La poésie
lyrique
Sur la période que nous avons retenue, qui s'étend approximativement de 1570 à 1630, la part de l'inspiration lyrique reste prépondérante dans la création poétique. Elle s'inscrit dans la lignée de la Pléiade, et de son chef de file, Ronsard (mort en 1585), qui prolongeait déjà un héritage lointain, inauguré par les troubadours du XIIIe siècle, poursuivi et amplifié par Pétrarque (1304-1374). Ce dernier demeure plus que jamais la référence incontournable du lyrisme européen, à tel point que l'on qualifie volontiers de "néo-pétrarquistes" les poètes qui se consacrent alors à la veine amoureuse.
Nombreux sont ceux qui publient leurs Amours, ces recueils de poèmes dédiés à une femme, réelle ou imaginaire. La structure de ces ouvrages respecte le plus souvent le schéma du Canzoniere pétrarquien, retranscrivant les étapes principales de l'itinéraire amoureux (la rencontre ou innamoramento, la célébration de la beauté, l'échange de vu, la douleur de l'absence, la confidence, le deuil ). Le blason, forme poétique d'origine médiévale, est parfois employé pour décrire les charmes de l'aimée.
Le sonnet reste la forme la plus en usage, mais, à partir du début du XVIIe siècle, on lui préfère parfois les stances, plus longues et propices aux épanchements du sentiment.
Bien qu'ils puisent à la même source, les poètes de ce temps ne se ressemblent pas. Certains d'entre eux ont une vision du monde et des sentiments qui, dans leurs écrits, demeure positive et conforme aux règles implicites du genre (Desportes, Bertaut, Motin ). D'autres au contraire introduisent avec fracas des images de noirceur et de violence dans un imaginaire qui a priori ne s'y prêtait guère (d'Aubigné, Vermeil, Nuysement, Birague). Il ne s'agit plus ici d'exprimer la passion amoureuse de façon hyperbolique, mais de restituer dans l'écriture les tourments d'une époque, vécus intimement.
A cette distinction il convient d'ajouter les différences de génération : aux néo-pétrarquistes nés dans les années 1550-1560 succède un nouveau groupe de poètes (Tristan, Théophile de Viau, Saint-Amant etc.) qui s'émancipent peu à peu des codes hérités pour déployer leur propre imaginaire. Leurs uvres font la part belle à l'inconstance, aux jeux de miroir, au déguisement, à la solitude.
A partir
des années 1630, les codes de la poésie amoureuse évoluent
pour former un genre nouveau, le "genre lyrique mondain". Illustré
par Voiture, Sarrazin, Scarron, il se caractérise par l'influence
de la vie à la cour, la recherche de l'agrément et du bel-esprit,
une certaine préciosité.