Visite amicale de Dimitri Marguerat qui offre 4 balades naturalistes aux membres du groupe qui porte son nom. Y participent ce mercredi : Mag et Jean-Jacques, Alain, Cathy et Jean-Louis, Danie D., Jacques, Margaitta, Françoise R., Pascal, Serge et Anne-Marie, Mylène, Philippe, Fabienne

Iraty et brame du cerf
Mercredi 23 octobre 2013

iratyComme lundi, et peut-être davantage encore parce que nous sommes à plus haute altitude, le vent du Sud magnifie les couleurs, mais nous bouscule en même temps par de violentes rafales d'une fraîcheur inhabituelle. Passé le nouveau bâtiment d'accueil d'Iraty, d'architecture incongrue sans le manteau miséricordieux de la neige, nous poursuivons jusqu'aux chalets du col Bagargiak, descendons à gauche par un tronçon du GR10 (chemin de grande randonnée) où l'on pratique le ski de fond en hiver et tournons de nouveau à gauche pour emprunter la piste forestière à la barrière ouverte, pour nous garer sur le col au pied d'un contrefort du pic des Escaliers. Malgré nos précautions, évidemment, les chasseurs postés dans leurs palombières rouspètent et nous obligent à changer les voitures de place, sous le prétexte que, le soleil donnant dessus (nous sommes à l'ombre pour le moment), l'éclat métallique risquera de faire fuir leurs précieuses proies (alors que nous sommes garés en contrebas de la montagne et derrière un rideau d'arbres) ! Enfin, nous obtempérons sans discuter (ils sont armés et peu aimables) et enfilons plusieurs couches de vêtements comme en plein hiver. Dimitri nous invite à prendre la piste qui contourne le pic par son flanc méridional, et nous marchons en direction du pic d'Arthanolatzegagna, point culminant du massif. Ainsi, nous commençons la balade en descendant en pente douce, éclairés par les rayons encore bien obliques du soleil matinal, et nous nous échauffons les muscles tout en douceur.

iraty

C'est toujours intéressant de parcourir un même trajet à des saisons différentes. En février dernier, Mylène, Yvette et moi observions le passage au ras des cimes de vols de grues allant nicher au Nord. Derrière la silhouette des arbres dépouillés, la montagne était parcourue de curieuses rigoles creusées dans la neige en sillons parallèles. Aujourd'hui, les oiseaux retournent vers le Sud et l'automne souligne à peine d'or et de brun les houppiers qui arborent encore leur parure estivale. Les ombres longues et très sombres soulignent le moindre détail du relief teinté de couleurs chaudes par les rayons filtrés à travers l'atmosphère. Quelques insectes n'ont pas achevé le cycle de leurs métamorphoses. Au milieu du sentier chemine avec lenteur une petite chenille à la fourrure exubérante. En voilà une qui n'a peur de rien. Loin de se fondre dans le paysage en un savant camouflage, ses couleurs éclatent au contraire et elle semble en lévitation sur le sol boueux avec ses toupets d'un jaune vif immaculé. Il s'agit de l'Orgyie pudibonde (Calliteara pudibunda). Elle doit ce qualificatif à son comportement lorsqu'on la dérange : elle s'enroule fermement en un arc de cercle qui met en évidence les touffes de poils jaunes en brosse à dent qui se dressent sur ses articles quatre à sept, alternant avec les bandes noires de son corps. Elle simule ainsi une grosse guêpe, et avec le pinceau rouge de sa "queue" redressée, elle clame dans le code international des espèces animales "Attention, danger" !

iraty
iraty

iratyCarl von Linné (1707-1778) n'avait rien compris à son manège, il avait même fait preuve d'anthropomorphisme (ou d'humour ?) en lui attribuant un sentiment (la pudeur) totalement incongru chez une chenille. Cela n'enlève rien à son génie, puisque son système de nomenclature de la flore et de la faune est toujours en usage aujourd'hui. Pourtant, celui-ci était basé sur l'idée - fausse - de la fixité des espèces créées par Dieu à l'origine. Linné croyait profondément qu'il existait un ordre divin derrière l'apparente confusion du monde. Il inventa un véritable langage international de dénomination des plantes, qu’il étendit aux animaux, un système binominal, composé du nom du genre et du nom de l’espèce, dérivés du latin ou de la forme vernaculaire latinisée, ou encore du nom du découvreur latinisé. On sait maintenant (mais peut-être l'ignorait-on à son époque) qu'à ce stade de ses métamorphoses, une chenille ne se soucie que de manger, elle n'a aucune capacité à se reproduire et encore moins l'envie de plaire ou de faire la coquette. - Photos : Rougequeue noirs (femelles ou juvéniles). -

iratyLa Pudibonde - puisqu'il faut bien l'appeler par son petit nom - possède des pinceaux de soies légèrement urticantes, mais je ne trouve aucune information sur une toxine quelconque qu'elle sécrèterait dans son organisme. Elle fait donc de l'intox' et tente de berner ses prédateurs éventuels pour ne pas se faire dévorer ! Elle hiberne sous la forme d'une chrysalide qui se métamorphose au printemps en un papillon, le Bombyx pudibond, également velu, nocturne et d'une élégance beaucoup plus discrète, qui ne se nourrit pas et ne possède même pas de trompe. La femelle pond jusqu'à 300 oeufs qu'elle dépose en groupes sur l'écorce ou en rond sur les rameaux fins. Les chenilles minuscules sortent de l'oeuf à partir de la mi-mai et restent quelque temps en colonies.

iratyGrâce à leurs longs poils flottants, elles se font véhiculer, telles des chatons de saule, par le vent qui les emporte dans les environs immédiats où elles vivent alors en solitaires, réparties dans tout le houppier ou sur des arbustes. Si elles sont dérangées pendant leur repas, elles se laissent choir et s'accrochent à une branche inférieure. Arrivées au terme de leur développement, elles se métamorphosent au sein d'un cocon enfoui dans la litière au sol, dans des fissures sèches de l'écorce ou sous des pierres. Entre avril et juillet, le papillon sort de la chrysalide, et le cycle recommence. Sur un forum d'Internet, quelqu'un signale que son élevage est relativement facile. Il ajoute qu'il s'est amusé à expérimenter, et que la chenille qu'il a nourrie exclusivement de feuilles de noyer est devenue rose à la mue, et le papillon qui en a résulté affichait des teintes beaucoup plus foncées que ses congénères. Les goûts de la chenille sont effectivement éclectiques, tout arbre ou arbuste feuillu peut lui convenir. - Photo : Coulemelles. -

iratyDimitri raconte qu'il lui est arrivé une drôle de mésaventure cet été. Son travail en Provence consistant dans la reconnaissance de la flore ou de la faune dans des lieux précis, il a dû ramasser des plantes en plein soleil. En fin de journée, une éruption rouge dessinant la forme des herbes sur sa peau a commencé à le faire souffrir. Le médecin a diagnostiqué une dermite des prés, ou phyto-dermatose phototoxique, due au contact de la peau avec des plantes phototoxiques, en raison des furocoumarines qu'elles contiennent, combiné avec l'humidité de la peau et l'exposition directe au soleil. Bien que sans danger mortel pour les mammifères, de nombreuses furocoumarines sont extrêmement toxiques pour les poissons et certaines sont d'ailleurs utilisées dans les cours d'eau en Indonésie pour la pêche. Leurs effets sont connus des maraîchers et provoquent la maladie des "manipulateurs de céleri", surtout entre avril et août. Les plantes en cause sont notamment des ombellifères et des rutacées, cultivées ou sauvages : Berce du Caucase, Céleri, Carotte, Fenouil, Panais, Persil, Liseron, Moutarde, Artichaut, Figuier, Cumin, Citronnier... Cette intoxication me fait penser au film "Into the Wild", réalisé par Sean Penn en 2007. iratyC'est l'adaptation du livre de Jon Krakauer publié en 1996, qui relate l'histoire vraie de Christopher McCandless. Parti en Alaska où il vit en solitaire, le jeune homme meurt empoisonné par des graines de "Hedysarum mackenzii" qu'il a confondu avec "Hedysarum alpinum" (une légumineuse ressemblant à la gesse tubéreuse), dont la racine renflée est consommée dans certaines conditions par les populations autochtones. - Photos : Frondes fertiles de la fougère pectinée. - Genévrier à la forme sculptée par le vent. - Ci-dessous : L'approche de l'hiver est déjà sensible en altitude, avec des arbres précocement dénudés et d'autres parés du feuillage d'automne. -

iraty

iratyDes Rougequeue noirs se baignent avec dynamisme dans des flaques devant nous, quelques mâles noirs, mais surtout des femelles et des juvéniles, au plumage brun. Dimitri hésite, à juste titre, sur la détermination de leur comportement, pour reconnaître s'ils sont en migration, et dans l'affirmative, s'ils se déplacent de jour ou de nuit. En fait, le premier point dépend de leur lieu de nidification. Ceux qui nichent le plus au Nord vont hiverner le plus au Sud ! Ce sont tout de même de moyennes distances, puisqu'ils ne franchissent pas le Sahara, et donc ils migrent tard en automne et reviennent tôt au printemps. Par contre, en France, Espagne, Italie..., l'oiseau est présent toute l'année. Il hiverne plus sporadiquement dans la moitié NE de la France. Les oiseaux français migrent pour passer l’hiver en Espagne et en Afrique du Nord, tandis que les oiseaux du Nord de l’Europe nichent pour certains en France. Quelques uns changent seulement d'altitude. C'est ce qu'on appelle un migrateur partiel. - Schéma : Carte de migration du Rougequeue noir. -

iratyLa distance parcourue lors de la migration est principalement déterminée par le régime alimentaire de l'oiseau. S'il avait été purement insectivore, comme les pouillots, martinets ou fauvettes, il aurait migré beaucoup plus loin. Par contre, s'il avait été granivore, comme les gros-becs ou les chardonnerets, seules les conditions climatiques sévères du Nord-Est de l'Europe l'auraient obligé à partir. Le Rougequeue noir a un régime plus éclectique, à l'instar du rouge-gorge ou de la fauvette à tête noire. Il attrape des insectes au vol ou à terre, mange des larves, des vers de terre, des araignées, des baies, des graines, et même de petits crustacés sur les rivages côtiers. iraty Toute la matinée, nous observons des vols de passereaux à basse altitude, qui épousent à toute vitesse les ondulations du sol, en naviguant contre le vent ! A peine avons-nous le temps de les apercevoir qu'ils ont déjà disparu derrière une aspérité du terrain ! Beaucoup d'oiseaux migrateurs dont les couples, dans la plupart des cas, revendiquent pourtant un territoire exclusif pendant la nidification se regroupent pour voyager. La recherche d'une plus grande sécurité et d'une meilleure orientation constitue un des facteurs déterminants de cette sociabilité de circonstance, l'union faisant la force ! A plusieurs, on voit mieux, et pendant que les uns se nourrissent, d'autres peuvent monter la garde. - Photos : Cèpe. - Broussin ou loupe (développement anarchique du cambium de l'arbre). -

iratyDeux craves à bec rouge traversent fugacement le ciel. Au milieu d'un pré se détachent les hautes silhouettes claires de coulemelles (Lépiote élevée) que personne ne cueille, bien que ces champignons soient, paraît-il, de goût très fin, aussi bien crus que cuits. Les études récentes menées par radar ont montré que deux tiers des oiseaux volent de nuit à notre insu. Chez les passereaux, la majorité des migrateurs diurnes sont des migrateurs courte distance, principalement des granivores (alouettes, fringilles, bruants), et également quelques insectivores (pipits, bergeronnettes). iratyLa principale exception est constituée par les hirondelles, migratrices au long cours, rares passereaux dont la migration semble exclusivement diurne, sauf lors de leur traversée du Sahara (chez la plupart des autres migrateurs diurnes, une plus ou moins faible partie du trajet peut s’effectuer de nuit). On considère que pour les petits passereaux, l’optimisation du coût énergétique de la migration suppose que le temps de vol soit égal à un septième du temps de halte (Hedenström et Alerstam 1997). Les migrateurs courte distance disposent de plus de temps pour effectuer leur migration : la plupart migrent principalement en matinée, et s’alimentent le reste de la journée. iratyLes petits passereaux effectuent une migration dite rampante, non pas en vol direct, mais en passant d’un buisson à l’autre, dans la direction normale de leur migration. Il s’agit surtout des espèces migrant la nuit : de jour, elles poursuivent ainsi leur trajet par petites escales, en se nourrissant plus souvent (Dubois & Rousseau, 2005). - Photo : Jasione des montagnes qui pousse dans les rocailles également sur le littoral atlantique. -

Un autre facteur à prendre en compte est la thermorégulation : chez les petits passereaux, le rendement des muscles de vol est compris entre 0,07 et 0,15, pour atteindre 0,3 chez les plus grandes espèces, c'est-à-dire que seulement 30% (ou 7% au minimum) de l’énergie métabolique est convertie en énergie mécanique, le reste étant dissipé sous forme de chaleur. L’hyperthermie est donc un danger important (la température corporelle peut ainsi atteindre près de 47°C en vol, température presque létale), et de même, si trop d’eau est perdue par évaporation en plus de ce dernier processus, l’oiseau peut aussi risquer la déshydratation. L’augmentation de l’altitude de vol et la migration nocturne permettent en partie de limiter le risque d’hyperthermie, et l’utilisation de la graisse qui produit de l’eau métabolique contrebalance en partie la perte d’eau lors de la respiration. - Photo ci-dessous : Aurore boréale vue à Nice (Lionel Bernardi) le 6 août 2011. -

iraty

Dimitri se remémore une expérience rare. C'était en mars ou avril 2000, vers les minuit, il roulait en voiture entre Isturitz et Baïgorry quand il aperçut des lumières curieuses dans le ciel. Le Larla était rouge, il pensa d'abord à un écobuage, étant donné la saison, mais l'aspect du pic était différent d'une montagne en feu. Ses phares allumés ne changeaient rien à la perception de ces lueurs, il sentait qu'elles avaient quelque chose d'étrange : elles étaient tubulaires, rouge électrique, très dynamiques avec des formes mouvantes. Il avait déjà vu des aurores boréales au Canada, mais il n'imaginait pas qu'il puisse en observer à la latitude des Pyrénées ! Il s'arrêta pour observer le phénomène, puis, revenu chez lui, il le décrivit au téléphone (à 2 heures du matin !) à Jacques Auriau, animateur de la Société d'Astronomie Populaire de la Côte Basque. Quelques heures plus tard, pour en avoir le coeur net, il appela l'observatoire astronomique du Pic du Midi où un scientifique lui confirma qu'il s'agissait bien d'une aurore boréale et qu'elle était verte à la base. - Photo ci-dessous : La même aurore boréale vue à Verviers (Belgique, Ph. Demoulin) le 6 août 2011. -

iraty

Ce phénomène est dû au choc des particules chargées soufflées par les vents solaires contre les molécules des gaz de la haute atmosphère terrestre. Les "draperies" lumineuses sont modelées par les lignes du champ magnétique terrestre qui relient les deux pôles. Dans le passé, l'éruption solaire de 1859 avait produit de très nombreuses aurores polaires visibles jusque dans certaines régions tropicales (Honolulu) et elle avait fortement perturbé les télécommunications par télégraphe électrique. En septembre 1909, les aurores furent visibles jusqu'à Singapour, atteignant ainsi le dixième degré de latitude Sud. Des observations d'aurores furent notées au Pic du Midi de Bigorre en 1938, 1947, 1989, juillet 2000 et les 7-8 août 2010. Un article rapporte que le 10 mars 1989, un puissant nuage de particules ionisées quitta le Soleil à destination de la Terre, suite à une éruption solaire. Deux jours plus tard, les premières variations de tension étaient observées sur le réseau de transport d'Hydro-Québec, dont les systèmes de protection se déclenchèrent le 13 mars à 2 h 44. Une panne générale plongea le Québec dans le noir pendant plus de neuf heures. D'autre part, plusieurs éruptions solaires furent suffisamment puissantes pour déclencher des aurores boréales visibles depuis la France, comme ce fut le cas le 6 Avril 2000 et le 28 Avril 2001. - Photo : Protubérances solaires en septembre 2000. Credit: NASA/TRACE. -

iraty

iratyPensant toujours au Québec (et aux chasseurs postés sur toutes les lignes de crête), Dimitri nous parle de la ligue ROC, dont le sigle signifia d'abord "Rassemblement des Opposants à la Chasse", et qui fut initialement présidée par Théodore Monot de 1981 à 2000. Elle se donne pour objectifs prioritaires de préserver la faune sauvage, faire reconnaître le statut d' "être sensible" à tout animal, et en premier lieu aux mammifères et aux oiseaux, et défendre les droits et intérêts des non-chasseurs. Depuis 2001, c'est l'astrophysicien québécois Hubert Reeves qui a pris le relais. En mars 2012, il a converti l'appellation du groupe (un peu agressive, selon Dimitri) en "Humanité et Biodiversité", même si les objectifs demeurent identiques. En fin de parcours, nous verrons un jeune adolescent manipuler un fusil alors que deux enfants sont près de lui. Aucun chasseur adulte n'est à ses côtés pour veiller au grain. A quelques mètres de là, une femme surveille d'autres jeunes enfants. Dimitri vérifie aux jumelles l'âge du porteur de fusil. Il est scandalisé et nous apprend que le système de la Chasse accompagnée permet de chasser avec une arme pour deux, après une formation pratique élémentaire, dès l'âge de 15 ans et gratuitement pendant un an, aux côtés d'un parrain détenteur du permis de chasser depuis plus de 5 ans. Cette formation peut être suivie à partir de 14 ans et demi et elle n'est pas sanctionnée par un examen. Elle est accessible aux jeunes mais aussi à toute personne désireuse de découvrir la chasse avant de passer son permis de chasser. L'autorisation de chasser accompagné est délivrée gratuitement par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Cette mesure est à mettre en parallèle avec la conduite accompagnée en voiture (coût global supérieur à 600 Euros et quatre examens de contrôle d'acquisition des connaissances). - Photos : Des blocs de poudingue dénudés par l'érosion. - Ci-dessous : Vol de Grues cendrées. -

iraty

iratyUne sittelle torchepot se fait entendre dans le bosquet : elle émet un chant de printemps, nous fait remarquer Dimitri, et nous supposons qu'elle est perturbée par la douceur de cette arrière-saison. Nous révisons nos connaissances pour distinguer le crocus du colchique, seul le premier poussant au Pays basque en automne. Le premier possède trois étamines, et le deuxième en a six. Le nom de colchique serait tiré de la Colchide, une région sur les bords de la Mer noire où aurait vécu, selon la mythologie grecque, la princesse Médée, aux dons de magicienne. Il en existe plus d'une centaine de variétés qui se rencontrent pour la plupart dans les Balkans et en Asie mineure. Toute la plante est riche en colchicine, un alcaloïde vénéneux. La plupart fleurit à l'automne, mais quelques variétés cependant, comme Colchicum bulbocodium Ker Gawl. des Alpes occidentales, Colchicum hungaricum Janka des Balkans et Colchicum luteum Baker d'Asie centrale - la seule espèce à fleurs jaunes -, fleurissent à la fin de l'hiver parmi des feuilles déjà bien développées. C'est cette dernière que Dimitri a découverte un jour dans le Lubéron, en la prenant d'abord pour un crocus en raison de sa couleur inhabituelle. - Photo (Internet) : Colchicum luteum Baker. -

iratyUne mésange noire pousse un sifflement suraigu (huit-u). En contrepoint, le rouge-gorge insère ses cris brefs (tic-tic), en accompagnement de la sittelle (huit-huit) toujours aussi excitée et du pinson des arbres. Dimitri nous signale qu'il ne s'agit que de leurs cris, les chants étant réservés à l'époque de leur reproduction, au printemps ou sitôt passé le solstice d'hiver, date à partir de laquelle les jours allongent. Le rouge-gorge fait doublement exception à cette règle, puisqu'on l'entend chanter aussi en hiver (pour des questions territoriales, afin de délimiter sa zone alimentaire) et parce que la femelle chante également (d'ordinaire, c'est l'apanage du mâle). Le cri peut aussi avoir une fonction de ralliement social, comme pour la grue cendrée dont nous entendrons souvent le passage au cours de cette randonnée, avant même de repérer le vol au-dessus de nos têtes. Maintenant que Dimitri est retourné en Provence, il s'aperçoit que les fauvettes à tête noire n'ont pas le même chant qu'au Pays basque, et il paraîtrait qu'il en est de même pour les cigales ! Contrairement à une idée bien répandue, des animaux d'une même espèce peuvent avoir un "dialecte" différent ! Un grand corbeau passe en silence. - Photo : Grue cendrée en migration. -

iratyChemin faisant, nous avons franchi le col d'Arthanolatzégagna et, avant de pénétrer dans l'ombre du pic des Escaliers, nous profitons d'un versant relativement abrité du vent pour déjeuner en observant le paysage. Devant nous s'étire la longue barre de calcaire clair qui débute au pic de Behorleguy (dont le nom évoque la présence de chevaux) et se prolonge bien au-delà en direction du Beloscare à notre droite. Nous reconnaissons dans ce beau massif des Arbailles l'extrémité pointue du Zabozé où nous étions partis à la recherche du chocard à bec jaune, et celle plus arrondie du Belchou, un peu en retrait et qui domine la forêt. A notre grand étonnement, des papillons suivent le même trajet que les oiseaux pour aller hiverner en Espagne : Dimitri nous signale le passage du Vulcain (Vanessa atalanta Linnaeus, 1758), qui pond sur les feuilles d'orties consommées par la chenille. Le qualificatif attribué par Linné se réfère de nouveau à la mythologie grecque, avec la princesse Atalante qui n'accepta pour époux que celui qui saurait la vaincre à la course. C'est un grand papillon brun sombre aux ailes barrées d'une bande orange vif, qui migre à grande vitesse sans prendre le temps de se poser. C'est incroyable que des animaux si légers puissent défier le puissant flux aérien venant du Sud. Des linottes mélodieuses volent de concert avec des pinsons. Dimitri reconnaît le cri du Pipit farlouse. - Photo : Grue cendrée en migration. -

iratyNous nous trouvons sur un lieu doublement emblématique. Jacques Blot décrit sur son blog la découverte, au cours de l'été 1970, du tumulus d'Ugatze, dans le cadre de sa prospection systématique des vestiges protohistoriques en Pays basque initiée en 1968. Il est situé sur la ligne de crête joignant le Pic des Escaliers à Ahüzki, un col où nous avions garé nos voitures cet été pour effectuer une jolie randonnée jusqu'à la source de la Bidouze qui jaillit d'une falaise vertigineuse, au pied du pic du Zabozé, dans le massif des Arbailles. Lorsque Jacques Blot s'aperçut, en 1974, qu'on venait de percer une route qui épousait le cheminement antique des bergers transhumants et entamait en partie le monument funéraire, il obtint l'autorisation de faire une fouille archéologique de sauvetage. Par ailleurs, nous sommes sur un site classé depuis 2006 Natura 2000 sous la dénommination "Haute Soule : forêt d'Iraty, Organbidexka et Pic des Escaliers". Il englobe les communes d'Alçay-Alçabéhéty-Sunharette, Lacarry-Arhan-Charritte-de-Haut, Larrau, Lecumberry et Mendive. On y lit la liste d'une kyrielle d'oiseaux, mais apparemment sans mention d'aucune protection légale. iratyPourtant, le col d'Organbidexka a été choisi depuis 1979 par les écologistes pour effectuer un suivi systématique des oiseaux en migration (juste à côté des palombières occupées par les chasseurs qui n'ont pas vu cette initiative d'un bon oeil).

L’objectif de cette opération est triple : étudier les flux migratoires en vue de déceler les changements des populations, étudier l’impact de la chasse aux pigeons sur l’ensemble des espèces migratrices, informer le public sur le fabuleux phénomène de la migration et sur les dommages que fait subir à l’avifaune européenne et aux milieux montagnards pyrénéens une chasse sans cesse plus envahissante et plus performante. Il a ainsi été mis en évidence la chute dramatique d'effectifs dont souffre un oiseau emblématique, le milan royal. Dimitri nous dit que sa population s'est réduite de 30 à 40%, ce qui est d'autant plus critique que cet oiseau est strictement européen (hivernant au Pays basque) et qu'il n'a donc pas la possibilité de se refaire une santé sous des latitudes plus favorables. Bien entendu, ce joli rapace n'est pas chassé pour les mêmes raisons que la palombe. Comme tous ses congénères, il a souffert de la mauvaise réputation des grands prédateurs en général, et il a été en outre décimé en raison des changements dans l'agriculture et des pesticides utilisés contre l'une de ses proies, le campagnol. - Photos : Grue cendrée en migration - Un Milan royal surveille si nous laissons des reliefs après notre pique-nique. -

iraty

A l'aplomb du pic d'Arthanolatzégagna, deux vautours fauves font du sur-place. A la jumelle, on distingue leur tête penchée et mobile, signe qu'ils surveillent la présence d'animaux morts sur les alpages (ou d'un mouvement convergent des corbeaux qui signalerait un repas en perspective). Un autre papillon, jaune celui-là, migre plus tranquillement, il se pose de temps à autre pour souffler un peu. Dimitri nous dit qu'il s'agit du Souci (Colias croceus ou Colias crocea), grand migrateur lui aussi. Les passages en rafales des oiseaux par petits groupes se poursuivent sans discontinuer : un vol de pinsons, chardonnerets, linottes subit l'attaque d'un épervier, également en migration. iratySe penchant sur un buisson, Dimitri réexplique patiemment la différence entre un rhododendron et ce qui pousse ici et lui ressemble fort, un Daphné lauréole. Le Rhododendron ferrugineux (de la famille des Ericacées, comme la bruyère ou la myrtille) aime les sols siliceux, acides (pH compris entre 4 et 4,5), riches en humus, bien drainés, et le soleil s'il est bien arrosé. Ses feuilles coriaces sont d'un vert luisant sur le dessus et couleur rouille (d'où son qualificatif) sur la face inférieure.

Les fleurs roses ou rouges sont réunies en bouquets au sommet des rameaux, et s'épanouissent en juin-juillet. Il ne pousse qu'en altitude, là où la forêt cède la place à la lande. Cet arbrisseau croît sur les versants ombragés, car la neige persistante protège ses jeunes pousses des gelées tardives. On le trouve tout au long de la chaîne pyrénéenne, parfois jusqu'à près de 3000 m d'altitude. Les feuilles fraîches sont toxiques et ont causé des empoisonnements de brebis ou de chèvres. Par contre séchées et à faible dose, elles sont diurétiques et antirhumatismales. Le Daphné lauréole Philippi (en basque: Zaradona erenoski, Garatxo belarra) pousse de préférence sur calcaire (entre 0 et 1600 mètres d'altitude). Cette sous-espèce est endémique des Pyrénées, ses feuilles (vertes sur les deux faces) et fleurs (jaunes) sont plus petites que pour le Daphné lauréole commun, et les bractées égalent presque l'inflorescence. Il donne de petites baies noires ovoïdes. A floraison très précoce (janvier), il est butiné par quelques papillons et bourdons qui ne craignent pas les rigueurs hivernales. Toute la plante est toxique. Pour résumer, on distingue les deux plantes hors floraison, soit en retournant une feuille (rouille ou verte ?), soit en vérifiant l'altitude (forêt au-dessous ou au-dessus ?), ou encore en connaissant la roche du massif (calcaire ou siliceux ?). - Photo : Souci (Colias croceus ou Colias crocea). -

iraty

iraty

Sur une feuille de hêtre pousse une curieuse excroissance. Il s'agit d'une galle (ou cécidie). Ces sortes de tumeur sur les tiges, feuilles ou fruits de certains végétaux font suite à des piqûres d'animaux parasites. Ces derniers sont principalement des arthropodes, représentés par 15 % d'acariens et 74 % d'insectes (appartenant notamment au genre Cynips). Certaines galles peuvent aussi être le fait de champignons, de nématodes ou de bactéries. La Cécidomye du hêtre est une petite galle pointue en forme de pépin. Elle est provoquée par un insecte, Mikiola fagi (Diptère, Cecidomyiidae), qui n'est pas un Cynips. L'insecte pond ses œufs sur les nervures des feuilles à la fin du printemps. Il se forme alors une excroissance qui dépasse sur les deux faces des feuilles des hêtres et qui est produite par le végétal, mais généralement induite par l'œuf pondu sous la cuticule, et qui va s'y développer de mai à septembre. - Photo : La galle du hêtre. -

iratyElle est petite (de 5 à 10 mm), dure et prend une forme différente selon le sexe de la larve : "Galles en citron" rondes et rouges ventrues (gynocécidies) ou jaunes en "pépins" ellipso-coniques (androcécidies). - C'est une particularité étonnante du Mikiola fagi -. Chaque galle ne contient qu'une larve, de couleur blanche, qui se nourrit de la matière intérieure à la base de la galle dont la couleur évolue de vert à rougeâtre ou jaune. Après une période de croissance, la cavité centrale, qui contient la larve, se détache et tombe au sol en automne. iratyLa couche de cire, la nature scléreuse et dure de ses parois rend la galle résistante aux conditions de vie pendant l'hiver. La larve hiverne à l'intérieur, se métamorphose en nymphe, puis forme un insecte (imago) au printemps : il s'agit d'un petit moucheron (de 3 à 4 mm) dont l'envol hors de sa capsule passe inaperçu. Cet insecte est présent sur toute la zone de répartition du hêtre européen. Il peut atteindre toutes les parties du feuillage mais semble privilégier les feuilles les plus ensoleillées : sa fréquence d'apparition s'accroît à mesure que l'on progresse vers la canopée. L'insecte semble choisir l'arbre où il pondra en fonction de critères micro-climatologiques. D'après toutes ces informations, Dimitri a donc déniché le gîte et le souper d'une larve mâle de Mikiola fagi, un organisme formé à l'instigation de l'oeuf, à partir d'une cellule de nervure de feuille de hêtre génétiquement modifiée (OGM) et multipliée de façon naturelle, mais très sophistiquée ! Il s'agit d'un parasitisme né d'une coévolution du hêtre et de cet insecte. - Photos : Mikiola Fagi. - Les brebis galopent et convergent vers un autre pâturage. -

iratyPour avoir une idée de l'époque à laquelle une telle relation a pu s'instaurer, il faut s'intéresser dans un premier temps à l'histoire du hêtre, qui a été reconstituée par Jean-Louis Vernet, professeur à l'Université de Montpellier II où il dirige (ou dirigeait), depuis 1991, le Laboratoire de Paléoenvironnements, Anthracologie et Action de l'Homme, associé au CNRS. Il est l'auteur du livre "L'homme et la forêt méditerranéenne - De la Préhistoire à nos jours". Au Paléogène (Eocène, Oligocène), les hêtres appartenaient au groupe Fagus grandifolia. Celui-ci survécut en Europe centrale jusqu'à la fin du Tertiaire (soit jusqu'à -2,6 Ma - millions d'années). Les premiers représentants du groupe Fagus silvatica apparurent à la fin du Miocène (il y a environ 6 Ma), ils étaient proches du Fagus orientalis actuel. iratyC'est à partir du hêtre pliocène (de 5,3 à 2,5 Ma) que se différencia le hêtre Fagus silvatica. On ne sait pas comment ce dernier apparut. Il est hautement probable que les refroidissements quaternaires y sont pour quelque chose. Dans une population polymorphe vivant jusque là dans des conditions tempérées à chaudes, les premiers froids ont permis la sélection de génotypes résistants, éliminant les autres. Un tel mécanisme est connu chez les charmes. - Photo : Pic des Escaliers - Fougère pectinée (Blechnum spicant), avec des frondes différenciées (les fertiles, plus grandes, portent les sores sur leur face inférieure), sur sols acides. -

iratyAu Pléistocène (de -2,6 Ma à -12 000 ans), l'histoire de la végétation apparaît comme un phénomène cyclique. Aux phases les plus froides caractérisées par une végétation ouverte à dominante herbacée, steppique, succède, lors des réchauffements, une végétation pionnière colonisatrice (bouleau, pin), puis, si le réchauffement persiste, une végétation plus thermophile (qui aime la chaleur), généralement la chênaie. Un nouveau refroidissement provoque le retour des conifères puis de la steppe. Pendant le Pléistocène inférieur, le hêtre est présent en compagnie d'arbres aujourd'hui disparus de nos régions et que l'on retrouve près de la mer Caspienne et dans le Caucase avec Fagus orientalis ; ce sont des Pterocarya, Parrotia, Zelkova, etc. Les conditions climatiques sont très proches, voire semblables, à celles qui existaient au Pliocène. Dans la péninsule balkanique, Fagus orientalis croît de 10 à 1400 mètres alors que Fagus silvatica a une amplitude altitudinale différente (700 à 2000 m). Le premier est donc moins montagnard mais surtout plus thermophile que le deuxième. - Photo : Pycnopore cinabre (?), saprophyte (se nourrit de matière organique non vivante). -

iratyAu Pléistocène moyen, à partir de 700 000 ans environ, un changement radical s'opère dans les conditions écologiques. Le hêtre devient très proche sinon identique au Fagus silvatica actuel. On le rencontre en compagnie du pin sylvestre, du sapin. Avec lui, on trouve au cours de ces périodes des chênes à feuillage caduc, l'orme, le noisetier, le tilleul. Ce sont des phases tempérées. Pendant les phases les plus chaudes, il est généralement absent. On rencontre alors le chêne vert dans le sud-ouest de la France. Au Pléistocène supérieur, pendant la dernière glaciation (entre 70 000 et 10 000 avant le présent), on le rencontre plus nettement lors de périodes un peu tempérées dans le sud-ouest de la France et en plaine dans la région méditerranéenne (entre 40 000 et 15 000). Dans les Pyrénées, dans certains cas, le hêtre persiste, disséminé dans la végétation durant tout le Tardiglaciaire. Il faut concevoir l'existence de refuges, même en montagne, où le hêtre subsiste ponctuellement. Parallèlement, les insectes existent déjà à -400 Ma. Ils connaissent une expansion très dynamique au Carbonifère (-300 Ma), quand prolifèrent les forêts de fougères. Certains sont de grande taille, comme les libellules de 60 à 70 cm d'envergure. Je n'ai trouvé aucune information précise sur l'origine du Mikiola fagi, mais il serait logique de penser que sa coévolution avec le hêtre a débuté au plus tôt il y a 700 000 ans, et que ce sont les contraintes climatiques qui ont induit ces adaptations pour la perpétuation de l'espèce. - Photos : Le tracteur (girobroyeur) détruit toutes les plantes sur un pan de montagne (probablement pour affaiblir les ajoncs dont les épines blessent les brebis). - Ci-dessous : Hêtres. -

iraty

iratyiratyAu-dessus du Pic d'Anie, très loin et très haut près des nuages, Dimitri reconnaît un vol de cormorans qui passent la chaîne pyrénéenne et migrent vers le Sud. Devant le pic d'Orhy transitent des grues en formation mouvante. Il en passe quelque 400 000 par an au-dessus du Pays basque et nous voyons plusieurs vols se succéder au cours de la journée. Nous rabaissons les yeux pour observer les plantes. Les hautes frondes (feuilles) fertiles de la fougère pectinée (c'est-à-dire à divisions étroites, rapprochées et disposées parallèlement comme les dents d’un peigne) se différencient des frondes stériles en couronne étalée, une spécialisation annonciatrice de l'invention par Mère Nature des plantes à fleurs. Au bord du chemin pousse une très discrète labiée, la Pédiculaire des bois, à la teinte rose pâle. Le cri du pivert résonne dans le bois proche, tandis que nous nous regroupons pour examiner une Ephippigère du genre Uromenus.

C'est une sorte de sauterelle qui, à l'inverse du Mikiola fagi, est une relique de la faune post-glaciaire chaude. Ses ailes atrophiées sont réduites à l'état de simples "écailles" servant à l'émission de stridulations, l'une faisant office d'archet, l'autre de corde vibrante ; elles dépassent à peine du pronotum en forme de selle de cheval qui a valu à cette espèce son nom et sert de caisse de résonance. Dans le cas présent, il s'agit peut-être de l'Ephippigère carénée. Le thorax, qui contient les muscles du vol (probablement également atrophiés), les ailes et les pattes, est percé de stigmates qui servent à la respiration. On reconnaît qu'il s'agit d'un mâle à l'absence d'oviscapte (ce sabre au bout de l'abdomen qui sert à introduire les oeufs dans le substrat où ils incuberont). Sa seule défense est sa couleur verte qui lui permet de se camoufler dans la végétation. "Les insectes les plus primitifs, reconnaissables au fait que la tête, le thorax et l'abdomen y sont à peine segmentés, ne font pas l'objet d'une métamorphose. Leurs oeufs libèrent un jeune insecte qui diffère peu de l'adulte et se contentera  de grandir sans jamais disposer d'ailes, et ce handicap empêchera l'espèce de coloniser de vastes espaces et d'afficher la suprématie terrestre des insectes ailés." (Pierre Douzou) - Photos : Ephippigère. -

iraty

iratyLe vent rebrousse les larges feuilles nervurées de grands arbustes qui montrent ainsi leur face plus claire. Ce sont des alisiers blancs, aussi appelés sorbiers des Alpes. Leurs drupes, les alises, sont appréciées des oiseaux et peuvent être consommées blettes, en confiture... ou en eau de vie. Rustiques, mais de croissance très lente, ils peuvent vivre jusqu'à 250 ans. iratyLeur bois dur, homogène, généralement blanc-rosâtre, à grain très fin, de densité élevée et de forte résistance mécanique, était utilisé autrefois par les tourneurs pour fabriquer des pièces de machines (vis de pressoir, timons et moyeux de roues de chariot), des instruments de musique (flûtes, pièces d'orgues), des queues de billard ou des instruments de mesure. Dimitri nous signale un aigle royal coursé par un corbeau ou un faucon crécerelle, c'est vraiment curieux. Enfin, les deux géologues amateurs du groupe, Mag et Jean-Jacques, font une découverte étonnante. Le Pic des Escaliers est intégralement dans la zone dite des "poudingues de Mendibelza". Ils conviennent que c'est un vrai hasard d'avoir trouvé un fossile d'oursin dans ce "bazar" que constitue cet agglomérat de diverses roches charriées dans un vaste bassin deltaïque du Laurhibar. Il pouvait venir d'à peu près n'importe où, puisque toutes les roches de cette région ne sont pas en place. Les "pouddingues de Mendibelza" sont essentiellement constitués de roches paléozoïques (ère primaire), mais, comme ils se sont formés à l'Albien (vers -100 Ma, milieu du crétacé), ils ont aussi charrié des éléments de l'ère secondaire... dont des fossiles d'oursins formés au secondaire, avant cette époque.

iraty

Après cette balade, nous retournons au col de Bagargiak et partons en voiture en sens opposé, vers le coeur du massif d'Iraty. Nous espérons entendre le brame du cerf, mais c'est trop tard, fini le temps des grandes maneuvres et des défis lancés du fin fond de la forêt plongée dans l'obscurité ! Nous apprécions cependant ce grand moment de contemplation et de méditation dans ce cadre somptueux.

SOMMAIRE

iraty

iraty

iraty

iraty