De Ouessant à Falmouth, via les îles Scilly (les
photos)
Lundi 4 août (de Ouessant/Lampaul aux îles Scilly/Sainte-Mary's)
Nous partons de Lampaul au moteur et sous le
soleil (hé oui!) à 10h30.
Le vent monte rapidement à plus de 20 noeuds
(d'est force 5 à 6, jusqu'à 27 noeuds sous les rafales d'orage).
Nous avançons rapidement sous un orage qui semble faire route avec
nous. Au milieu de la Manche, les creux sont importants. A la nuit,
nous décidons de faire route sous foc seul pour plus de confort mais
aussi pour ralentir car nous ne souhaitons pas arriver à
Sainte-Mary's avant le lever du jour.
Question existentielle : qu'est-ce qu'on nous
faisons là ? Qu'est-ce qui nous pousse à embarquer alors que nos
pourrions être tranquillement chez nous ? Qu'est-ce qui fait que je
(c'est la capitaine qui parle) me cogne violemment à un équipet sous
l'effet d'un coup de roulis ? J'ai la bouche en sang, les lèvres
coupées, la lèvre supérieure enfoncée. Pas beau à voir ! Je reste
toute la nuit allongée, laissant la marche du bateau à Christian et
Nicole, ravalant mon chagrin. Ne serait-il pas plus raisonnable de
renoncer à naviguer à mon âge (56 ans), comme j'ai renoncé a skier ?
Mardi 5 et mercredi 6 août (à Sainte-Mary's)
Mardi
matin, j'ai
émergé pour l'arrivée. Le port
est encombré de plaisanciers
(les choses ont bien changé
depuis 27 ans et mon séjour en
mousquetaire dans l'archipel).
Il y a peut-être du confort pour
justifier les 13 livres de
redevance, alors même que nous
avons mouillé sur notre ancre.
Petit
déjeuner. Pour moi, c'est un
yaourt, je ne peux même pas
boire ! Direction l'hôpital.
L'infirmière est très
sympathique, et elle confirme
qu'il n'y a rien de grave en
nettoyant la plaie (merci à
Nicole pour son anglais "fluently").
Après-midi, repos. Bain pour
Nicole dans une eau à 15° (comme
à Ouessant), alors que le soleil
fait une timide apparition dans
un
brouillard épais et
tenace.
Dire qu'il fait encore 30° Brest à 11 heures du soir et, selon
l'expression de Gaëlle, "elle n'avait jamais vu ça de son
vivant". Peut-être dans une autre vie ... A Orléans, il fait 40°
... les filles ont téléphoné pour les 54 ans de leur père.
Je ne sais pas quand nous boirons
la bouteille de champagne pour fêter l'anniversaire du
navigateur et notre traversée du chanel. Les essais de paille
n'ont pas été concluants, et toujours impossible de boire au
verre.
Mercredi, ma lèvre est moins enflée, et
les essais d'eau, de jus de fruit et de rosé sont concluants :
le
champagne sera pour ce soir ! Le brouillard ne se
lève pas, alors on décide d'aller marcher sur l''île.
Dans l'après-midi, le brouillard s'est
dissipé, nous révélant toutes les îles de l'archipel. Aux
jumelles, on voit les bateaux dans les autres mouillages. Bain
dans une petite crique (Watermill cove) avant de revenir par un
sentier "nature" dans des marais où sont aménagées des cabanes
en bois pour observer les oiseaux. En arrivant à la plage devant
laquelle nous sommes mouillés (Porthloo), le brouillard tombe de
nouveau. Ce fut une belle parenthèse.
Jeudi 7 août (de Sainte-Mary's à Saint-Agnes)
Course le matin en
prévision du départ. Le brouillard se lève et
nous espérons partir. Bain dans une eau toujours
à 15°, mais sous le soleil.
A peine sortis du
port, le brouillard tombe de nouveau. Le temps de nous concerter
sur un éventuel demi-tour, le banc de brouillard est passé et on
découvre l'archipel comme on l'a entrevu la veille pendant
quelques heures. Bryer, Tresco et Saint Martin plus loin. Nous
nous dirigeons vers Saint-Agnes où nous
mouillons. Mes souvenirs du mouillage en 1976 sont
intacts.
Nous faisons un tour à
pieds de Saint-Agnes et de Gugh. Petits
jardins fleuris qui donnent sur la mer,
agapanthes, fushias, véroniques géantes ...
Retour au bateau à la nage pour moi.
Nous avons l'agréable surprise de rencontrer
Françoise qui est avec des amis sur un
Feeling 9,20, mouillé près de nous. Evidemment, il
y a apéro à bord, pendant que notre poulet cuit.
Vendredi 8 août (de
Saint-Agnes/Les Scilly à Falmouth)
Le soleil est là, la
mer est belle, mais le vent et le courant sont contre, alors on
n'avance pas bien vite ! Petit à petit on se fait à l'idée d'arriver
la nuit.
Pendant des heures
on voit le cap Lizard, car on tire des bords "carrés" (pas question
de mettre le moteur car nous n'avons plus beaucoup de fuel). A 21
heures on est sur le point de 19 heures, et à 22 heures sur celui de
20 heures ! Cependant la nuit est belle : petit vent de 10-12 noeuds
sous la lune.
Nous arrivons à
Falmouth vers 7 heures. Petit déjeuner copieux avec
"bacon and eggs" et pain grillé.
Samedi 9 et dimanche 10
août (à Falmouth)
Samedi, Nicole organise son départ par le train.
Nous profitons des
facilités de ce grand port pour prendre des douches, faire les
lessives et courses. Repos bien mérité avant d'aller goûter l'eau
que le thermomètre du bateau indique à plus de 17°.
Repas ("romantic menu")
dans un chinois, à 21 livres, mais très copieux!
Dimanche, temps doux
(sans doute la bordure de la zone caniculaire sur l'Europe), mais il
y a un très fort vent. Nous décidons d'attendre le début de
l'après-midi pour voir l'évolution et décider d'aller ou non dans la
rivière Fall.
Le vent ne se calme
pas, et nous allons marcher sur le
sentier côtier. Pub au retour, avec un cidre asez
spécial : couleur blanche, alcoolisé à 7,5°.
La suite,
vers Plymouth ...
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