Alexandre Dauvillier : propositions d'appareils de télévision et radiophote.
Alexandre Dauvillier (1892-
Très jeune, il s'intéresse aux recherches sur les rayons X et sur la vision à distance et va chercher à faire bénéficier la pratique des rayons X des acquis de la recherche sur ce que l'on désigne alors comme "le problème de la télévision". Dès 1915, il propose un appareil pour la réalisation de la radioscopie et de la radiographie intégrale, pour lequel il obtiendra un brevet le 14 mars 1921. L'idée est d'appliquer à la radiologie les principes de la télévision en utilisant comme diaphragme un double disque tournant de Nipkow.
Le radiophote de Dauvillier, Archives d'électricité médicale, 1929
Dauvillier reconnaîtra que sa première proposition était très complexe et trop onéereuse que pour pouvoir être mise en pratique. En 1919, il entre au laboratoire de physique des rayons X de Maurice de Broglie, ce qui va lui permettre d'approfondir sa réflexion. Il obtient son doctorat en 1920 et publie deux ouvrages (Physique des rayons-
Brevets de 1923-
Le 29 novembre 1923, il dépose une demande de brevet "Procédé et dispositifs permettant de réaliser la télévision", qui sera délivré le 24 avril 1925 (FR592162). L'analyseur mécanique est basé sur le "radio-
Le brevet français sera complété par deux additions (FR29653, déposée le 14 février 1924 publiée le 21 septembre 1925) et FR592162 déposée le 11 février 1925, délivrée le 20 avril 1926 Shiers (1997) et Abramson (1997) sont les seuls à ces mentionner
brevets. Shiers signale un "distributeur complexe" mais sans indiquer que celui-
L'article "La télévision électrique" (1928)
En 1928, il publie dans La Revue générale d'électricité, puis dans Les Archives d'électricité médicale un important article "La télévision électrique", dont la première partie propose un état de l'art sur les recherches en matière de télévision. Albert Abramson (1997) est très élogieux sur cet article :
"Le 7 janvier 1928, Alexandre Dauvillier publie dans la Revue générale d’électricité un article en trois parties sur « La télévision électrique ». La première partie est la meilleure histoire de la télévision depuis le livre de Korn et Glatzel en 1911. Comme la plupart des inventeurs, Dauvillier a compilé une longue liste de brevets et d’articles sur l’histoire de la télévision. Il couvre les travaux de Bain en 1848 jusqu’à ceux de Schoultz, Blake et Spooner, les frères Seguin et Zworykin. La deuxième partie révèle les efforts de l’auteur pour produire un système de télévision pratique basé sur l’utilisation du tube cathodique. La troisième partie relate les efforts de l’auteur pour produire un appareil à rayons X utilisant des techniques de télévision dès 1915."
Dauvillier y présente la version la plus élaborée de son téléphote. Le principe de l'affichage sur tube cathodique est préservé, mais Dauvillier a abandonné l'analyse à partir de disques pour revenir à un système inspiré de la loi harmonique définie par Maurice Leblanc dans son article de 1880. La double analyse harmonique de l'image selon une technique analogue à celle proposée par Georges Rignoux, c'est-
En 1926, Dauvillier proposera également un téléphote par tubes à vide, mais qui ne recevra pas le succès espéré.
Alexandre Dauvillier dans les années 1930 (Courtesy Smithonian Institute)
La proposition d'un radiophote
L'article inclut également la proposition de Dauvillier d'un nouveau dispositif de radiologie, qu'il désigne comme radiophote. Il dit avoir été inspiré par la thèse de F. Moret, La vision en radioscopie dont l'auteur indiquait qu'il avait été inspiré par les travaux de George R. Carey sur la transmission de mosaique de points lumineux en recourant aux propriétés du sélénium. L'objet du radiophote consiste à reproduire une image radioscopique parfaite de tous les défauts que l'on trouvait habituellement en utilisant, dans un équipement de laborataire de radiologie, les acquis de la recherche en transmission des images (en l'occurence le disque de Nipkow). L'observateur peut disposer d'une image de 900 points.
Après sa présentation au congrès international de radiologie de Stockholm (décembre 1928), le radiophote a connu un succès d'estime dans la presse professionnelle allemande et américaine. En juin 1930, le radiophote est présenté à l'Exposition internationale de physique, qui se tient à l'Institut d'optique et c'est l'occasion de quelques annonces dans la presse parisienne (Excelsior, L'ère nouvelle). Au journaliste Paul Allard, Dauvillier explique les avantages de son appareil : moindre exposition du patient et du radiologue aux rayons X, meilleure luminosité, disparition des voiles sur l'image. Un entrefilet dans La Presse médicale, en octobre 1931, annonce que Dauvillier a pu obtenir des images animées très lumineuses des objets mobiles disposés dans le champ de rayons X. Mais c'est le champ du cygne : le radiophote n'a pas vraiment été adopté dans les laboratoires. Dauvillier est nommé maître de recherches au CNRS en 1931, puis directeur de recherches en 1942. En parallèle, il est chargé de cours à l'École Supérieure d'Électricité à partir de 1925 et chargé de conférences à la Faculté de Médecine de Paris de 1925 à 1940. En 1944 il est nommé professeur au Collège de France, à la chaire de physique cosmique Après la Seconde Guerre mondiale, il devient un spécialiste en astronomie et publie une vingtaine de livres sur la cosmologie et ses implications philosophique.