Les émetteurs de l’ère de la télévision mécanique à celle du numérique

A partir des années 20, avant l’avènement de la télévision à Paris, les stations d’émission publiques et privées se multiplient un peu partout en France. Elles sont destinées à diffuser des programmes radiophoniques. Certains de ces émetteurs permettent d’expérimenter les premières émissions de télévision mécanique. Car en télévision mécanique la faible définition de 30 et 60 lignes correspond à des bandes vidéo de quelques KHz. Ces faibles bandes passantes vidéo peuvent sans problème être diffusées par un émetteur radio à la place du son. Les récepteurs radio grand public moyennant de légères modifications peuvent en association avec un disque de Nipkow restituer les images de télévision mécanique. Un deuxième récepteur radio est alors nécessaire pour recevoir le son. Les récepteurs radio de cette époque s’appellent « poste de TSF ».

En 1930, la Compagnie des Compteurs (CdC) installe un centre expérimental de télévision équipé d’un studio, dans son usine à Montrouge et obtient l’autorisation de disposer d’un émetteur onde courte (8m) d’une puissance de 8 W. L’animation de ce centre expérimental de télévision est confiée à l’ingénieur René Barthélemy.

Première antenne de la télévision mécanique (CdC)

La première démonstration publique de transmission de télévision a lieu le 14 avril 1931 depuis la station expérimentale de la CdC. Les images sont diffusées par l’émetteur onde courte de Montrouge. Le son est diffusé sur 431 m par l’émetteur de l’École Supérieure des PTT située rue de Grenelle, relié à Montrouge par une paire téléphonique. Le programme est reçu en région parisienne dans le grand amphithéâtre de l’’École supérieure d’électricité à Malakoff où se pressent plusieurs centaines d’invités.

En 1935 le gouvernement officialise les expérimentations conduites par René Barthélemy et demande que les équipements de la station expérimentale soient installés dans l’amphithéâtre de l’École Supérieure des PTT rue de Grenelle à Paris, réaménagé en studio.

Le 26 avril 1935 a lieu l’inauguration du service officiel de la télévision à Paris en 60 lignes.

La caméra mécanique 60 lignes de la CdC est placée dans une pièce adjacente au plateau, derrière une vitre isolante à double épaisseur destinée à atténuer le bruit du moteur qui fait tourner le disque de Nipkow de la caméra. Cette pièce abrite également l'émetteur de télévision conçu par la CdC dont la puissance est passée à 500 W.

Le 8 décembre 1935 la définition de la télévision passe de 60 à 180 lignes. Un nouvel émetteur onde courte (8 m) de 2 KW fabriqué par la SFR-CSF est installé provisoirement au pilier nord de la tour Eiffel, en attendant que le pilier sud, destiné à recevoir les équipements d’émission soit aménagé pour le recevoir d’une manière définitive.

Les images élaborées dans le studio de la rue de Grenelle sont acheminées directement au pilier de la tour Eiffel par un câble coaxial pressurisé long de 2 500 mètres. Un feeder de 330 m de long relie l’émetteur à une antenne constituée de 4 brins de 8 mètres de long, au sommet de la tour Eiffel. Le son est transmis en ondes moyennes (206 mètres) par l'émetteur de Radio Tour Eiffel.

En 1937 la télévision devient entièrement électronique. Le disque de Nipkow est abandonné au profit de l’iconoscope pour la caméra et du tube cathodique pour le récepteur. La définition passe de 180 à 455 lignes. Il est alors nécessaire que l’émetteur puisse disposer d’une bande passante suffisamment large, de plusieurs MHz pour diffuser correctement les images.

En juillet 1937, la société « Le matériel Téléphonique » (LMT) installe, au pilier sud de la tour Eiffel, un émetteur de télévision spécialement conçu pour un format de 455 lignes. Il diffuse une porteuse véhiculant la vidéo sur 46 MHz avec une puissance de 7,5 kW, tandis que l'ancien émetteur 180 lignes de la SFR-CSF est réutilisé pour diffuser le son sur 42 MHz.

Un feeder constitué d’un câble coaxial d’un diamètre extérieur de 13 cm, d’une longueur de 380 m et d’un poids de 12 tonnes relie l’émetteur à l’antenne au sommet de la tour.

La puissance de cet émetteur augmente constamment pour atteindre 30 KW et devenir ainsi le plus puissant du monde. Cet  émetteur est saboté  par les français  en juin  1940 avant  l’arrivée des troupes d’occupation  allemande.

Pendant l’occupation en 1943, les allemands décident de remettre en route la télévision à Paris suivant leur standard de 441 lignes. L’émetteur construit par la société LMT saboté en 1940 est réparé. Il est directement relié par un câble coaxial aux nouveaux studios de la rue Cognacq-Jay récemment aménagés par les allemands.

Ces équipements de télévision cessent de fonctionner le 12 août 1944, juste avant la libération de Paris. Les techniciens français prennent ces équipements en main et se familiarisent avec ce matériel nouveau laissé par les allemands.

Pour éviter le brouillage de leur système de télécommunications, les forces américaines interdisent la remise en service de l’émetteur de la tour Eiffel qui fonctionne dans la même bande de fréquence.

Il faudra attendre le 1er octobre 1944 pour que la tour Eiffel commence de nouveau à émettre.

Cet émetteur de télévision 441 lignes, au standard allemand, fonctionne jusqu’en janvier 1956, date à laquelle un incendie l’endommage.

Les dégâts étant très importants il n’est pas réparé car la continuité du service de cette 1ere chaine est assurée depuis 1949 par un émetteur en 819 lignes. L’arrêt définitif de cet émetteur 441 lignes était de toute façon programmé pour 1958.

Le 15 novembre 1949, un émetteur 819 lignes en bande III est inauguré au pilier sud de la tour Eiffel pour diffuser la première chaîne de télévision. Le contenu de cette chaîne fait très souvent l’objet d’une production parallèle à celle fonctionnant en 441 lignes en attendant de savoir convertir les standards.

Cet émetteur 819 lignes cesse de fonctionner 1983 car depuis 1975 la 1ere chaîne est dupliquer en couleur par un émetteur UHF.

Le 21 décembre 1961, un émetteur UHF expérimental 625 lignes pour une 2eme chaîne est mis en service au pilier sud de la tour Eiffel, là où était installé celui du 441 lignes avant janvier 1956.

Pour effectuer les premiers essais de diffusion de télévision couleur à Paris, la RTF met en service le 16 mai 1963 un émetteur UHF canal 28, de faible puissance sur la tour des Buttes Chaumont.La 2ème chaîne 625 lignes UHF en Noir et Blanc est officiellement inaugurée le 18 avril 1964 au pilier sud de la tour. Un guide d’ondes en guise de feeder est installé pour alimenter les antennes, au sommet de la tour, sans avoir à subir trop de pertes. Cet émetteur, diffuse officiellement la couleur à partir du 1er octobre 1967.

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