douleur
- Que
je sens nuict et jour pour tes beautez divines.
- On le veit palle et froit pres de la tour Cestienne,
- On me verra transi pres de l'image tienne,
- Sur un lict parsemé de chardons et d'espines.
Notes
I.
Leandre : Jeune homme d'Abydos, amoureux de Héro la prêtresse
d'Aphrodite à Sestos, sur le rivage grec opposé. Leandre nageait
chaque nuit pour rejoindre Héro, guidé par la lumière
d'une tour. Une nuit d'orage, la lumière s'éteignit et Leandre
se noya. Lorsque son corps fut rendu par la mer, Héro se précipita
du haut de la tour.
II.
Aquilons : les vents du Nord.
Les oeuvres
poétiques de Clovis Hesteau, sieur de Nuysement... , Paris, A. L'Angelier,
1578, p.48.