Visite amicale de Dimitri Marguerat qui offre 4 balades naturalistes - vendredi : Mag et Jean-Jacques, Alain, Cathy, Jacques, Françoise I., Pascal, Mylène, Jean-François Gr., Régine, Jean-François Gl., Jean-Pierre et Reine | Haltzamendi |
Vendredi 25 octobre 2013 |
L'air est enfin calme, après tous ces jours de grand vent du Sud. Nous avons garé nos voitures sur la place du fronton d'Ossès où nous enfilons nos chaussures de randonnée et nos sacs à dos. Heureusement, le ridicule ne tue pas, car marcher dans les rues et sur la route bitumée dans cet accoutrement, cela fait un peu touriste ! Dimitri n'attend pas d'être sur un chemin pour observer ce qui l'entoure. Un fusain attire le regard dans une haie à l'ancienne, composée d'essences variées en buissons non taillés plantés de loin en loin. La forme originale de ses fruits roses vifs qui encapsulent des graines oranges leur ont valu autrefois le sobriquet de "bonnets d'évêque". Malgré sa toxicité autant pour les humains que le bétail, cet arbuste était prisé pour son bois, dont on confectionnait des fuseaux, ces petits instruments pointus aux deux extrémités et renflés au milieu que les femmes utilisaient pour tordre et enrouler le fil lorsqu’elles filaient la quenouille. Ses rameaux, carbonisés en vase clos, fournissent encore des bâtonnets très appréciés des dessinateurs, d'autant plus qu'ils ne tachent pas les doigts, mais ils se voient de plus en plus remplacés par le saule qui offre une plus grande variété de diamètres. Le fusain est traditionnellement l'outil de dessin le plus simple et le plus utilisé en art pour les études, les esquisses, car il est bon marché et permet d'obtenir des noirs très profonds, des tracés précis, fins ou au contraire très larges, selon la façon dont il est utilisé. En préparation d'un tableau peint, l'excès de poudre s'enlève d'un coup de chiffon (autrefois de mie de pain) pour révéler un dessin léger dont la trace disparaîtra sous la couleur. - Photo : L'utilisation la plus ancienne du charbon de bois dans l'art remonte à 32 000 ans (grotte Chauvet). -
Dimitri ramasse sur la route une pauvre bête écrasée : c'était un jeune crapaud commun, théoriquement protégé en France par l'arrêté du 22 juillet 1993 et par la convention de Berne. Sa petite taille et son aplatissement le font confondre pendant quelques instants avec le crapaud (Alyte) accoucheur dont le cri "toute-toute" est identique à celui du Petit duc (mais il provient bien sûr du sol). Un ou deux autres cadavres gisent sur la chaussée un peu plus loin, dans un état encore plus lamentable, si l'on peut dire, parce que de toute façon ils sont tous morts. A Iraty mercredi dernier, nous avions ainsi pu constater la présence de salamandres, fraîchement réduites à l'état de carpettes par le passage des voitures. A l'automne, une grande partie des crapauds part en quête d'un refuge dans lequel ils passeront l'hiver, en général le terrier d'un autre animal, qu'ils partageront éventuellement avec d'autres espèces, parfois même des prédateurs comme la Couleuvre à collier. Ils ne craignent pas grand chose, car ils bénéficient de défenses chimiques naturelles : ils excrètent une substance blanchâtre et laiteuse lorsqu'ils sont agressés, notamment au niveau des glandes parotoïdes situées derrière les yeux. Seuls quelques serpents cherchent à les consommer. Le putois est une exception notable puisqu'au moment de la reproduction des crapauds au printemps, il recherche les femelles qu'il vide littéralement, ne laissant que la peau.
Nous observons le premier d'une longue série de vols de palombes, accompagné par le tir clairsemé des chasseurs au loin. Le ciel, plutôt grisâtre le matin, nous offre dans la montée des points de vue magnifiques sur la vallée et la chaîne pyrénéenne, puisque le massif de l'Haltzamendi-Baïgoura s'élève légèrement en retrait vers le Nord. Les nuages mouvants laissent passer des pinceaux de lumière, et même parfois de véritables éventails de rayons clairs et sombres en alternance. Après avoir dépassé le lieu où j'avais croisé une magnifique libellule (Cordulégastre annelé) lors de ma dernière balade en ce lieu avec Jean-Louis, nous apercevons de loin dans un pré un rond de sorcières. Selon Henri Romagnesi, ancien président de la Société mycologique de France, ces formations circulaires ont pour origine une unique spore de champignon qui germe puis émet son mycélium dans toutes les directions, à une vitesse de croissance sensiblement égale. Quand le sol est épuisé, le mycélium colonise une nouvelle bande de terrain. Il s'ensuit au cours des ans une progression de la colonie en anneaux successifs jusqu'à atteindre plusieurs dizaines de mètres de diamètre, voire plusieurs centaines de mètres pour les plus anciens. La couverture herbeuse dépérit fréquemment sur cette zone où apparaissent plus tard, en saison, les nouveaux champignons. L'intérieur du cercle se distingue par une végétation maladive, alors qu'à l'emplacement du cercle de l'année précédente, l'herbe forme un anneau luxuriant d'un vert foncé. Ces cercles sont ainsi repérables avant l'apparition des champignons sur leur pourtour. Dans le cas présent, nous supposons que le responsable de cette formation caractéristique est le Rosé des prés ou Agaric champêtre. - Schémas : Tela Botanica - Atlas British & Irish Flora -
Lors d'une halte devant un buisson fleuri, Dimitri entreprend de nous aider à différencier ce que nous appelons génériquement des bruyères. Arrivé au sommet de notre périple, il nous montrera un échantillon de chacune des six espèces présentes sur le site. La Daboecia cantabrica, ou Bruyère de saint Daboec, est une Ericacée protégée au niveau national, elle n'est présente en France qu'au Pays Basque, Béarn, Hautes Pyrénées, Vienne, Maine et Loire, elle a disparu de la Gironde et sa présence reste à être confirmée en Tarn et Garonne (selon une information de Tela Botanica). En Espagne, on la trouve au Pays basque, en Cantabrie, dans les Asturies, et en Castille et Leon. Elle pousse également en Irlande (en anglais, "Connemara heath"), mais son nom évoque la figure de Saint Daboec, connu aussi sous les noms de Beanus, Beoc, Mobeoc, Moboac (fêté le 16 décembre). Il a vécu au 5/6ème siècle au pays de Galles et fondé un monastère, le Prieuré de Lough-Derg, au pays de Tyrconnell dans le Comté de Donegal (au Nord-Ouest de l'Irlande et Nord du Connemara), des parages où cette bruyère avait peut-être été observée à l'époque du grand classificateur suédois Linné. Cette bruyère de Saint Daboec a aussi été naturalisée en quelques points d'Angleterre et d'Ecosse. On la reconnaît à ses grosses clochettes rose vif, ses petites feuilles ovales lancéolées dont le dessous est couvert d'un fin duvet blanc. - Photos : Chenille du Bombyx du chêne. - Creusement du crottin de cheval par un consommateur d'insectes coprophages, les bousiers (par un mulot ?). -
Il s'interrompt dans ses explications pour cueillir délicatement dans la bruyère une chenille brun très foncé qui se recroqueville de terreur dans sa main. C'est le Bombyx du chêne, ou "Minime à bandes jaunes". La femelle pond quantités d'oeufs tout en volant, et ils tombent au hasard sur diverses plantes. Eclos à la fin de l'été, il en sort des chenilles peu difficiles sur la nourriture, qui se contentent de ce qui se trouve près d'elles. Elles se développent très lentement pendant l'automne et elles sont encore très petites lorsque, au début de l'hiver, leur développement s'arrête, ce qui leur permet de ne pas s'alimenter jusqu'à l'arrivée des beaux jours. Puis elles mangent de nouveau et croissent tout aussi tranquillement, faisant un second hivernage si nécessaire, si elles vivent en altitude. Après la métamorphose en chrysalide, le papillon apparaît entre mai-juin et août. - Photos : Oothèque de Mante religieuse. - Ci-dessous : Perspective vers la vallée des Aldudes. -
Dimitri se pause la question de leur adaptation au froid, puisque le Bombyx du chêne hiverne sous sa forme larvaire de chenille. Dispose-t-il d'un anti-gel ? Pour survivre aux températures négatives, les insectes entrent en diapause, qui est un des phénomènes les plus élaborés d'adaptation au milieu. Déclenchée par la diminution de la durée du jour, et éventuellement l'ingestion de feuilles sénescentes, la diapause est levée après un passage au froid. Elle est contrôlée par les hormones, comme la plupart des mécanismes biologiques. Selon les espèces, ce peut être un arrêt momentané du développement de l'oeuf, de la larve ou de la nymphe, ou une période de vie léthargique de l'adulte en attendant des conditions plus clémentes. Les insectes sont des animaux à sang froid et la température de leur corps suit rigoureusement la température ambiante. Quand la température diminue, l'activité de leurs cellules diminue. Curieusement, l'insecte en diapause, remis artificiellement dans des conditions de température compatibles avec la reprise d'une activité cellulaire, ne reprend pas son développement, ce qui semblerait indiquer que l'insecte conserve la notion du temps qui passe, et qu'il "sache" que l'hiver dure au moins trois mois. Inversement, après une exposition au froid pendant une période plus ou moins longue, l'état de diapause semble avoir disparu, mais le développement de l'insecte ne reprend que si la température ambiante est suffisante. - Photo : Palombes en migration. -
Une des modifications importantes qui marquent l'état de diapause est l'accumulation de réserves énergétiques qui seront presque uniquement utilisées pour assurer le métabolisme de base, activité minimale pour la survie des cellules et des tissus. De nombreux lipides et sucres sont stockés ; le tréhalose, sucre prédominant dans le sang, est, en grande partie, transformé en glycogène mis en réserve dans divers tissus. On note parallèlement une diminution du métabolisme, c'est-à-dire de l'ensemble des réactions chimiques qui assurent le fonctionnement des cellules. En temps normal, ces réactions transforment en énergie les aliments ingérés par la chenille en utilisant l'oxygène qu'elle respire. Or au cours de la diapause, digestion et respiration sont presque arrêtées. - Plusieurs stratégies peuvent être mises en oeuvre pour survivre durant les froidures hivernales, certains migrent, d'autres s'enfouissent dans le sol, mais le système le plus élaboré consiste à se tenir à l'écart de l'eau qui pourrait geler sur eux en tissant un cocon qui les protège. - Photo : Vautour fauve. -
En outre, l'insecte a stocké dans son sang et ses cellules des substances anti-gel : le glycérol, la plus importante, synthétisée à partir du tréhalose et du glycogène, mais aussi d'autres polyols comme le mannitol, le sorbitol ou le threitol, et certaines protéines, capables d'abaisser le point de congélation des liquides. Les cellules sont également capables de se protéger en éliminant toutes les substances facilitant la congélation. Un internaute qui élève des chenilles a essayé de supprimer la diapause en les gardant au chaud chez lui et en les éclairant à la lumière électrique pour fausser la durée d'ensoleillement. Il avoue qu'il y a eu beaucoup d'échecs, et que seules quelques unes ont pu poursuivre leur développement et se métamorphoser en papillon. Ce qu'il ignorait, c'est que les hormones qui provoquent la diapause fonctionnent à retardement. Elles préparent le corps de l'insecte, mais c'est l'interaction avec les conditions environnementales (réduction de la durée du jour et baisse de la température, ingestion de feuilles mortes) qui déclenchent le processus. Même si l'insecte n'est pas encore tombé en léthargie, il est difficile de faire "marche arrière", puisque le mécanisme est enclenché bien en amont, c'est un animal adapté aux variations saisonnières. - Photos : Crotte de crapaud (sèche) contenant des débris d'insectes (élytres...). - Ci-dessous : Palombes. -
Dimitri reprend son cours sur les bruyères. La famille des Ericacées comprend 800 espèces, parmi lesquelles on compte les bruyères, mais aussi le rhododendron et la myrtille. Quatre genres sont plus spécifiquement appelés bruyères : Daboecia (6), le premier que nous ayons croisé sur le chemin, Erica, Callune et Bruckenthalia (ce dernier ne pousse pas au Pays basque). Nous découvrons donc que six espèces poussent sur l'Haltzamendi. La Bruyère ciliée (1) a des fleurs roses dont la corolle se prolonge d'un petit bec, en grappes allongées, et dont les feuilles sont poilues. L'Erica tetralix (2) pousse dans les tourbières. Appelée aussi tétragone ou bruyère à quatre angles, elle porte ses fleurs roses en ombelles sommitales. La Bruyère vagabonde (3) est bicolore, ses pétales sont roses et ses étamines plus foncées. Ses feuilles ressemblent à celle de l'Epicéa et ses fleurs sont réparties sur les tiges. La Callune vulgaire (5) ou Fausse bruyère se distingue du genre Erica par ses feuilles opposées en forme de petites écailles sessiles imbriquées sur 4 rangs. Les pétales de ses fleurs sont séparés. Elle pousse en association avec la Bruyère cendrée (4) aux rameaux grisâtres portant des feuilles en forme de petites aiguilles verticillées par 3 à 4, aux groupes répartis de loin en loin sur chaque tige. Quand on la frotte, elle émet un bruit de papier sec. - Photo : 1) Bruyère ciliée, 2) Erica tetralix, 3) Bruyère vagabonde, 4) Bruyère cendrée, 5) Callune vulgaire, 6) Daboecia cantabrique. -
Comme lundi aux Peñas d'Itsusi, un méloé mâle, reconnaissable à ses antennes coudées, croise notre route d'un pas pressé, alors qu'il s'agit d'un insecte visible au printemps d'ordinaire. Dimitri nous rappelle qu'un criquet est reconnaissable a ses antennes courtes et multiarticulées. Une sauterelle a des antennes longues et des organes auditifs situés sur ses pattes avant. Les grillons ont aussi de longues antennes, mais ils ne sautent pas. Avec les sauterelles et les grillons, les criquets appartiennent au groupe des Orthoptères qui compte environ 220 espèces en France. Pour donner un ordre d'idée, il y a 35 000 espèces d'insectes, 80 de libellules, 350 de papillons de jour, 200 pour les criquets... David Genou est un spécialiste des abeilles (1000 espèces en France) et des bourdons, qui a travaillé pour l'INRA et qui a fait des séances d'animation avec le museum d'histoire naturelle de Bayonne. Il vit maintenant dans le Sud-Est de la France, et il établit des clés de détermination sur les Andrènes (des abeilles solitaires), dont les nervures des ailes diffèrent d'une espèce à l'autre ! - Photos : Méloé mâle. - Bruyère vagabonde (?) - Ci-dessous : Vol de palombes (accompagné par les tirs des chasseurs). -
Dans le cadre de son travail, Dimitri a été amené à étudier la faune de la réserve naturelle de la Crau pour diagnostiquer si elle était bien restaurée après une pollution au pétrole due à une fuite dans l'oléoduc qui la traverse. Elle abrite un criquet endémique, le Criquet rhodanien Prionotropis hystrix rhodanica, qui est une espèce protégée en France depuis 1976, proche du Criquet hérisson P. h. azami. Il n’a été découvert qu’en 1921, pendant la pullulation de Criquet marocain en Crau. C’est une espèce dite "brachyptère" : ses ailes atrophiées ne lui permettent pas de voler. On la trouve dans les coussouls (prairies steppiques) vierges, plutôt dans les secteurs peu pâturés où le Brachypode rameux est abondant. Parce qu’il est incapable de voler, le Criquet rhodanien est considéré comme l’une des espèces les plus sensibles à la fragmentation du coussoul. Les imagos ne parcourent en moyenne qu’une cinquantaine de mètres au cours de leur vie, et sont incapables de franchir des obstacles tels que routes ou canaux. Dimitri devait retourner les galets à la main, au risque de se faire piquer, non pas par la Lycose de Narbonne, une tarentule, mais plutôt par le Scolopendre méditerranéen, un Chilopode (mille-pattes) pouvant atteindre 15 cm de long. Prédateur insectivore nocturne, il passe ses journées à l’abri sous les galets, mais il est relativement agressif et sa piqûre est particulièrement douloureuse. Par contre, le Scorpion languedocien, autrefois répandu dans le coussoul, semblerait avoir disparu. Aucun spécimen n’a été observé en Crau depuis les années 1970. - Photos : Oothèque de mante religieuse (contrairement aux papillons, les mantes sortent de l'oeuf avec la forme adulte qu'elles atteignent en automne). - Lune gibbeuse croissante. - Ci-desssous : Rayons de soleil à l'horizon. -
Autrefois, les chasseurs de palombes s'exclamaient : "Saint Luc, c'est le bon truc !" Mais en 2013, la fête tombait un 18 octobre, et c'est aujourd'hui, le 25, que les vols passent sans discontinuer. C'est à de petits détails comme cela que l'on s'aperçoit que les oiseaux décalent la date de leur migration. Dimitri ne cesse de s'émerveiller sur le Pays basque, disant qu'il ne retrouve pas dans l'Est cette qualité de lumière, ni ces nuages, et que ce vendredi, il a vu en une journée autant d'oiseaux qu'en un an dans le Vaucluse ! Il nous fait prendre conscience de l'hécatombe inutile provoquée par les chasseurs qui ne récupèrent que le quart des oiseaux qu'ils tuent, sans parler de la pollution par les plombs laissés dans la nature, qui risquent de causer la maladie du saturnisme. Voici un texte de loi qui en dit long sur le chemin qui reste à parcourir.
L’Article L. 420-1 du Code de l’Environnement :
La gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats est d'intérêt général. La pratique de la chasse, activité à caractère environnemental, culturel, social et économique, participe à cette gestion et contribue à l'équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique. Le principe de prélèvement raisonnable sur les ressources naturelles renouvelables s'impose aux activités d'usage et d'exploitation de ces ressources. Par leurs actions de gestion et de régulation des espèces dont la chasse est autorisée ainsi que par leurs réalisations en faveur des biotopes, les chasseurs contribuent au maintien, à la restauration et à la gestion équilibrée des éco-systèmes en vue donc de la préservation de la biodiversité. Ils participent de ce fait au développement des activités économiques et écologiques dans les milieux naturels, notamment dans les territoires à caractère rural.
Toutefois, en seize ans, de 1994 à 2011, la fédération de chasse des Pyrénées atlantiques a perdu 40% de ses adhérents, passant de 35 000 à 20 000, suivant la tendance nationale, et elle a subi le même vieillissement (moyenne d'âge, 55 ans), l'exode rural et le manque d'engouement des jeunes étant mis en cause. Nous observons que tous les oiseaux prennent le même chemin, ils survolent l'Haltzamendi et se dirigent vers la vallée des Aldudes qui forme comme une échancrure dans la chaîne pyrénéenne en face de nous. Un pinceau de lumière met en relief les couleurs des pics Autza et Adarza. Puis c'est au tour de la vallée de scintiller de tous ses verts qui se reflètent dans les méandres de la Nive. Les palombes passent au-dessus du Jara, du Larla, un pic qui héberge la plus basse colonie de chocards à bec jaune, nous signale Dimitri. Ces oiseaux que nous avons vu plonger dans un aven du poljé situé entre les pics Belchou et Zabozé ont aussi élu domicile dans une ancienne mine de fer du Larla. Les recherches archéologiques menées depuis 1999 par A. Beyrie et E. Kammenthaler (Iker Archéologie) sur les communes Saint-Martin-d'Arrossa et Saint-Etienne-de-Baïgorry permettent de retracer l'histoire de cette exploitation qui se poursuivit sur plus de 2000 ans, jusqu'à la veille de la première guerre mondiale. La découverte d'une cinquantaine d'ateliers métallurgiques antiques associés aux mines de fer du Larla montre qu'il s'agissait d'un des plus importants centres des Pyrénées occidentales au début de notre ère. Le charbon de bois était fabriqué en brûlant les arbres de la forêt d'Hayra et acheminé depuis Banca en descendant la vallée des Aldudes jusqu'à St Martin d'Arrossa. Je note ci-dessous la liste des personnes qui se sont intéressées à ce thème. - Photos : Criquet Oedipode à ailes bleues. - Champignon Anthurus d'Archer (Clathrus archeri). -
Un faucon crécerelle s'élève en spirale, suivant une "pompe à vautours" : des cadavres ont été déposés à leur intention sur un versant lointain où ils atterrissent en nombre. Nous essayons de les repérer à la jumelle. Dimitri trouve étonnant de voir beaucoup de crottes de crapaud, alors que nous sommes loin de ses lieux de reproduction : c'est un animal qui a besoin d'eau durant cinq mois par an. Il attrape un criquet pour nous montrer ses ailes qu'il ouvre en douceur. Face à ses prédateurs, les oiseaux, le criquet a deux stratégies de défense : le mimétisme (son corps a la couleur des pierres), ou la fuite, grâce à ses ailes (c'est un Oedipode à ailes bleues). Il ne stridule pas (seules 50 espèces stridulent). Il existe aussi des criquets à ailes rouges, comme nous le verrons dans l'après-midi.
Un Paon du jour migre en rasant le relief. Plus haut, deux chocards à bec jaune apparaissent. Ils diffèrent des craves à bec rouge par leurs ailes plus larges, leur silhouette plus tassée et leur queue en éventail. Les craves ont un cri nasillard, alors que les chocards émettent un sifflement modulé. Une fauvette pitchou gazouille dans le bosquet. Généralement discrète, il lui arrive de faire la curieuse et de se laisser apercevoir. Il y a trois espèces de fauvettes en Pays basque, six en Provence : la fauvette à tête noire, la mélanocéphale, la fauvette des jardins (qui était très commune il y a dix ans). On entend le tarier et la fauvette chanter de concert. Un champignon rouge à la drôle de forme en étoile de mer à l'envers pousse sur le talus pas très loin du sommet. Il s'agit d'un Anthurus d'Archer (Clathrus archeri) que l'on trouve fréquemment sur les coupes de bois, surtout dans les sciures et déchets d'écorce. Il a une odeur pestilentielle. Originaire d'Australie et de Nouvelle Zélande, il fit son apparition dans les Vosges vers 1920 près des filatures de Raon-l'Étape avec des laines de mouton débarquées de l'hémisphère sud, à moins qu'il ne soit apparu dans la région de Saint-Dié pendant la Première Guerre mondiale par l'intermédiaire des chevaux des soldats australiens et de leur fourrage, ou plus simplement transporté par les bottes des soldats. Son extension se serait faite à travers toute l'Europe à partir de ces deux pôles bordelais (où arrivaient les bateaux) et vosgien. - Photo : Dimitri joue à la devinette. -
Les vols de palombes ont cessé en fin de matinée. Alors que nous sommes en train de pique-niquer, Jean-François Gl. pose une colle à Dimitri : il lui met entre les mains une plume blanche et noire et lui demande de quel oiseau elle provient. Comme il hésite, Jean-François lui donne un indice : l'oiseau était derrière les dunes de Tarnos. Dimitri donne la bonne réponse : il s'agit d'un Oedicnème criard. Il ajoute que cette plume est une rémige secondaire de l'aile gauche, et elle comporte du duvet à la base. Jean-François en avait observé trois individus sur la dune grise, en retrait de la plage, au cours des jours précédents, puis il en a trouvé un mort. Ce limicole est remarquable pour ses yeux proéminents jaunes et son corps ramassé juché sur de hautes pattes. Il crie comme un courlis et se nourrit d'insectes et de leurs larves. La plupart des Oedicnèmes qui nichent dans le Nord et l'Est de l'Europe migrent vers le Sud à l'automne. Sous les climats plus doux d'Espagne, d'Afrique du Nord et d'Inde, la majorité de ces oiseaux est sédentaire. Jean-François signale qu'il a coutume de consulter le site Faune Aquitaine pour avoir une idée de ce qu'il peut observer dans les parages avant d'aller se promener. - Photo : Oedicnème criard (Arnaud Bayle). - Ci-contre : Epeire diadème (?) -
Après cette pause où j'immortalise une magnifique araignée qui se promène sur un rocher (une Epeire diadème ?), nous plongeons sur l'autre versant, entre le Baïgoura et l'Haltzamendi, pour regagner Ossès en faisant une boucle. C'est un chemin inhabituel et moins fréquenté, ce qui nous permet de faire des trouvailles intéressantes. Nous passons devant le "pot" d'un blaireau. Animal très propre, il se soulage toujours à quelque distance de son terrier, dans un lieu qu'il prépare à cet effet en creusant un trou. Un adulte peut ingurgiter 100 Kgs de lombrics (vers de terre) par an, c'est son plat de résistance, mais il peut diversifier ses repas à l'extrême. Il apprécie les fruits de toutes sortes, notamment les glands, faînes, pommes, myrtilles et mûres et fait ses délices, lorsque ses proies principales se font difficiles à trouver, des grains de maïs au stade pâteux. Il capture aussi de petits animaux: larves de tipules, de guêpes, géotrupes, carabes, gastéropodes, batraciens et petits rongeurs. Des petits oiseaux et des reptiles figurent occasionnellement au menu. Un papillon cuivré commun volète près de nous un moment. Dimitri trouve de nouveau une de ces drôles de crottes en croissant. Il énumère : ce n'est pas un reptile, ni un mammifère, ce ne peut être qu'un crapaud ou un hérisson, et comme le contenu est essentiellement formé de restes de fourmis, c'est forcément un crapaud. Il renifle et reconnaît l'odeur musquée des crapauds qu'il a élevés dans sa jeunesse. S'il y avait des stries, ce pourrait être un ragondin, comme ceux qui laissent des indices sur la terrasse de Régine, voisine de l'ex-zone naturelle du Maharin à Anglet qui est en train d'être saccagée pour y construire des immeubles dits "écologiques". - Photos : Dompte-venin. -
Un caloptène (espèce de criquet) s'envole sous nos pas en montrant ses ailes roses. Du dompte-venin officinal (ou asclépiade blanche) pousse au milieu des fougères : il a un petit air de piment d'Espelette, mais rien n'est consommable, il est très toxique (pour les mammifères au moins). Des papillons Vulcains migrent à toute vitesse. Nous voyons passer un vol de linottes. Plus nous descendons, et plus le versant devient sauvage. Le sentier se perd au milieu de chênes tauzin qui envahissent l'espace. C'est une essence pionnière ou postpionnière, de plein soleil, appréciant les sols acides, secs et sableux, pauvres en éléments nutritifs. Elle est thermophile mais résistante au froid. Son feuillage est caduc mais demeure sur l'arbre pendant l'hiver.
Une Vanesse du chardon migre vers le Sud. Je me souviens qu'en mai 2009, la Belle-Dame (c'est son autre nom) s'était abattue par centaines d'individus, peut-être même par milliers sur la région, les papillons voletaient entre les pins de Chiberta, au-dessus de la route, et se posaient partout, sur les genêts, les ajoncs, le sentier sablonneux où je faisais mon footing. La semaine suivante, elles n'étaient plus là. Dimitri nous avait fourni l'explication un mois plus tard, alors que nous faisions l'ascension du Pic d'Anie : ce papillon suit les mêmes parcours de transhumance que les brebis, à la fin du printemps, il quitte les Bardenas en Navarre pour gagner les pâturages d'altitude, en quête de son mets préféré, le chardon. C'est une espèce migratrice hivernant en Afrique du Nord et migrant vers l'Europe centrale et du Sud au printemps (d'avril à juin), puis les descendants de cette première génération retournent vers le Sud en automne. Ils sont incapables de survivre à l'hiver européen. - Photos : Jeune chêne tauzin. - Ci-dessous : Lycose de Narbonne portant ses petits sur l'abdomen. -
Tout d'un coup, Dimitri tombe en arrêt devant une Lycose de Narbonne ou Tarentule à ventre noir. Il cherche à nous montrer un phénomène tout-à-fait exceptionnel dans le monde des insectes : la mère porte ses petits ! En essayant de la maintenir sur un espace dénudé pour mieux contempler les rejetons agrippés à l'abdomen de l'araignée, l'un d'eux tombe à terre. Saura-t-il la rejoindre ? Je trouve une réponse plutôt rassurante sur son sort à la lecture d'un texte des Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre qui décrit de façon toujours aussi vivante ses expériences pour comprendre ce monde si différent du nôtre. Si la mère araignée ne semble pas s'en préoccuper, le petit, par contre, a l'instinct de chercher systématiquement à remonter sur sa monture. Ce qui est aussi intéressant, c'est que l'araignée, avant que les oeufs n'éclosent, a soigneusement enveloppé sa ponte dans un sac de ses fils préalablement tissés, qu'elle a relié à l'une de ses pattes et dont elle ne s'est pas séparée durant tout le temps du développement des foetus (je ne sais si c'est le terme exact pour de futures araignées), soit quelques semaines ! Deuxième source d'étonnement, bien que nés à l'automne, les petits resteront de taille identique et ne se nourriront pas jusqu'au printemps prochain ! La femelle les conservera donc sur son dos six à sept mois, elle-même demeurant d'une extrême sobriété durant la saison hivernale, sans doute grâce au même mécanisme de la diapause qui permet à la chenille du Bombyx du chêne de supporter les froidures et le gel. Par comparaison, l'Epeire que nous avons vue pendant notre pique-nique mourra aux premiers froids, après avoir pris soin que sa ponte passe l'hiver sans encombre. Pour le plaisir, voici la description du nid qu'en fait Jean-Henri Fabre. - Photos : Bruyères. -
"Dans l'industrie maternelle, encore mieux que dans l'art de la chasse, éclatent les hauts talents des Épeires. La sacoche de soie, le nid, où l'Epeire fasciée loge ses oeufs, est une merveille bien supérieure au nid de l'oiseau. Comme forme, c'est un aérostat renversé, du volume à peu près d'un oeuf de pigeon. Le haut s'atténue en col de poire, se tronque et se couronne d'une marge dentelée, dont les angles se prolongent par des amarres fixant l'objet aux ramilles du voisinage. Le reste, gracieusement ovoïde, descend d'aplomb au milieu de quelques fils qui donnent de la stabilité. Le sommet s'excave en un cratère clôturé de feutre soyeux. Partout ailleurs est l'enveloppe générale, formée d'un satin, blanc, épais, dense, difficile à rompre et non perméable à l'humide. De la soie brune, noire même, déposée en larges rubans, en fuseaux, en capricieux méridiens, orne dans le haut l'extérieur du ballon. Le rôle de ce tissu est évident : c'est un couvert hydrofuge que ne pourront traverser ni les rosées ni les pluies. Exposée à toutes les intempéries, parmi les herbages morts, à proximité du sol, la sacoche de l'Épeire doit en outre défendre son contenu des froids de l'hiver. Avec des ciseaux fendons l'enveloppe. Au-dessous nous trouvons une épaisse couche de soie rousse, non travaillée en tissu cette fois, mais gonflée en ouate extra-fine. C'est une moelleuse nuée, un édredon incomparable comme n'en fournirait pas le poil follet du cygne. Telle est la barrière opposée à la déperdition de la chaleur. Et que protège-t-il, ce doux amas ? Voici : au centre de l'édredon est suspendu un sachet cylindrique, rond au bout inférieur, tronqué au bout supérieur et clos d'un opercule en feutre. Il est fait d'un satin d'une extrême finesse ; il contient les oeufs de l'Épeire jolies perles orangées qui, agglutinées entre elles, forment un globule de la grosseur d'un pois. Voilà le trésor à défendre contre les rudesses de l'hiver." - Photo : Dompte-venin. - Photo : Nid d'une Epeire fasciée (extraite du site Le Peuple de l'herbe). - Ci-dessous : Mantes religieuses. -
Dans cette friche pullulent les mantes religieuses. Nous surprenons l'une d'elle en train de manger un coléoptère, encore vivant, mais incapable de se libérer des crochets de la carnassière, et dont les pattes bougent désespérément tandis qu'elle consomme le plat de choix que constitue son abdomen ! Je dois dire que nous sommes assez impressionnés. Dimitri nous conseille de ne pas la déranger, mais elle a si faim que rien n'a l'air de la perturber et elle ne cherche aucunement à aller se cacher pour déjeuner dans un lieu moins fréquenté. Le chemin a fini par disparaître complètement et nous avançons "tout schuss" en essayant de nous prémunir le mieux possible des piqûres des ajoncs qui griffent mes tibias nus ou les pantalons de mes compagnons. Soudain, Mylène commence à perdre l'équilibre, l'herbe cachait un dénivelé traître, et son pied droit est descendu brutalement d'un étage, elle zigzague en faisant des pas de plus en plus grands, tâche de se rétablir en vain en écartant les bras prolongés des bâtons, inutiles appendices. Rien n'y fait, elle tombe au ralenti et termine à genou dans les "chachis", le nez au ras des piquants et les fesses dessus ! Cela s'est passé tellement en douceur, au ralenti, qu'elle n'a pas eu le temps d'avoir peur et n'en peut plus de rire. Je me précipite pour l'aider à se relever, mais elle rit tellement qu'elle est dans l'incapacité de faire l'effort de se soulever. En plus, évidemment, elle ne peut s'appuyer nulle part, tout pique autour d'elle et rien n'est assez raide pour servir de support. Enfin, malgré son étonnement devant mon inquiétude, elle finit par accepter d'être "sauvée" avec l'aide d'Alain, qui est en mission de serre-file du groupe. Elle aurait pu se crever les yeux !
Pour nous remettre de nos émotions et boire un peu (il fait très chaud malgré les nuages), nous faisons une pause sous un châtaignier vénérable au tronc d'un diamètre imposant. Il essaime autour de lui et fait concurrence à la jeune chênaie dont les arbres sont de plus en plus grands au fur et à mesure que nous progressons vers le bas. Certains sont couverts de galles rondes, mais d'autres arborent des excroissances en forme de fleurs fanées, assez curieuses. Dimitri nous indique qu'il s'agit de galles, mais Alain, incrédule, épluche devant moi ce qui semble un énorme bourgeon éclaté et, effectivement, nous n'y trouvons aucune larve lovée en quelque endroit. Bizarre, bizarre. Je fais une enquête sur Internet et je finis par tomber sur trois sites qui me renseignent. Le premier appartient à un passionné de photographies naturalistes, où je lis sous la photo qui correspond à ce que nous avons vu le nom de l'insecte qui a causé cette excroissance, Andricus foecundatrix, et un commentaire additionnel qui m'intrigue : "génération femelle du Cynips". Et il ajoute : "la génération bisexuée provient des toutes petites galles des châtons mâles". Je n'y comprends décidément rien. Le second site affiche des pages d'un livre d'une Anglaise, Margaret Redfern, entièrement consacré aux galles : "Plant Galls (Collins New Naturalist Library, Book 117), très détaillé, mais avec des termes techniques que j'ai parfois du mal à traduire. Enfin, le troisième appartient à un Nantais génial, passionné d'insectes, qui parcourt son jardin et la campagne alentour avec son appareil photo et qui explique de façon plaisante ce qu'il a vu après s'être abondamment documenté. C'est un véritable cours, mais où il demeure suffisamment généraliste pour ne pas perdre son lecteur en route. J'y trouve mon bonheur. - Photos : Galle en artichaut d'un bourgeon de chêne causée par Andricus foecundatrix. - Ci-dessous : Un châtaignier d'un âge vénérable. -
Il s'agit donc bien d'une interaction entre le chêne et un insecte. En réalité, j'apprends que des portions de chênes (rameaux, bourgeons, chatons...) peuvent être détournées de leur vocation originelle par toute une gamme de bestioles qui pratiquent sans le savoir l'art de la création d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Comment réussir à supporter les rigueurs de l'hiver et perpétuer l'espèce ? Cette fois, la réponse n'est pas apportée dans une adaptation du corps de l'insecte (phénomène de la diapause), mais dans la création d'un abri très particulier (la galle). L'insecte qui nous intéresse, Andricus foecundatrix, est un Cynips, et plus généralement un Hyménoptère, comme les abeilles, les guêpes ou les fourmis. Il a donc quatre ailes, par opposition aux Diptères (mouches) qui n'en ont que deux, ou les Aptères, qui en sont dépourvus. Sa piqûre en un endroit précis de l'arbre, sa ponte et les morsures de la larve entraînent une modification cellulaire du tissu végétal, la croissance de ce dernier se faisant finalement excroissance, appelée cécidie, dont la forme très élaborée est induite par l'insecte. - Photo : Seul un arbre mort ou moribond se laisse recouvrir entièrement par un lierre. -
Pour Andricus foecundatrix, la perpétuation de l'espèce s'effectue en deux temps, avec deux types de galles et d'adultes, qui alternent des générations sexuées et asexuées. De quoi s'agit-il ? Nous avons donc notre drôle de galle aux allures de petite pomme de pin ou d'artichaut miniature qui se développe dans un bourgeon durant l'été. Quant elle est à son extension maximale, elle atteint 31 x 20 mm, et forme un groupe d'écailles de bourgeon élargies. Elle contient une galle interne ovoïde (un peu de la forme d'un gland de chêne pédonculé), qui remplace le méristème du bourgeon. De 6 à 9 mm de longueur, elle est d'un brun luisant, et contient une seule larve. Elle atteint sa taille maximale en août. Ensuite, les écailles s'entrouvrent, se dessèchent plus ou moins, se rétractent. La galle intérieure également arrivée à maturité tombe alors sur le sol, soit isolément, soit avec la galle-enveloppe. Elle demeure enterrée dans la litière durant un ou deux hivers, la larve à l'intérieur se transforme en pupe au printemps. C'est une femelle asexuée qui en émerge en mars ou avril de la première ou seconde année suivant l'expulsion de la galle interne. L'ancienne galle extérieure en artichaut peut persister sur l'arbre durant des années. A noter au passage que de nombreuses galles "avortent" (absence du noyau central, et donc de l'insecte). C'est sans doute une de ces galles stériles qu'Alain a dépiautée sans rien trouver d'autre que les écailles fanées. - Photo : Le lierre est un véritable biotope pour nombre d'animaux et sa floraison tardive permet à beaucoup d'insectes de subsister en automne. -
Ces femelles dites parthénogénétiques de 4 à 5 mm de longueur peuvent se reproduire en l'absence de mâle, leurs oeufs se développant tout à fait normalement, bien que non fécondés. Mais cette fois, ce n'est pas un bourgeon qui va être détourné de sa fonction première, mais un bourgeon floral mâle (futur chaton) de chêne. En outre, la galle n'a pas du tout le même aspect que celle dont est sortie la femelle asexuée. Elle est petite et chevelue ; elle pousse rapidement pour atteindre au maximum 2 mm de long. Les galles florales persistent plus longtemps sur l'arbre que les chatons normaux pour permettre le bon développement de la larve. Celle-ci grandit rapidement et se transforme en pupe en mai et juin. L'adulte (imago) sexué, mâle ou femelle, émerge vers fin juin. Il ne mesure que 2 à 3 mm de long. L'accouplement a lieu et la boucle se ferme avec la ponte de la femelle fécondée dans un bourgeon dormant de chêne qui évoluera l'année suivante en galle écailleuse... Notre balade se termine après cette riche moisson d'observations et d'immersion dans la nature. - Photo : Galle causée par Andricus lignicola (noter la position excentrée et quasiment tangentielle de la "niche" larvaire, ce qui est assez inhabituel, ainsi que sa situation à la toute proximité des bourgeons) : Phase agame donnant des femelles parthénogénétiques qui pondent des oeufs fertiles, bien que non fécondés. -
Photos : Nid de frelons asiatiques original, épousant la forme d'un tronc d'arbre creux.