«MARC MORALES...CET ANTI-HÉROS ! Il est l'anti-héros par excellence, celui dont le parcours exemplaire, n'a pourtant jusque jamais suscité l'intérêt des médias. C'est, toutefois, cet humble que nous avons choisi de vous présenter aujourd'hui et qui inaugurera notre série de portraits atypiques. A 71 ans, Marc Morales, cet ancien «champion» de l'éclairage, (responsable des ventes d'une grosse société dans ce secteur durant 15 ans) offre aussi la particularité d' être un des plus vieux joueurs de foot en activité dans notre pays ! Le dimanche matin, à l'heure quelques plus jeunes rentrent de virées nocturnes déjantées, lui se lève pour taper dans un ballon. Il rejoint des centaines de passionnés qui se retrouvent sur des terrains synthétiques ou en herbe, sous l'égide du très officieux Challenge Celtic fêtant cette année son 50e anniversaire. Marc, 1m87 sous la toise, pas un gramme de graisse superflu, promène son port altier sur tous les terrains de Gironde depuis 1985. Il compense son manque de vitesse désormais par son sens du placement, et continue d'«éclairer» le jeu de son pied gauche subtil. Marc Morales est un de ces hommes droits qui ont traversé les deux siècles. en 1947, en Algérie dans la très espagnole Arzew (prononcer Arzeu), à 28 kilomètres d' Oran , il s'est très vite passionné, comme tous les Pieds-Noirs (descendants d'Européens nés en Algérie) pour le ballon rond. Il se souvient encore d'avoir assisté sur ses terres natales, à une rencontre de prestige entre le Real Madrid de Di Stefano et le grand Stade de Reims de Kopa . La vie de Marc Morales est placée tout d'abord sous le signe de la ponctualité. A Besançon , son père, militaire, prit sa retraite, il intègre, à la fin des années 60, l'École Nationale de l'Horlogerie. Ce n'est pourtant pas dans ce domaine de précision qu'il brillera, mais dans celui de la Lumière. Il diffusera d'ailleurs cette dernière à profusion au Château viticole de Jean-Louis Triaud , futur président des Girondins de Bordeaux, signe du destin peut-être ! Inépuisable, c'est cependant sur le terrain que Marc s'accomplit le mieux et qu'il s'éclate, saison après saison, dans le plus parfait anonymat. Son bonheur à lui est simple. Retrouver ses potes qu'il côtoie depuis trois décennies à Pierroton . Sur le carré vert, et en ces occasions tout est permis, les passes à l'adversaire, les approximations...et quelquefois le plaisir de faire trembler les filets adverses ! Fin de la partie, on se congratule, on se retrouve autour du pot de l'amitié, les bières ont alors remplacé le ballon ! Les rires fusent, le «chambrage» est de mise. On se souvient des temps anciens et on refait le match de la matinée. Sur la violence de la société, Marc Morales pose un regard sans concession. Il se rappelle les années 60 et le départ sans retour de l'Oranie, quand les règlements de compte succédèrent aux espoirs de paix. Il voue le même dégoût à ces algarades qui «pourrissent» le foot amateur. Il est assez logiquement à l'origine de la Commission d'Ethique , qui voit le jour dans le Challenge Celtic début 1990. Il est hors de question pour lui et ceux qui le suivent que l'enjeu prime sur le jeu. Marc Morales est encore féru de culture. Ce passionné de musique (il joue du violon) a été ému aux larmes par la lecture d'un ouvrage de Pierre Perez , retraçant l'histoire de la ville d'Arzew. Oui, décidément, « Marc Morales est cet anti-héros », qui confesse «peut-être une année de plus tant que je prends du plaisir Parallèlement, il s'extasie à voir grandir ses petits-enfants sans pour autant déroger à sa sacro-sainte rencontre dominicale. Si vous le croisez, parlez-lui sans nostalgie de son passé, brandissez en étendard l'avenir...évoquez sans restriction ses passions...je suis sûr qu'il vous écoutera !! Christophe GAMEIRO