Le groupe passe à l'élaboration de la troisième maquette, celle de la baïne. Pour cela, le matériel est simple : il faut du sable fin, une plaque et de la colle en bombe aérosol. Les enfants se mettent à plusieurs pour étaler le sable, l'activité a du succès. Cependant, Jacques s'aperçoit vite d'un problème et donne les consignes de sécurité. D'une part, ne jamais se trouver dans l'axe de la pulvérisation, ce produit est nocif et dangereux, il ne faut pas l'inhaler ni l'appliquer sur la peau, et encore moins recevoir des gouttelettes dans les yeux. Il impose donc aux enfants de s'écarter de part et d'autre de celui qui tient le spray. D'autre part, il est indispensable de maintenir le récipient le plus verticalement possible, sinon le gaz qui est censé entraîner le produit s'échappera et la colle restera au fond. Enfin, il faut se maintenir à bonne distance de la plaque à encoller, pour obtenir une répartition optimale des gouttes, sinon, elles vont se concentrer en un point et le sable ne pourra pas se fixer sur toute la plaque. - Aucune manipulation n'est évidente en elle-même, il y a toujours un apprentissage au départ, même pour celle qui semble la plus simple, commente Jacques. -

Ensuite, une fois que la couche de sable devient conséquente, il faut y creuser la baïne, et envisager dès à présent le futur écoulement de l'eau et la simulation du courant. Il ne s'agit pas de faire un modèle réduit des baïnes qui se produisent sur les plages d'Anglet, ce serait trop compliqué. Il faut simplement montrer que l'eau ne se répartit pas au hasard et qu'elle suit le lit des rigoles et fossés que les vagues et les courants ont creusés, et dans lesquels le flux s'accélère.

Wikipedia : BAINE = Bassin Apparemment Inoffensif à Noyade Eventuelle. Les baïnes se forment sur un relief où le phénomène de marée est fort, le sable fin, le dénivelé faible, et avec une forte houle. La houle déplace le sable le long du rivage, interférant avec les courants perpendiculaires à la plage, qui résulte du flux et du reflux des vagues. Ces courants emportent vers le large le sable de fond creusant ainsi des cuvettes visibles à marée basse qui peuvent atteindre 100 mètres de large et 4 à 5 mètres de profondeur. Chaque baïne a une morphologie propre et engendre différentes formes de courants. Lorsque des brèches s'ouvrent dans le banc de sable, l'eau s'échappe violemment de la baïne selon un système de vidange. Ce sont ces courants de « sorties de baïnes », ou courant d'arrachement, qui provoquent chaque année des accidents. Le meilleur comportement à adopter reste alors de se laisser porter par le courant sans lui opposer de résistance et d'attirer l'attention des sauveteurs. Le danger se manifeste durant les 2e et 3e heures de la marée montante quand les vagues passent par-dessus le banc de sable qui sépare en partie la baïne de la mer, et aussi aux 4e et 5e heures de la marée descendante.

La quatrième maquette du système Soleil-Terre-Lune est un peu délicate. Jacques a préalablement réfléchi à sa conception et façonné le support qui accueillera la Terre et la tige oblique au bout de laquelle la Lune évoluera. Il fournit aussi la tringle qui maintiendra l'ensemble sur un axe de rotation autour du Soleil. En bon bricoleur, il a pour manie de tout récupérer et possède au siège de l'association Astronomie Côte Basque à Biarritz, mais aussi à son domicile, une véritable malle au trésor de pièces détachées en tout genre : "tout peut servir un jour ou l'autre !" La Terre (un petit globe taille-crayon) doit être juchée sur ce dispositif à l'aide d'une tige métallique, mais il n'y a pas de trou où elle pourrait s'enfoncer. Pour y remédier, Jacques montre une astuce. Le plastique fond à la chaleur. Il place donc l'extrémité d'un fil métallique épais maintenu à la pince au-dessus d'une flamme. Pour illustrer son propos, il l'enfonce dans une petite boîte à punaises en plastique : ça marche ! Les enfants essaient aussi. Jacques en profite pour leur expliquer l'usage des différentes sortes de pinces soigneusement rangées dans la boîte à outils.

L'élaboration des maquettes s'effectue désormais de front ou alternativement, en passant aux matériaux définitifs. Les enfants taillent au cutter l'échancrure du disque supérieur du lunophase après que Jacques en ait tracé les contours au crayon. On vérifie que l'écartement est suffisant pour faire apparaître chaque phase inscrite sur le disque inférieur. Jacques réfléchit avec Eric et Nicolas sur le bon système d'alimentation en eau de la boîte à baïne. L'idéal serait un circuit fermé, avec une pompe ou plutôt une grosse seringue, que l'on pourrait éventuellement récupérer à l'hôpital, si c'est possible. Il faut aussi penser au mécanisme secondaire qui actionnera l'horloge de la règle des douzièmes. On essaie d'abord de percer le centre des couvercles à l'aide d'un clou enfoncé au marteau : le résultat n'est pas terrible, le métal est trop dur et le couvercle se déforme. Qu'à cela ne tienne ! Les enfants les perceront à l'aide de la perceuse.

Pour le système Soleil-Terre-Lune, il faut scier une planche à la bonne longueur. Jacques la pose sur un tabouret, et indique à un volontaire la position idoine pour manier l'outil. Point n'est besoin de force, seulement de la persévérance en maintenant la lame dans le bon axe. Cette même technique servira ensuite - avec une autre lame - pour scier une tige métallique. Jacques montre aux enfants comment faire l'échange des accessoires - et ne pas se tromper de sens pour les dents ! Un enfant perce la planche à une extrémité avec la perceuse, sous le contrôle d'un animateur, et la Terre prend place au bout de son orbite, après qu'un autre jeune ait convenablement disposé le fil de fer qui accueillera la Lune qui tourne dans un plan oblique. Petit à petit, les éléments s'imbriquent les uns dans les autres, et l'on commence à avoir une idée de la forme finale de la maquette.

Il ne faut pas oublier que la Lune devra tourner autour de la Terre et la Terre tourner autour du Soleil. Les parties ne doivent donc pas être fixées les unes contre les autres, mais simplement maintenues sans empêcher leur rotation. Comment faire ? Jacques montre aux enfants le système de l'écrou et contre-écrou, où les deux pièces se bloquent mutuellement sans immobiliser la maquette. Pour actionner le mouvement, on fera appel ici aussi aux couvercles accolés autour desquels sera tendue une courroie élastique. Une fois assemblé, quel plaisir de le voir fonctionner correctement !

Pendant que l'on sciait la tige métallique trop longue qui supportait la Terre, le reste du groupe positionnait les graduations des douzièmes. Jacques, contrôlant leur travail, actionna l'horloge en la faisant pivoter et vérifia l'emplacement des traits repérant le niveau du bateau (et de la marée) aux différentes heures : les douzièmes n'avaient pas tous la même taille ! Il fallut tout revoir, l'emplacement de l'horloge, l'indication des heures et l'âge de la marée correspondant... Faire et défaire, c'est toujours travailler ! Les enfants poursuivaient ainsi leur apprentissage de la précision et du travail bien fait, préalable indispensable à l'élaboration de la maquette définitive.

Enfin, on passa à la construction réelle de la Malle de Neptune. Il fallut décider des dimensions de la boîte elle-même, puis des panneaux sur lesquels figureraient les documents explicatifs, qui allaient se rabattre sur les parois. Comment la réaliser concrètement, avec quelles charnières, pivotant dans quel sens, vers l'intérieur - mais il faudrait alors des panneaux plus petits - ou vers l'extérieur - et comment les fixer ? On avait pensé au départ n'utiliser que le forex et du tissu adhésif transparent pour maintenir les plaques. A l'usage, on s'aperçut que l'ensemble était fragile, trop souple, qu'il se démantibulerait à la première manipulation. Le nombre de panneaux fut diminué et - dans les derniers jours juste avant l'exposition - on décida de doubler l'ensemble de panneaux de contreplaqué ! Quel stress ! On n'allait jamais terminer à temps !

Un mois plus tôt, voyant l'avancement insuffisant du projet, Jacques avait provoqué une réunion de crise avec l'ensemble de l'établissement de l'ALSH Baroja. Il le présenta à nouveau à toute l'équipe, disant à quel stade ils se trouvaient et demandant si d'autres animateurs souhaiteraient s'impliquer pour aider à sa finalisation. Des animatrices artistes se portèrent volontaires, notamment Dominique qui commença à imaginer la décoration du futur stand, et Nathalie celle de la Malle de Neptune. Les enfants cherchèrent sur Internet une représentation du dieu de la mer. Les derniers jours furent épiques. Même Jacques finalisait certains éléments, tandis que les dernières charnières étaient fixées par Eric et Nicolas. Des caches en forme de vagues furent fabriqués par Nathalie et ajustés par Eric pour camoufler les charnières à l'extérieur de la boîte. Elle mania le pinceau pour compléter la décoration qu'ils occultaient. Des idées géniales furent trouvées en dernière minute, comme celle d'une encoche circulaire où insérer le doigt pour faire pivoter le lunophase plus aisément, d'un boîtier pour camoufler le mécanisme du système Soleil - Terre - Lune, ainsi que celui actionnant l'horloge de la règle des douzièmes. Dans la fébrilité, le travail s'effectuait de front sur toutes les maquettes ! La dernière semaine, Jacques vint les assister tous les jours.

On pensa enfin à réaliser un grand livret qui regrouperait le contenu de tous les panneaux explicatifs et donnerait le mode d'emploi de la Malle de Neptune à destination des classes parmi lesquelles elle allait circuler après l'exposition. L'avant-veille d'Exposciences, on en était encore à le relire avant le tirage définitif grâce au service communication de la mairie d'Anglet. Enfin, tout fut prêt. La directrice et son assistante vinrent contempler la Malle et s'assurer de la bonne exécution des derniers préparatifs. Jacques, Eric et Nicolas déployèrent la Malle de Neptune et montrèrent rapidement les maquettes. Ensuite, Jacques prit les enfants à part (seuls quatre d'entre eux devaient présenter la Malle à Exposciences, Yon, Edouard, Edwin et Arthur, mais d'autres souhaitaient écouter avec eux). Il leur fit un petit récapitulatif des notions astronomiques grâce à un diaporama présenté sur son ordinateur portable. Il leur rappela l'enjeu, la façon dont le concours allait se dérouler, et comment ils devraient se tenir. Ils devaient prendre conscience que Jacques et les animateurs seraient présents pour les assister au besoin, mais c'était eux qui exposeraient personnellement au public leur projet, et fourniraient les explications des divers phénomènes relatifs aux marées et aux baïnes. Il était indispensable qu'ils gardent un sérieux irréprochable durant l'ensemble de ces deux jours et qu'ils se concentrent sur cette tâche qui constituait l'aboutissement du projet. Avec un peu de chance, ils obtiendraient un prix...

Ce furent effectivement deux journées inoubliables. Dans la salle de l'océan qui donnait sur la plage de la Chambre d'amour, le stand était magnifique, le plus beau de tous, sans conteste. Les enfants furent parfaits : ils s'étaient répartis les tâches et les maquettes, expliquant chacun à leur tour les phénomènes et les manipulations. A tour de rôle, ils purent déambuler dans la salle, découvrir les autres projets et assister à des animations qui se déroulaient parallèlement sur le site durant ces deux jours. A la fin de la dernière après-midi, la tension était à son comble : le jury s'était enfermé dans une salle pour délibérer (longuement) et les enfants allaient à tour de rôle guetter à travers la vitre pour voir s'il avait terminé ! Ils espéraient très forts être primés et n'en pouvaient plus d'impatience, galopant sur la jetée du bord de mer pour éliminer le trop-plein d'énervement.

Les autres projets étaient si différents les uns des autres, ils avaient été effectués par des jeunes d'âges si variés, quels critères le jury allait-il privilégier ? On ne pouvait pas juger de façon identique des robots effectués par des lycéens, la fabrication de papier artisanal issu du recyclage de journaux par un autre centre aéré, des turbines à eau dans un fleuve pour la production d'énergie destinée à l'éclairage d'une ville ou l'étude des lichens pour mesurer le niveau de pollution d'un axe routier ! Il paraissait évident, en outre, que certains professeurs (surtout un) s'étaient beaucoup impliqués dans leur projet au point que leurs élèves semblaient n'avoir été que de simples exécutants.

Le moment tant attendu arriva enfin. Les stands avaient été débarrassés promptement, la salle fut dégagée pour accueillir le jury et les lauréats sur l'estrade, ainsi que les participants et le public devant eux. De part et d'autre avaient été dressées des tables couvertes de boissons et de collations légères pour terminer dans la convivialité. De façon très diplomate, généreuse et réconfortante, le jury distribua à chacune des équipes participantes un cadeau pour sa contribution, sous des applaudissements nourris. A la fin de la longue liste, cinq équipes n'avaient pas été nommées : c'étaient les lauréats. Chaque organisme distribua un prix différent. L'équipe de Podensac emporta le premier prix et la responsabilité de défendre les couleurs de l'Aquitaine à l'Exposcience Internationale en juillet 2011 à Bratislava (capitale de la Slovaquie).

Les jeunes de l'ALSH Baroja emportèrent également un prix, malgré l'abstention des conseillers municipaux d'Anglet membres du jury qui laissèrent les experts juger en conscience ! Ce fut l'enthousiasme parmi la petite équipe et tous ceux qui l'avaient soutenue ! Un mois plus tard, le centre Baroja reçut un chèque de 200 €, un groupe d'enfants comprenant les plus impliqués se vit offrir une visite au musée scientifique Miramon de Saint Sébastien en Espagne. A cette occasion, les quatre lauréats reçurent personnellement des cadeaux et furent félicités une nouvelle fois pour leur implication dans le projet. Pour l'été qui vient, un séjour est en cours d'organisation pour qu'une quinzaine d'enfants du centre se rende à la ville jumelle d'Ansbach en Allemagne : les lauréats bien sûr y sont conviés. Il est prévu qu'ils emportent avec eux la Malle de Neptune pour la montrer aux enfants allemands du Camp dans la Forêt, où ils seront accueillis...

SOMMAIRE
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Participants : 29 structures (15 collèges, 3 lycées, 11 centres de loisirs) :

Collège Jacques Ellul (13/15 ans), Carboschools Ellul - Collège Hastignan (14/15 ans), Don de sang placentaire - Lycée Jean Moulin (16/18ans), Enseignement interdisciplinaire de la robotique - Collège Anatole France (11/12 ans), Garonne, Vie et conditions de vie - Collège Paul Esquinance (13/14 ans), Etudes des courants, Iles de plastique - Lycée Gustave Eiffel (15/16 ans), Les volcans vus de l’Espace : Connaissance et suivi d’une catastrophe naturelle grâce aux satellites d’observation - Collège Cantelande (15-16 ans), Les satellites au service de la compréhension et de la protection de notre environnement - Collège Georges Brassens (12-14 ans), Par vents et marées, des énergies au secours de la planète - ALSH Narcastet, Francas (9-11 ans), La maison écologique - Patro Laïque Petits Bayonnais (8-10 ans), Enquête sur la naissance et la vie du poulet - CDI Collège Gaston-Fébus (13-14 ans), Science en toutes lettres : Le vivant, quelle évolution ? - Maison de l'enfance Daran Pau (9-11 ans), Silence, ça pousse - Collège Sainte Marie (14-15ans), Euskal Robot Cup - Collège Sainte Marie (13-14 ans), Les Défis solaires - Association Plein Vent (9-14 ans), Fabrication de papier - ALSH “BAROJA” (10-12 ans), La malle de Neptune - La Compagnie Des Sciences (10-11 ans), The Moon game - Patro Laïque Petits Bayonnais (15 / 25 ans), Un monde Fourmidable ! - Collège Marguerite de Navarre (13-15 ans), Les lichens bioindicateurs de la pollution dans l'aglomération Pau Pyrénées - Collège Marguerite de Navarre (12-14 ans), Les aérosols atmosphériques - Collège Pierre Jéliote (14 ans ), Une soucoupe volante dans la stratosphère - Collège Pierre Bourdieu (14-15 ans), Les maison passives - Collège de Labenne (14-15 ans), A l'école de l'ADN - Collège François Truffaut (14-15 ans), Projet d'éducation aux médias - Centre de loisirs Peyhorade (9-11 ans), Décorer du tissu avec des colorations naturelles - Lacq Odyssée (14 ans), Quoi de neuf dans nos assiettes ? - Association plein vent (9-15 ans), Le moteur à aimants - Centre Permanent Auterive (7-10 ans), L'importance et l'utilité de l'eau pour les hommes - Lycée Professionnel R. Arrue (14-15 ans), Quel ciel chez toi?

Jury :
- Sylvie Dagréou (présidente du Jury – Maître de conférence en physique à l'UPPA)
- Laurent Soulier (Directeur de l'Instit des Mileux Aquatique de Bayonne)
- Perrine Marcq (Chargée de projets, Direction de l'action régionale et internationale à la Cité des sciences et de l'industrie)
- Philippe Sauvanet (Directeur Action Éducative Jeunesse à la Mairie d'Anglet)
- Besnard Vincent (Conseiller académique culture scientifique et technique, DAAC, Rectorat de L'académie de Bordeaux)
- Florence Macon (Déléguée départementale des Francas Pyrénées Atlantiques)
- Céline Domenc (Responsable service animation à Cap Sciences)

Palmarès :
- Prix de l'Exposcience Internationale à Bratislava décerné au projet " Par vents et marées, des énergies au secours de la planète" du Collège Georges Brassens de Podensac
- Prix de la Cité des Sciences et de l'Industrie décerné au projet "La maison écologique" du centre aéré de Narcastet
- Prix de la Ville d'Anglet décerné au projet "Carboschools Ellul" du Collège Jacques Ellul de Bordeaux
- Prix de l'Éducation Nationale décerné au projet "Garonne - Vie et conditions de vie" du Collège Anatole France de Cadillac
- Prix spécial du Jury décerné au projet "La malle de Neptune" de l'ALSH Baroja d'Anglet




 

 

Centre aéré de Baroja - Anglet - Photos prises lors des séances de travail du 27 janvier au 8 mai 2010

EXPO-SCIENCES

De l'idée à l'objet

7 et 8 mai 2010