Noël: l'exposition imaginaire.

 

 

 

 

 
 
L’araignée vous propose ici une balade virtuelle à travers le monde, évoquant les transformations formelles dans la représentation de Noël depuis l'antiquité à nos jours.
 
 

D’origines diverses, ces symboles et coutumes reposent sur de multiples récits qui se confondent. Les artistes, témoignant de la vision de leur temps sur le monde, ont représentés au fur et à mesure de l’histoire les différentes mutations de ces réjouissances. Pour son exposition imaginaire, l’araignée s’arrête sur dix regards dispersés dans le monde.

 
 

 

 
 

La salle des origines:

 
     
 

Noël aurait pour origine la fête païenne « Yule » marquant le solstice d’hiver ou renaissance du Soleil. En 337,  le Christianisme s’harmonise avec les rites païens en célébrant la Nativité de Jésus le 25 décembre. Sa première attestation écrite date de 1175 et serait une évolution phonétique de Naël (naissance). Cette première salle de l’exposition tend à montrer cette constance de la naissance dans les représentations. Les prémices de son iconologie sont présents : Marie, l’Enfant, les Rois Mages, le bœuf, l’âne, le mouton, etc. Néanmoins, la notion de neige environnante n’est pas encore présente.

 
     
   
 

 

 
 

1. Domenico Ghirlandaio - Contemplation de la Nativité – 1485

 
 

Ainsi, dans l’œuvre de Ghirlandaio que vous pouvez voir dans l’église Santa Trinita, à Florence, c’est la fête chrétienne de la Nativité qui est représentée. Marie en prière devant Jésus est accompagnée des Rois Mages, derrière eux une foule qui vient célébrer ce jour.

 
     
   
     
 

2. Georges de La Tour - L'Adoration des Bergers - 1644

 
 

Dans un décor plus humble on retrouve ce même thème de rassemblement autour de  la naissance. Cette fois-ci la simplicité et l’absence de référence à la religion peuvent laisser entendre un retour à des traditions païennes, à une volonté du peintre de faire d’une scène religieuse une scène de genre.
Une évolution dans la représentation picturale est notable au cours des deux siècles qui séparent cette toile de celle de Ghirlandaio. Depuis 1926, l’œuvre peut être admiré au Musée de Louvre à Paris (au deuxième étage de l’aile Sully, salle 28).

 
     
 

La salle des transitions:

 
     
 

Dans notre imaginaire collectif, Noël est un décor à l’ambiance bien particulière. De gros flocons de neige recouvrent le bord des fenêtres, des bougies et chocolats  trainent ça et là, souvenir de l’avent.  Un feu dans la cheminée évoque la buche choisie pour tenir tout au long de la veillée (dont nous trouvons trace dans le dessert portant son nom : buche de Noël). Un sapin trônant fièrement (l’arbre de vie pour les chrétiens, le séquoia pour les païens), est le plus souvent paré d’une étoile en son sommet (celle du Berger?). Des lumières, des guirlandes et des boules de Noël entre ses branches (les offrandes païennes, les hosties chrétiennes et la pomme du pêché originel) et pour parfaire, des cadeaux emblématiques à son pied.

L’impalpable résidant dans l’aspect divin de Jésus se transforme alors en magie du Père Noel. Progressivement déchristianisé, Noël devient pour le plus grand nombre la fête où les familles se rassemblent. C’est cette transformation que la deuxième salle met en lumière.

 
     
   
     
  3. Franz Skarbina - Unter dem Weihnachtsbaum - 1892  
 

Sur ce tableau que vous pouvez voir au Stiftung Stadtmuseum de Berlin, le sapin a prit sa place dans les maisons. La petite fille nous rappelle que les quelques jours de vacances suivies par l’attente de la nouvelle année sont devenus aujourd’hui indissociables de la période de Noël.
De nos jours, Noël est devenu synonyme de rêve et de magie, l’occasion de se réunir en famille pour apprécier un bon repas. L'intérêt principal de l’événement réside dans les cadeaux que petits et grands prennent plaisir à déballer, apportés par le Père Noël (Saint Nicolas ou Sinter Klaas devenu Santa Claus) ayant subi des transformations dans sa représentation.

 
     
   
     
 

4. Thomas Nast - Merry Old Santa Claus - 1880.

 
 

En 1962, Nast fait la première illustration du personnage nouveau qu’est le père Noël ou Santa Claus dans l’hebdomadaire « Harper’s Weekely », il est à l’origine des principales transformations de ce personnage. Nast trouve son inspiration dans les routes allemandes pour le personnage de Saint Nicolas, qui vécu en Turquie entre 270 et 345. L’artiste fera plusieurs illustrations du père Noël, entre 1860 et 1880, ainsi mettant en place la plus part des attributs du père Noël que nous connaissons aujourd’hui - le vêtement en rouge et blanc,  la hôte, la barbe blanche, la grosse ceinture en cuir, le long manteau, le traineau ou encore le bonnet remplaçant la mitre.

 
     
 
 
 
     
 

5 et 6. Haddon Sundblom - Père Noël pour la compagne publicitaire de Coca-Cola - 1931 et Compagne publicitaire Murad - 1919.

 
 

En 1931, Coca-Cola décide de mettre en place une nouvelle publicité pour attirer une clientèle plus large et surtout les enfants. Il faut savoir qu’à l’époque il était interdit de faire de la publicité Coca-Cola figurant des enfants. Ils feront donc appel à l’illustrateur commercial Sundblom, qui créera une nouvelle évolution de l’image de Santa Claus. C’est ainsi qu’elle sera commercialisée, contribuant à la mondialisation de l’image du père Noël.
Coca-cola tout comme les cigarettes turques Murad ont également revendiqué la paternité de la tenue rouge et blanche du père Noël.
Entre 1931 et 1964, Sundblom créera chaque année de nouvelles illustrations reflétant l’actualité de la saison festive de Noël.  ses peintures originales ont déjà été exposées au Musée du Louvre à Paris,  au Royal Ontario Museum de Toronto, ainsi qu’au Musée des Sciences et Industries, etc. Une collection d’illustration qui peut être consultée sur le site de Coca-Cola Company.
http://www.thecoca-colacompany.com/heritage/cokelore_santa.html

 
     
 

Pourtant, en Russie par exemple, suite à l’arrivée de Lénine au pouvoir en 1917, le christianisme fut interdit et le nouvel an a remplacé cet instant de réunion familial où l’on s’offre des cadeaux. Ce qui explique peut-être le fait qu’il y ait toujours des représentations du Père-Noël en habit bleu, précédent la transition mondiale des années 30.

 
     
 

La salle des réinterprétations contemporaines :

 
     
 

Pour les artistes contemporains, il n’est plus question ici de thème biblique. Le sujet est générosité et partage, ce qui expliquerait la décroissance des représentations de Noël hormis pour les illustrateurs. C’est ainsi que se dépeint le thème de Noël dans l’Art : une représentation de la Nativité au départ religieuse qui a dérivé au fil des siècles vers Noël dans son aspect profane originel.
Ainsi, reconnaissable dans l’Antiquité ou à la Renaissance, ce sujet est bien plus difficile à lire dans les œuvres contemporaines, qui évoquent bien plus une période de l’année ou une atmosphère qu’un événement précis. Pourtant, il est constatable que les multitudes de symboliques pourraient donner lieu à une iconologie très riche.

Dans cette troisième et dernière salle, vous pourrez constater que la façon dont les artistes représentent Noël aujourd’hui est un reflet de notre société contemporaine, évoquant des thèmes divers tels que les débats sur la religion (Pierre et Gilles), le sens de l’art (Matisse), les avancées technologiques  (Autochromes lumineux de Léon Gimpel - Galerie Couleurs- vu à Paris-Photo), la diversité des médiums (Beever) et au sens plus large, la mondialisation.

 
     
   
     
 

7. Henri Matisse - Maquette pour le vitrail « Nuit de Noël » - 1952.
(Gouache sur papier découpée et collée)

 
 

L’œuvre est l’un des vitraux de la Chapelle du Rosaire de Vence, monument entièrement réalisé par le peintre (de l’architecture au mobilier). Le spectateur ne devinera pas forcement qu’il s’agit du thème de Noël, néanmoins l’étoile jaune centrale peut être un guide... comme celle du Berger pour les Rois Mages.
Le vitrail prend vie à travers la lumière, ce qui donne tout son sens à cette absorption entre la fête du retour du soleil et celle de la naissance de Jésus. La lecture plus abstraite de ce sujet montre aussi qu’il est possible de faire subir des transformations à ce sujet antique.
http://www.ville-vence.fr/La-Chapelle-du-Rosaire.html

 
     
   
     
 

8. Julien Beever - dessin de rue - 2007.

 
 

Dans le domaine de la performance, cette œuvre éphémère réalisée en pleine rue à la craie rappelle combien Noël est aujourd’hui un thème populaire qui s’adresse à tous. Par la mise en scène et l’effet de trompe l’œil, l’artiste invite les passants à devenir acteurs de la scène. Cette dernière peut alors devenir un amusement pour petits et grands, rappelant le sens actuel de joie et de partage qu’inspire Noël. Vous pouvez consulter le site de l’artiste pour plonger dans le monde illusoire et fantastique de Monsieur Beever.
http://users.skynet.be/J.Beever/pave.htm

 
     
   
     
 

9. David Lachapelle – Campagne publicitaire pour Boots - 2006.

 
 

Noël est devenu la fête commerciale pour laquelle les commerçants se préparent des mois en avance. Selon les statistiques de Kelkoo, 15,4% des ventes annuelles en 2009 se sont faites durant cette période. Les publicitaires n’hésitent d’ailleurs pas à faire appel aux artistes afin de promouvoir leur marque (Voir l’œuvre de Haddon Sundblom). Ainsi en 2006, Lachapelle - artiste extravagant et intéressant de voir en parallèle avec l’industrie « fashion » - a fait une vidéo pour la publicité de Boots, une marque qui vend, entre autres, des produits de beauté.  
http://www.youtube.com/watch?v=OBoYlCd5RV0

 
     
   
     
 

10. Pierres et Gilles, La sainte famille, 1991-2007.

 
 

A travers cette œuvre contemporaine, qui mêle photographie et peinture, nous retournons vers un point de vue religieux de ce jour. Pourtant, le sujet tel qu’il avait été représenté par Ghirlandaio a presque disparu,  la symbolique a évoluée dans un contexte apparemment différent. Noël, popularisé au fil des siècles, se trouve ici paré de kitch. Cependant, certains codes de Ghirlandaio sont toujours bien présents ; à titre d’exemple les fleurs du premier plan, la robe rouge et le long manteau bleu du personnage féminin, la position de ses mains en prière ainsi que l’enfant à ses côtés.
Avec cette œuvre (collection particulière) dont les artistes sont représentés par la Galerie Jérôme de Noirmont à Paris, on retrouve l’idée qu’un thème récurrent de l’histoire de l’art et son iconologie peuvent se transformer.

 
     
  Elina Gulbe & Charlie Bordier.