(Source : Paul Pasquier "Le Pâquier")
Ces familles se répartirent en trois communautés différentes de 1341 à 1539, dites du Pâquier, des Carrets et
des Chavonnes.
Celles de Marmet et de Pierre (Perret) formèrent la communauté du Pâquier. Au Jarrets il y eut celles de François
et Rolet, les familles de Rodolphe furent aux Chavonnes et les autres se rallièrent à différentes communautés.
Les fonds désignés par l'acte de vente d'avril 1341 furent cédés sous le régime emphytéotique qui
interdisait les ventes et les divisions tant qu'ils n'étaient pas totalement amortis. Ils étaient, au moment de
la cession en 1341, déjà divisés en plusieurs parts : les fonds de Villarblanchin sont répartis en cinq différents
lots, il en est de même pour les terres des Parts de la Joux ( Prâ de la Joux ). Les fonds des Vuey, la Cresta,
La Rucheyna sont tous divisés en trois parts.
C'est précisément cette situation qui obligea les preneurs à les exploiter en commun, en formant plusieurs
communautés, selon la répartition des terres, soit les communautés du Pâquier, des Carrets, des Chavonnes et aussi
celle de Prachaboud.
Ces diverses associations ne concernaient que l'exploitation des terres, elles étaient soumises aux autorités
de la Châtellenie de la Tour de Trême qui ne forma qu'un seul territoire administratif jusqu'en 1827.
Il est donné ci-après quelques détails sur chacune des communautés.
COMMUNAUTE DU PAQUIER
Elle fut formée par les familles de ce hameau, des fonds de Villarblanchin, Monsuprion, Clos du Moulin, les
Delésès, les Pleins et autres lieux mentionnés au document et inconnus de nos jours. Elle donna son nom de Pâquier
au groupement des trois communautés en 1539.
Ce mot Pâquier vient du mot latin pascua, voulant dire pâturage. C'est probablement en ces lieux que furent
les premiers habitants de la région, ayant donné ce nom aux lieux où ils s'y établirent. En effectuant les fondations
du bâtiment scolaire du Pâquier en 1911, il fut trouvé à environ deux mètres de profondeur, dans un sol mouvant,
un bassin formé d'un tronc d'arbre et des poutres de charpente. Ces vestiges furent probablement entraînés lors
d'un éboulement qui a dû se déclencher depuis le pâturage vallonné des Corbè, ce mot patois veut d'ailleurs dire
vallonné, courbe, déformé.
En dessous est un lieu dit le Rouvenè, mot patois voulant dire éboulement; il rappelle ce mouvement très ancien,
des fonds situés en amont du village, qui furent habités il y a de nombreux siècles. Des recherches minutieuses
auraient peut-être permis de découvrir d'autres vestiges d'habitations, mais nul ne s'y intéressa, ce qui est
regrettable.
A la communauté du Pâquier,il y avait en 1539 :
- Pierre feu Antoine dou pasquier
- François feu Udricus dou pasquier
- Clément fils de feu Loys dou pasquier
- Antoine fils de feu Loys dou pasquier
- Claude fils de feu Jean dou pasquier
Ce dernier fut désigné comme gouverneur des trois communautés réunies le 29 décembre 1539, dès que la plupart
des terres furent affranchies.
COMMUNAUTE DES CARRETS
Son nom était Carryts, en 1348. Anciennement le nom de Carret, Carrée, voulait dire la maison
d'habitation. Le Carroz signifiait un groupement de maisons. On sait qu'à Pringy, par exemple, le Càro-d'Avô ou
d'Amon veut dire le bourg d'en bas ou le bourg d'en haut.
C'est en ces lieux dits Es Carrets que les moines habitèrent avant de se rendre à la Part-Dieu.
N.B. Paul Pasquier précise par ailleurs, pour les familles "es Chartrot du Clos-Chartrossin propriétaires
des domaines à ce lieu-dit, ayant appartenu aux moines Chartreux, se composa de militaires (militis) en service
à l'étranger.
De ces familles sont probablement issues les Von der Weid .
Les derniers survivants connus naquirent en Hte Savoie. Joseph et Rodolphe fils de Charles de Georges
de Jacques du Pasquier es Chartroz."
Ils se composaient de bas en haut, du Clos Vuatlin ou Vyatelin vaste prairie pour les provisions d'hiver,
des Léjaux, des Carrets, Es Cabanes, du Prâ-Morâ, et d'autres terres attenantes dont les noms sont inconnus
aujourd'hui.
Ce furent les familles issues de Jérôme, fils de François, petit-fils de Géraldus et celles de Jean-Gorbo
fils de Géraldus qui eurent en partage les biens de cette communauté.
En 1539 nous y trouvons:
- Jean fils de feu Jacques dou pasquier
- François fils de feu Valérien dou pasquier
- Uldaricus fils de feu Jean Goudron, un beau-fils
- Claude fils de feu Valérien dou pasquier
- Loys fils de feu Rolet Goudron, un beau-fils.
COMMUNAUTE DES CHAVONNES
Il n'est fait aucune mention de ce nom à l'acte de 1341.
On le trouve en 1432 et 1435 alors que les Blanchard habitant en ce lieu, eurent des difficultés avec le
bourg de la Tour de Trême. Ils ne participent pas à la construction du couvent de la Part-Dieu, car ils ne sont
pas mentionnés à l'acte de 1341.
Jacques Blanchard est parmi les combattants à la bataille de Morat en 1476. Des Blanchard. figurent aux
registres matrimoniaux de la paroisse de Gruyères. Jean Blanchard avait une propriété aux Carrets en 1644.
Il est certain que leurs filles épousèrent des dou pasquier, Géraldus ou ses fils, qui héritèrent des biens
nommés Villars-Blanchin (Villars des Blanchard ).
Vers 1500-1650, les Chavonnes furent habitées par des familles Sudan, Boz, Morand, Pellicier, Goudron,
Gaillard. Cette communauté fut formée par des Pasquier habitant à l'Arêna (Pringy), à Froide-Fontaine,
aujourd'hui la Càdra, au Mont; à la Crèta, de nos jours le Crêt; en Champ-Rond, anciennement Moille.
Peu à peu, ceux de Froide-Fontaine et l'Arêna vinrent habiter les Chavonnes après le départ des Sudan,
Morand, Boz et autres. Au document de 1539, nous y trouvons les suivants :
- Claude fils de feu Loys des Chavonnes (du Pasquier)
- Jean fils de feu Rod des Chavonnes ( du Pasquier )
- François fils de Gérard Goudron ( un beau-fils )
- JeanPellicier ( probablement tanneur, un surnom )
- Jean fils de feu Aimé, dit Biolley ( un surnom )
COMMUNAUTE DE PRACHABOUD
Celle-ci fut formée par les familles issues de Antoine dou pasquier ( voir à la suite de ce document les compléments
issus de cet acte de 1341) dont on ne connaît pas le degré de parenté avec les précédentes.
Elles aidèrent aussi aux travaux des moines car Antoine eut en partage des fonds situés en Prà-Domège; au Carros,
de nos jours le Coin; aux Granges; au Servy, aux Ougeoles de nos jours Rougeoles et d'autres qu'il n'est guère
possible de situer, selon le document de 1341.
Ne figure dans l'acte aucun de ces noms, ni celui de Prachaboud. Celui-ci n'est d'ailleurs connu qu'à partir
du début du XVIe siècle, c'était alors Pràchabod.
Cette communauté ne se rallia pas aux précédentes en 1539.
Après avoir eu des difficultés avec les communiers de la Tour, à propos de clôtures, en 1563, cette communauté
rallia alors celles des villages du Pâquier, des Carrets et des Chavonnes.
Claude du Pasquier de Prachaboud intervint en 1555, lors de la faillite du comte Michel.
Jacques du Pasquier de Prachaboud est mentionné à propos du différend de 1563 cité ci-devant.
Par testament du 2 juin 1644, Claude du Pasquier de Prachaboud fils de feu Théodule et bourgeois de Fribourg
fait des legs importants en faveur de la paroisse de Gruyères et de la chapelle de la Ste Trinité du Pâquier.
COMMUNAUTE DES ALBERGEUX
Vers le point culminant de l'ancien chemin reliant, par le haut, le Pâquier au Moulin de la Trême,
et vers l'intersection de ce chemin à celui qui monte de la ferme de Montillon, se trouvait jadis le hameau, des
Albergeux composé d'une auberge, d'une ferme et de six ou sept maisons de campagne.
La route des Albergeux était utilisée par les seigneurs de Gruyères et leurs sujets se rendant, pour leurs
échanges, vers le Léman et la Savoie, au moyen de sommiers, dont la ferrure était mise en état à la forge de ce
hameau, avant d'entreprendre leurs longs voyages par des chemins cahoteux.
Vers la fin du XVIe siècle, il y avait aux Albergeux les familles de Louis du Pasquier dit Es Perrets,
maréchal, dont le fils Théodule né en 1605, abattit un ours dans les parages de la Trême en 1627.
Les familles es Perret étaient issues de Perretus fils de Géraldus dou Pasquier, mentionnés au document de 1341.
Il y avait aux Albergeux des familles Sudan, teneurs puis propriétaires de l'estivage des Groins et
Marchairuz de la vallée du Motélon auquel peuvent se rattacher l'origine du Ranz des vaches et l'odyssée
de la belle Luce.
Nous y trouvons encore plusieurs autres familles Morand, Dafflon et Paaquier à la même époque.
Le hameau des Albergeux et ses fermes voisines, Le Longequeue. Les Biolleyres, Montillon formèrent une communauté
comparable à celles des villages du Pâquier. Elle s'y rallia vers 1563 après avoir sévit les sévices des cornmuniers
du bourg.
En ce temps, la châtellenie de la Tour de Trême ne formait qu'un seul territoire et une seule autorité civile,
par conséquent la communauté des Albergeux, qui était une association d'exploitants, n'abandonna pas une commune
pour se donner à une autre, ce qui pouvait se réaliser sans le consentement des parties intéressées et des autorités,
ce qui n'eut pas lieu.
La division du territoire de la châtellenie ne se fit qu'en 1827.
Depuis le haut de ce chemin des Albergeux, le malheureux comte Michel put, pour l'ultime fois, revoir son
cher comté, son château, sa cité, ses verts pâturages. Un poète s'inspira de ce tragique départ pour
composer sa complainte "Les Adieux du Comte Michel ".
Le hameau des Albergeux fut peut-être le lieu de joyeuses libations et de tendres amourettes, il est
cependant certain qu'en ces chemins et sentiers passèrent de nombreux indigents et d'âmes en peine,
allant au couvent de la Part-Dieu, où les bons moines de Saint Bruno n'étaient chiches ni d'un repas, ni
d'encouragements.
Il fut détruit vers 1630, probablement par un incendie, peut-être volontairement, lors
de la terrible peste de 1632-1635, personne ne voulant plus habiter les vieilles maisons par crainte
de contagion.
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