«A leur rencontre»
Marc Vanhove aurait pu être américain, tant sa « success story » détonne dans une ville comme Bordeaux où afficher sa réussite n'est pas habituel. Il est pourtant bien de sa cité, il y vit en plein cœur du quartier des Chartrons, nous l'avons rencontré par un après-midi de canicule, au début de l'été. Comment l'ancien cancre, qui avouait, en 2007, «ne pas avoir lu un livre de sa vie», est-il devenu l'homme aux 131 restaurants disséminés sur l'ensemble de l'hexagone, à la tête d'un groupe valant aujourd'hui 200 millions d'euros ? Ce qui se dégage de l'homme, c'est d'abord sa force de conviction. On l'imagine sans peine être aussi à l'aise au sein de sa Taskforce*, composée de 20 personnes que devant des banquiers. Dans son ouvrage autobiographique «Comme «air» cent mille euros par mois»**, il confessait «si l'on se fixe un but, il est toujours possible de l'atteindre». Cet admirateur de Bernard Tapie s'est largement inspiré des méthodes positives de l'ex-homme d'affaires sans en emprunter les travers. Tout avait pourtant mal commencé pour Marc Vanhove : milieu social modeste, parents divorcés, on vit «à la dure» dans les années 70. L'hiver, on chauffe l'eau à la gazinière, et avec ses frères on se soutient. La pauvreté sans excès est l'amie quotidienne des Vanhove , du côté de Saint- Médard-en- Jalles. Très jeune, Marc y pratique le football, chez les «Jaunes et Noirs», mais son CAP de cuisinier l'empêche d'avoir la moindre ambition sportive. En 1987, alors qu 'il a à peine 20 ans, il sait «qu'il est fait pour diriger et non pour être commandé». Il achète le restaurant « Bel Air » à Bordeaux, rue Saint-Sernin, pour un franc symbolique et y reçoit déjà le Gotha du football girondin. Alain Roche , Aimé Jacquet , Jean-Marc Ferreri tous consultants aujourd'hui, sans oublier l'ex-président Claude Bez sont ses clients. Ses recettes font mouche déjà, à l'image de la «remise en valeur gustative et visuelle» de l'établissement. Marc veut aussi communiquer. Il fait de la pub sur les radios locales, le Sud-Ouest , et le gratuit de l'époque, Confetti , distribué alors dans les cinémas. Le restaurant, malgré sa bonne fréquentation, contracte de nombreuses pertes, en raison de frais de remise en état notamment. En 1989, c'est la faillite, et Marc Vanhove doit 1,6 million de francs à la Société Générale . C'est le début des «années noires». En 1990, son restaurant, ·les « Braseros », à Lège-Cap-Ferret est incendié, il subit un contrôle fiscal de 2,6 millions de francs et sa deuxième femme, Éliane, connaît un gros pépin de santé. La caractéristique de Marc Vanhove a toujours été le rebond, cependant. L'acquisition du « Bistro du Musée », place Pey Berland, allait lui permettre de se remettre à flot, l'affaire progressant vite de 30% par an. Le joueur qu'il est en affaires, mais aussi dans la vie, achevèrent, par ailleurs, de le redresser définitivement. Il gagne au Loto sportif , grâce à une martingale entre 1996 et 2001, pas moins de 400 000 euros ! Son énorme coup, toutefois, il «le réussit avec rien et il achète le mythique «Régent ». Cette brasserie de la place Gambetta, installée dans d'anciennes écuries était, depuis de nombreuses années, une véritable institution. Qu'à cela ne tienne, avec le soutien des banques, Marc Vanhove se mit «à gagner 100 000 euros par mois, sans avoir déboursé le moindre centime personnel». «Le succès attire le succès», prophétise l'entrepreneur, et les faits allaient lui donner raison ! Une nouvelle fois il allait se montrer visionnaire. Animé par cette « rage de vaincre », Marc lance en 2010, sa saga des « Bistro Régent ». A l'origine, trois restos «pilotes» à Bordeaux, avec une formule à moins de 15€, sans entrées, mais avec plats de viande et de poisson accompagnés de frites. Il y en a désormais, en 2019, 131 partout dans l'Hexagone ! Vanhove en possède pas moins de 32 en Gironde pour un chiffre d 'affaires de 50 millions d'euros sur ce seul département. La liste des franchisés ne cesse de grandir. On reçoit 700 à 900 demandes par an, Marc et ses conseillers n'en recrutent qu'une vingtaine. Le restaurateur est novateur dans bien de domaines. Il lance le «vin au verre», il y a 32 ans, s'attirant ainsi les foudres de ses concurrents. Il provoque sans cesse le destin et a bien vite compris, qu'une affaire aussi florissante soit elle n'est rien sans le marketing ! C'est dans cette logique qu'il s'adjoint le concours du grand chef Philippe Etchebest , en 2013, qui accepte le parrainage des « Bistro Régent ». De même, passionné de football, il se rapproche des Girondins de Bordeaux , et il en devient sponsor unique de 2019 à 2023. Les résultats ne sont pas là, peu lui importe. Le club fait encore partie, selon lui, des «6 grands clubs français». Lors d'une rencontre avec l'investisseur Joe Da Grosa , en janvier 2019, celui-ci lui aurait soufflé sur le ton de la plaisanterie : «On aurait vous prendre comme président !». Marc a un avis sur le recrutement. Il aurait bien vu arriver le coach Claude Puel , et Franck Ribery , en personne comme joker ! Une telle ambition ne pouvait pas, bien sûr, passer à côté de la politique. Après un échec à la mairie de Bordeaux, en 2008, il peaufine sa stratégie économique, qu'il compte faire partager à Emmanuel Macron , le 10 octobre prochain au sommet du BPI ( Banque Publique d'Investissement ). Il s'adressera, à cette occasion, à 45 000 chefs d'entreprises convoqués pour la circonstance. Sa philosophie est simple : il prône la dématérialisation de l'argent (plus de billets, plus de pièces) et une TVA générale qui englobe une grosse partie des charges sociales. Il estime que la «politique du ruissellement» a montré ses limites et que le mécontentement populaire récent en est le corollaire. Marc Vanhove avoue, enfin, «aimer la lumière». Rien d'étonnant ainsi à ce qu'il collabore à « Dragons Den », sous l'impulsion de M6 , qu'on verra à l'écran à l'hiver 2019, sous une autre appellation. Le concept réunit 6 entrepreneurs à succès. On y retrouvera, en particulier, les fondateurs de Blablacar et Marc Simoncini celui de Meetic . Cette émission mettra en exergue le chef d'entreprise, si souvent décrié dans notre pays, vu davantage comme un exploiteur que comme un créateur d'emploi. Marc Vanhove , aux multiples casquettes et défis, qui ne cesse de se renouveler et de surprendre. «Quand j'arrive à 300 restaurants, je vends mon affaire», clame-t-il. Se verrait-il alors en futur repreneur des Girondins, en conquérant de l'espace, en viticulteur de talent ? Nul ne le sait, mais le plus «parisien des bordelais», à 53 ans, n'est pas prêt de quitter un navire dont il demeure le «Régent». * 20 personnes dans cette Taskforce dont Patrick Bachey , (ancien patron de la «Part du Lion») aujourd'hui Directeur Développement de la
«Marc Vanhove : la rage de vaincre»
RÉACTIONS FACEBOOK - Jérémy Berrié: Comme les autres portraits, c'est parfait. Très beau travail. - Laurent Lambert : Belle histoire de réussite !! - Renée Alonso : Ta transparence et ton parlé vrai qui aurait pu te desservir tant parfois tu es « vrai » justement, font de toi aujourd’hui un chef d’entreprise atypique et respecté ! Chapeau bas Marc!!!