L’araignée suit le chien dans la Maison Rouge  

De gauche à droite : Claire Fontaine, Strike V. II, 2005-2007, Stéphane Thidet, Untitled (le terril), 2008,
Martin Parr, Common Sense, 1999. Vue de l'exposition à la Fondation Ellipse. © DMF (Cascais)

 

De gauche à droite : Navin Rawanchaikul, Fly Me To Another World (dedicated), 1999, Marepe, Rio Fundo, 2004, Paul McCarthy,
Pig, 2003. Vue de l'exposition à la Fondation Ellipse. © DMF (Cascais)

 

 

 

« Notre génération est peut-être perdue, mais elle est plus innocente que celle d'avant », c’est ce que nous affirme Frantz Kafka dans sa nouvelle Les Recherches d’un chien écrite en 1922.
L’exposition qui prend place à la Maison Rouge en ce moment emprunte le titre de cette nouvelle et son fil conducteur.

Dans ce texte (un  des seuls que Kafka aie écrit à la première personne) le personnage principal est un chien, suivant l’exercice de métamorphose auquel s’astreint Kafka dans son écriture, j’ai décidé de me transformer en reporter à quatre pattes afin de vous faire visiter l’exposition avec le regard dudit canin.

Je suis donc un chien, perdu dans une réflexion sur la condition de mon espèce. Mes pérégrinations m’amènent à explorer les marges de la société et, dans ma solitude par rapport aux autres chiens, à m’interroger sur les comportements de mes voisins: les hommes. Je me demande comment tant de complexité se retrouve condensée dans un seul être et de mon regard vif, j’observe ce curieux animal qui court à sa perte. Mais quel génie, quel talent, que de choses inutiles et pourtant si belles..
J’entre dans une maison en plein cœur de Paris, les hommes l’appellent la Maison Rouge, j’ai entendu dire qu’en ce moment on peut y voir une exposition sur mes recherches, et ce qu’elles ont inspirées aux artistes. Je vois que c’est un grand projet mené par cinq fondations maintenant toutes reconnues. Plus de quarante artistes sont réunis ici. Je suis très impressionné par ces œuvres qui transcrivent si bien les problèmes fondamentaux sur lesquels vous vous interrogez, vous, les hommes…

Je réfléchis et me dis qu’au fond ces hommes me ressemblent beaucoup, surtout les personnages bizarres qui accumulent toutes ces œuvres. Je sens  q’ils cherchent à comprendre quelque chose, et que c’est à travers le regard de certains artistes, à travers toutes ces rencontres avec les œuvres qui agissent comme des substituts à la parole, qu’ils expliquent le monde. Personnellement je préfère la littérature…mais je dois vous reconnaître un certain talent pour surpasser les mots. Vos fondations ont accompli des merveilles, expositions, résidences d’artistes, et maintenant association européenne pour la diffusion  de l’art contemporain. J’entends que votre exposition voyage, peut être pourrais-je aller la voir à Stockholm ? Je ne suis encore jamais allé en Suède.

Je sors de la maison, il fait froid dehors, je sens la fraîcheur de la Seine, et le vent sur ma truffe. Vraiment mes confrères canins ne s’embarrassent pas de toutes ces réflexions, mais quelle émotion dans la diversité de ces regards sur le monde !
Il faut maintenant que je vous laisse car les chiens ne sont pas admis dans le métro. Je dois donc marcher à nouveau sur mes deux jambes. Juste un conseil amis artistes : « Dans le combat entre[vous ] et le monde, second[ez] le monde » (œuvres complètes, Journal, 1917)

Margot Denis-Lutard

 

Infos pratiques :

« les recherches d’un chien » à la Maison Rouge / initiative de la FACE (Foundation for a Contemporary Europe) regroupant : DESTE Foundation (Grèce), Ellipse Foundation (Portugal), Fondazione Sandretto Re Rebaudengo (Italie), Magasin 3 (Suède), et la Maison Rouge (France).

Maison Rouge, 10, boulevard de la Bastille 75012 Paris
Du 23 Octobre 2010 au 16 Janvier 2011
Tél : 01 40 01 08 81
Tarif : 7€ - tarif réduit : 5€