Et voy
couler ensemble, et les eaux, et mes jours,
Je m'y
voy sec, et pasle, et si I
j'ayme tousjours,
Leur resveuse
mollesse où ma peine se mire.
Au plus
secret des bois je conte mon martyre,
Je pleure
mon martyre en chantant mes amours,
Et si j'ayme
les bois, et les bois les plus sours,
Quand j'ai
jetté mes cris, me les viennent redire.
Dame dont
les beautez me possedent si fort,
Qu'estant
absent de vous je n'aime que la mort :
Les eaux
en vostre absence, et les bois me consolent.
Je voy
dedans les eaux, j'entends dedans les bois,
L'image
de mon teint, et celle de ma voix,
Toutes
peintes de morts qui nagent, et qui volent.
Les Delices de la poesie françoise.
Ou Dernier recueil des plus beaux vers de ce temps. Corrigé de nouveau
par ses autheurs ; augmenté d'une eslite de plusieurs rares pieces
non encore imprimées. Dedié à madame la princesse de
Conty, Toussainct du Bray (Paris), 1620, p. 117.