Tel un artiste de la Renaissance, Mika est penché sur son chevalet et crayonne scrupuleusement. Depuis 22 ans, son défi reste le même : dresser en quelques minutes la caricature de son modèle. Ce dernier sera ce jeudi 4 avril 2019 votre serviteur qu'il imagine en Tintin, grand reporter à la sauce Hergé ! En deux décennies, Mika dessinateur-caricaturiste est devenu le complice des soirées bordelaises, des rendez-vous sportifs et l'incontournable créateur de bandes dessinées. Rien ne le prédestinait à vivre «d'une passion qui devint son métier». Il aurait pu être champion cycliste comme son père, mais une grosse chute à l'âge de 16 ans est à deux doigts de l'emporter. Il aurait être gendarme, par le biais de son service militaire qu'il effectua à Auxerre pendant trois mois. Une nouvelle fois son état de santé en décida autrement et à sa grande satisfaction, finalement, il n'intégra pas la maréchaussée. Atteint d'une hépatite transmise suite à une malheureuse extraction dentaire dans un hôpital militaire, il fut réformé plus vite que prévu ! Il fallait bien vivre, cependant. Alors, curieusement, notre artiste fit un temps le choix de la mort ! Pendant plusieurs années, il travailla effectivement, dans l'univers funéraire, y organisa des cérémonies, y vendit des services . Cela lui octroya une assise financière nécessaire à l'accomplissement de ses desseins. Ces derniers prirent leur tournure actuelle aux alentours de la trentaine. En 1991, Philippe Greiller, futur producteur de « Foot Gironde », était l'instigateur du magazine des Girondins qui s'appelait alors «le Scapulaire ». Mika le convainc d'intégrer à chaque numéro distribué dans les travées de Chaban, un «strip» qui n'est autre qu'une bande dessinée en trois images. Il ne le savait pas encore, mais son destin venait de basculer ! Celui qui dessinait en cours depuis longtemps, et qui ne s'éclatait vraiment que dans les seuls arts plastiques, changea alors radicalement d'orientation. Il fallut néanmoins attendre encore trois ans, pour qu'il se risque à réaliser en live ses premières caricatures. En 1994, c'est le grand bluff. Il accepte de faire l'inauguration du centre commercial « Grand Tour » à Sainte-Eulalie, et ses dessins sont couronnés de succès. «Je suis lancé, je sens qu'on peut faire un business», admet-il a posteriori. Et il a raison Bernard Micas , (c'est son vrai nom), car les caricaturistes sont monnaie rare en Gironde. Ils sont trois en réalité à se partager ce marché de l'événementiel. Outre lui-même, on retrouve Lioyo et Seb Rieu . Ils s'entendent bien et se partagent les affaires. «On a pris une claque depuis 10 ans, malgré tout!», clame à regret Mika. Mais il vit de son art et fait partie de la «Maison des artistes», signe distinctif de l'appartenance à ce club très fermé. Il a ses techniques bien à lui. Fier de ses racines bordelaises, il voue à Bacchus quelques- unes de ses libations!Il peint ainsi avec du vin et c'est son moindre défaut. « Un bon dessin vaut mieux qu'un long discours », somme toute ! Il voyage aussi notre Mika, et ce grâce à la rencontre fortuite avec Pathy Bad , directeur artistique de l'« Ange Bleu » le plus grand cabaret de France. Il rencontre la famille royale à Rabat au Maroc. Il nous mène en bateau vers la Finlande avec les croisières « Viking Line» . Mika s'aperçoit bien vite que son incomparable coup de crayon ne laisse pas insensible les grands de ce monde. Le caricaturiste nous précise au passage un trait de sémantique. «Caricare» signifie en latin «charger». Alors oui il force le trait non sans humour, mais les «victimes» sont consentantes et le plus souvent ravies ! «Je veux faire une formation en art thérapie», commente t-il. On perçoit derrière le dessinateur toute la sensibilité de l'homme et visiblement elle est à fleur de peau, chez notre individu. «Je crois qu'on peut aider un malade en l'initiant à l'art», surenchérit- il. Ce n'est pas au chevet de l'un d'entre eux qu'il se rendra vendredi 5 avril, mais dans les salons VIP du Matmut Atlantique , à l'occasion du choc Bordeaux-Marseille . Mandaté par les Girondins, avec qui il travaille de temps en temps, il devra avant et après le match «croquer» les partenaires du club et faire le show comme il l'accomplit depuis tant d'années. Est-il lassé de ces mondanités ? Pas le moins du monde, mais il confesse toutefois, que son souhait de quitter la ville, pour la région pyrénéenne, source d'inspiration reste un pari de demain. Il croit enfin, notre Mika, à la «réincarnation des âmes». En quoi ou qui se verrait-il dans une autre vie ? Pourquoi pas transformé en félin, lui qui adore les chats et le sien en particulier ? Il ferait alors patte de velours et ronronnerait sur la table de son maître...qui aurait pu être Montaigne* , il y a près de 400 ans ! * On posa à Montaigne la question du pourquoi un manuscrit original des « Essais » avait été déchiré. L'auteur répondit alors qu'il ne souhaitait pas réveiller son chat ! Facebook : Mika Dessinateur Christophe GAMEIRO
MIKA : «UN BON DESSIN VAUT MIEUX QU'UN LONG DISCOURS !»