La constipation est une affection très fréquente chez les
petits animaux des deux sexes et de tous les âges : elle a un grand
retentissement sur l'état général des individus qui en souffrent.
L'arrêt des évacuations fécales entraîne l'absorption par
l'organisme de nombreux poisons et provoque la pullulation dans l'intestin d'un
grand nombre de microbes. Aussi, la constipation est un facteur étiologique de
la plus haute importance, et elle peut souvent être mise en cause dans
l'épilepsie, le vertige, l'anémie, et dans les affections de la peau. La
paresse intestinale est la principale cause de la constipation et elle est due
elle-même à des facteurs divers et variés : le manque d'exercices
physiques est le plus important. On incrimine également une nourriture
défectueuse : viande en excès, os en trop forte proportion, abus du sucre
et des pâtisseries chez les animaux de luxe. La constipation est fréquente chez
les femelles pleines et âgées, ainsi que chez les sujets des deux sexes
atteints d'inflammation ou d’abcédation des glandes anales.
On sait que, chez le chien, il existe sur les cotés de l’anus
et de la partie terminale du rectum deux bourses ou glandes anales de forme
ovale, pourvues chacune d'un étroit conduit qui s'ouvre sur la peau, en la
partie inférieure de la marge de l'anus. Ces réservoirs glandulaires sont
ordinairement remplis d'une matière brunâtre plus ou moins fétide. Le chien
atteint d'inflammation des glandes anales se traîne sur son derrière pour les
désobstruer, se frotte ou se lèche l'anus ; la défécation est pénible,
douloureuse, et l'animal se retient le plus possible, d'où constipation.
Les débuts de la constipation sont marqués par des efforts
de défécation fréquents et douloureux. Puis le ventre devient sensible à la
pression. Les matières sont dures, peu abondantes : elles finissent par se
tasser dans le gros intestin et le rectum, d'où coprostase et obstruction
intestinale. On constate alors des troubles de plus en plus graves :
l'animal s'affaiblit, le pouls est petit, la peau froide ; il ne mange
plus et l'air expiré est fétide. Parfois la masse fécale comprime le canal
cholédoque, provoquant ainsi une rétention biliaire qui amène l'ictère ou
jaunisse, toujours très grave chez les petits animaux. Si la libre circulation
des matières tarde à se rétablir, on peut voir surgir les troubles graves de
l'occlusion intestinale aiguë. Nous donnerons quelques renseignements à son
sujet à la fin de cette causerie.
Traitement.
— II convient tout d'abord de rechercher la cause de la
constipation, de la supprimer ou d'en atténuer l'influence nocive. On modifiera
le régime alimentaire. La diète lactée est tout indiquée, ainsi qu'une
nourriture rafraîchissante : viande blanche, soupe aux herbes, légumes
cuits. Proscrire les préparations alimentaires commerciales, généralement fort
échauffantes. On emploiera les médicaments les plus inoffensifs. Les purgatifs
seront rejetés, car ils augmentent le mal au lieu de le guérir ; ils provoquent
la liberté momentanée de l'intestin, mais n'empêchent pas la constipation de se
reproduire à nouveau.
Lors de constipation récente ou non encore accompagnée de
troubles graves, provoquer le ramollissement des matières et leur évacuation
par les laxatifs et les lavements. Trois ou quatre fois par jour, faire prendre
de l'huile d'olive par cuillerée à café, à dessert ou à soupe, selon le poids
du malade. On pourra utilement lui associer l'huile de ricin à petites doses
répétées, ou la manne en larmes, 5 à 50 grammes pour un paquet, à administrer
le matin à jeun, dans du lait chaud.
L'huile de vaseline ou de paraffine, qui traverse le tube
digestif sans être modifiée, lubrifie la muqueuse du gros-intestin et facilite
ainsi le glissement des matières, est employée avec succès dans les mêmes
circonstances. On la donne à la dose quotidienne d'une demi-cuillerée à café à
une cuillerée à soupe, de préférence à jeun. On peut encore utiliser
avantageusement les grains de Vais, un à deux par jour, pour les petits
sujets des races de luxe.
Pour les lavements, qui seront donnés assez abondants, trois
à quatre fois dans la journée, employer l'eau chaude, la décoction de graine de
lin ou de guimauve, additionnées de glycérine ou de sulfate de soude.
L'exercice, le massage de l'abdomen, l'application sur
celui-ci des compresses humides et chaudes sont des adjuvants utiles. Parfois
on devra évacuer le rectum avec le doigt ou, de préférence, avec la curette
mousse. L'instrument sera manœuvré avec prudence, afin d'éviter la déchirure de
la muqueuse ou la perforation des parois du conduit. Aussi ne saurions-nous
trop conseiller de recourir au vétérinaire pour pratiquer cette opération.
Si la constipation est due à l'infection, à la réplétion des
glandes anales, l'évacuation de leur contenu par la compression suffit
ordinairement à amener la guérison. Pour opérer, le patient muselé, assujetti
sur une table, on comprime fortement l'anus entre le pouce et l'index, celui-ci
introduit dans le rectum. Cette petite opération est d'ailleurs bien connue des
vieux chasseurs, qui la pratiquent couramment non seulement en vue de
l'évacuation du contenu de ces glandes, mais encore dans le but, prétendent-ils
de préserver leur élève de la maladie des jeunes chiens, ce qui reste à
démontrer.
Dans les cas très rares où les divers moyens exposés
ci-dessus ne donneraient pas le résultat poursuivi, s'il survient des symptômes
généraux graves accusant l'occlusion intestinale aiguë, il reste, comme
suprême ressource, l'intervention chirurgicale. Elle n'est pas à recommander.
Occlusion intestinale.
— L'oblitération de la lumière intestinale peut se produire
de différentes façons ; mais il n'en est qu' une importante au point de
vue pratique : celle qui survient brusquement, par déglutition d'un corps
étranger. Les chiens, en particulier les jeunes, jouent volontiers avec des
corps durs qu'ils peuvent déglutir ; balles de caoutchouc, cailloux, marrons
d'Inde, bouchons, etc. Ces objets, s'ils franchissent l'estomac, pénètrent dans
l'intestin, où ils s'arrêtent coincés ; s'ils sont trop volumineux,
l'occlusion intestinale est réalisée.
Cet accident se traduit rapidement, par de l'agitation, de
la douleur sous forme de coliques, par l'arrêt des défécations et par des
vomissements incoercibles alimentaires d'abord, puis à odeur fécaloïde. Le
ventre est douloureux et, à l'exploration, on peut percevoir un corps
résistant, plus ou moins dur, dont la pression provoque des mouvements de
défense.
Tous ces signes, apparaissant brusquement sur un sujet en
parfaite santé, doivent faire penser à l'existence de l'occlusion intestinale
par corps étrangers ; l’examen aux rayons X, radioscopie ou
radiographie, permet souvent de préciser la nature de l'accident.
Traitement.
— Le traitement doit être rapide, car, si la paroi
intestinale est fortement comprimée par le corps étranger, des troubles circulatoires
se produisent, qui peuvent être rapidement suivis de gangrène. On peut essayer
l'administration d'huile, le traitement indiqué précédemment contre la constipation,
mais, si ces tentatives restent inefficaces, il faut sans délai pratiquer
l'opération chirurgicale (laparotomie, entérotomie), qui est du ressort du
vétérinaire.
MOREL,
Médecin
vétérinaire.
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