ORIGINE SUISSE DES FAMILLES PASQUIER
L'ACTE DE CESSION DES TERRES AUX MOINES EN 1341
PAR LE COMTE PIERRE III DE GRUYERES

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DOCUMENT LE PLUS ANCIEN CITANT LES FAMILLES PASQUIER


Organigramme des Pasquier cités dans ce document :

Cet acte trouvé aux archives de Fribourg par Paul Pasquier, qui l'a fait traduire du latin en français par M Jordan, professeur à Fribourg, est présenté par Paul Pasquier selon l'exposé suivant :

Document parchemin d'avril 1341, concernant le Comte Pierre III de Gruyères, le couvent de la Part-Dieu et les familles dites du Pasquier de la Tour de Trême (châtellenie) dépendants du comté de Gruyères.

On ne peut saisir le sens de ce document et les raisons invoquées si des renseignements ne sont pas donnés sur ce qui s'est passé à son sujet.

La première implantation des moines
Vers 1260 il y avait, à la Grande Chartreuse en Isère (France) le moine Rodolphe issu de la maison de Gruyères, héritier de parcelles de terre sises aux hameaux du Pâquier.

Ce moine vint, vers la même année, au Pâquier y fonder un couvent, avec quelques confrères, sur les terres des hameaux en partie sa propriété et exploitées avec celles du Comté, sous le régime emphytéotique, moyennant payement annuel du "cens" comprenant la location et un modique acompte sur le prix d'achat.

Ainsi, peu à peu les biens exploités sous ce régime devenaient la propriété des teneurs, dans l'espace d'environ 200 ans. Ce qui obligea nos ancêtres à vivre en communautés, les fonds exploités ne pouvant être ni vendus ni divisés dans les familles avant d'être complètement amortis.

Ces terres sur lesquelles les moines habitèrent avant de se rendre à la Part-Dieu étaient situées aux lieux dits Es Carrets.
Le nom était Carryts, en 1348. Anciennement le nom de Carret, Carrée, voulait dire la maison d'habitation. Le Carroz signifiait un groupement de maisons. On sait qu'à Pringy, par exemple, le Càro-d'Avô ou d'Amon veut dire le bourg d'en bas ou le bourg d'en haut.

Les moines à la Part-Dieu.
La Comtesse Guillaumette de Gruyères avait reçu en dot de son mari, le Comte Pierre II de Gruyères, un vaste territoire du Comté, s'étendant de Pérauna jusqu'au sommet du Moléson (Molesum)qui a donné son nom à la station de ski actuelle. Ces fonds sont actuellement situés sur la Commune de Gruyères.

En 1307 la Comtesse Guillaumette céda ces mêmes fonds aux moines du Pâquier pour y fonder un couvent devant être appelé "La Part-Dieu" (la part de Dieu).
Les bâtiments de ce nouveau couvent furent construits des années 1307 à 1320 par les moines aidés par les membres des familles du Pâquier.

En 1320, lorsque les moines allèrent habiter dans leur nouveau couvent de la Part-Dieu, la Comtesse Guillaumette et son époux Pierre II étaient décédés. A cette date, le Comte Pierre III, leur fils, propose aux moines de reprendre les terres du Pâquier du fait qu'ils étaient devenus les propriétaires des vastes terres cédées par sa mère.
Les moines n'acceptèrent pas cette proposition car ils voulaient rester en relation avec les familles Pasquier qui les avaient aidés à bâtir leur couvent et qui avaient exploité leurs terres depuis plusieurs années au cours desquelles ils avaient payé plusieurs acomptes sur le prix d'achat (par le paiement du "cens").

Le Comte leur proposa ensuite de leur vendre ces fonds ce que les moines acceptèrent et fit l'objet de transaction.
Un acte de promesse de vente fut établi en 1320 et fut sans suite. Un nouvel acte fut rédigé en juin 1340 en faveur des descendants des frères Géraldus (Gérald) et Rodolphus (Rodolphe) dou Pâquier décédés la même année.

La vente fut réalisée en avril 1341 en faveur des descendants des deux prénommés.
Cet acte de vente ne concerne que les parcelles possédées par le moine Rodolphe.
Les familles Pasquier continuant comme par le passé d'exploiter tous les fonds situés sur leur hameau, cela jusque vers les années 1510 lorsque les terres furent totalement amorties.
Cet acte de vente d'avril 1341 stipule ce que chaque exploitant avait à payer comme "cens" défini plus haut (comprenant la location et l'amortissement c'est à dire l'acompte annuel payable à la Saint-Martin).

NB. Comme indiqué en tête du chapitre précédent, les sommes à payer sont indiquées entre parenthèses à coté de la personne attributaire, désignée par des caractères gras.

Les noms locaux figurant dans ce document furent en partie modifier de 1341 à nos jours.

Il est cependant encore possible de déterminer la situation des parcelles.

Les descendants de Jérôme ( de François de Gérald) s'installèrent vers les Carrets et les Chavonnes où se trouvaient anciennement les moines. Ceux d'Antoine feu Rodolphe, se fixèrent aux environs du lieu-dit Prachaboud actuel.

Ce document est précieux. C'est le plus ancien que nous avons au sujet des familles Pasquier.

Les premières connues furent donc celles de Gérald et de Rodolphe deux frères dont le père est inconnu.

Leur naissance peut être fixée vers 1250-1270.

Lorsque les fonds furent amortis, vers 1510, nos ancêtres mirent en valeur les terres inférieures marécageuses, des Chavonnes, des Albergeux et vinrent s'établir sur les fonds assainis de Désovy (Dessous-Vif), Prachaboud etc.

L'acte de 1341

" Nous Pierre, Comte de Gruyères, avec le consentement de notre épouse Catherine, Comtesse de Gruyères et de celui de nos neveux , Pierre de Gruyères, Seigneur du Vanel et de Jean de Gruyères Seigneur de Montalvens, vendons au Prieur et au couvent de la Part-Dieu, de l'ordre des Chartreux, au diocèse de Lausanne, les cens et revenus à percevoir sur les terres suivantes, se trouvant dans le mandement de la Tour (de Trême).
"1) - Un cens de 20 sols lausannois que nous doit Marmet Bachelor, payable la moitié à la Ste Walpurge, la moitié à la Saint Martin d'hiver assigné sur deux parties d'une pose de terre sise en Praz-Ruet touchant à la voie publique ; sur une pose de terre En Villar-Blanchin près de la terre de Rodolphe dou Pasquier ; sur une demie pose de terre touchant à la voie publique, à coté de la terre de Jean de Cléris ; sur une pose de terre En la Rucheyma, à coté de En Rockey et... suivent les autres parcelles avec leur surface ("pose" et leur localisation) suivent de la même façon les 12 autres personnes attributaires (en caractères gras sur l'organigramme ci-dessus). .......................................................................................................................... ................................................

" 13) - Ensuite un cens annuel de 28 sols et 4 deniers lausannois dus par Antoine dou pasquier fils de feu Rodolphe assignés ; sur une pose de terre sise aux Rougeoles (Ougeoles) à coté de la terre de Johanet fils d'Humbed à l'Orient sur une pose de terre sise en Prazdominge à coté de la terre de Jacquet fils de Marmet dou pasquier à l'orient ; sur une demi seytores de pré sise en Champ Johanod à coté de la terre de Antoine Manigo à l'Orient ; sur la moitié du pré des Praleys que tiennent Antoine et Jacquet fils de Marmet dou Pasquier à coté du pré de Reynold feu Rodolphe dou pasquier ; sur une pose de terre sise Es Carroz au dessus du village de la Tour à coté de la terre de Jacquet fils de Perret feu Rodolphe dou pasquier ; sur une pose de terre sise au Servy à coté de la terre de Rolet de Clérie ; sur un dixième de la moitié du Pra de Praley ; sur une oche, prés de la Trême, 1 fossoyer. "

" Nous le prénommé Comte de Gruyères, avons vendu les cens au juste et légitime prix de 180 livres lausannoises que nous avons reçues du Prieur et des religieux acheteurs prénommés, en bons numéraires.

" L'acte a été scellé par le Comte, la Comtesse et leurs deux neveux et daté d'avril 1341.

Renseignements complémentaires de Paul Pasquier dans un courrier adressé à l'abbé René Pasquier le 24/11/1971

La livre de Lausanne valait environ 20 Frs suisses actuels (1970). Le sol = 1 Fr ; le denier = 8 centimes.

Les parcelles mentionnées à l'acte formaient une superficie totale d'environ 10 poses fribourgeois soit 21 hectares.

Par cet acte, les moines, par la succession de leur confrère Rodolphe, restaient donc propriétaires de ces parcelles en payant au comte la somme de 180 livres ou 3.600 Frs suisses actuels (1970).

Ils recevaient des familles dou Pâquier la somme annuelle de 200 sols ou 200 Frs suisse comprenant la location et l'amortissement sur le prix d'achat qui est inconnu.

Les familles avaient avant 1341 déjà payé une certaine somme sur le prix d'achat peut-être à partir de 1300, soit pendant 40 ans. Nous savons qu'il leur fallait environ 200 ans pour devenir définitivement propriétaires. Nous savons aussi que c'est vers l'an 1500 qu'ils peuvent se répartir leurs biens entre les membres de leurs communautés.

Antoine votre ancêtre, chiffre 13 de l'acte était exploitant des biens de Prâdominge attenant au hameau de Prachaboud. Ce hameau ne fut formé qu'à partir de 1500. Il n'en est fait aucune mention à l'acte de 1341. Le cas est le même pour le hameau de Désovy et autres.

Les terres exploitées sous le régime emphytéotique de 1341 ne pouvaient être ni vendues ni divisées tant qu'elles n'étaient pas totalement amorties. C'est seulement à partir de 1500 que de nouvelles terres furent mises en valeur et réparties entre les membres des diverses communautés.

Ce furent les seigneurs français qui introduisirent le régime emphytéotique qui succéda au régime des métayers sans argent, lesquels ne purent acheter des fonds qu'en les payant par acomptes minimes avec le prix de la location.
(A.P. selon le dictionnaire le métayer s'engage à cultiver les terres sous condition d'en partager les fruits et récoltes)

.Après l'esclavage, vint le servage, puis le métayage et ensuite l'emphytéose et enfin la propriété.

Signé : Paul Pasquier

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