ÉTUDE DE DOCUMENTS

Le 13 mai 1958

 

Document 1 : la Une du Figaro du 14 mai 1958

 

 

Document 2 : De Gaulle, sauveur de la paix civile ?

 

 A partir du moment où l’armée, passionnément acclamée par une nombreuse population locale et approuvée dans la métropole par beaucoup de gens écœurés, se dressait à l’encontre de l’appareil officiel, où celui-ci ne faisait qu’étaler son désarroi et son impuissance, où dans la masse aucun mouvement d’adhésion et de confiance ne soutenait les gens en place, il était clair qu’on allait vers la subversion, l’arrivée soudaine à Paris d’une avant-garde aéroportée, l’établissement d’une dictature militaire fondée sur un état de siège analogue à celui d’Alger, ce qui ne manquerait pas de provoquer, à l’opposé, des grèves de plus en plus étendues, une obstruction peu à peu généralisée, des résistances actives grandissantes. Bref, ce serait l’aventure, débouchant sur la guerre civile, en présence, et bientôt avec la participation des étrangers. A moins qu’une autorité nationale, extérieure et supérieure au régime politique du moment aussi bien qu’à l’entreprise qui s’apprêtait à le renverser, rassemblât soudain l’opinion, prît le pouvoir et redressât l’État. Or, cette autorité-là ne pouvait être que la mienne.

                                                                                                                                             Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir, Plon, 1970

 

Document 3 : déclarations du général de Gaulle à la suite de la crise du 13 mai 1958

 

Communiqué du 15 mai :

                La dégradation de l’Etat entraîne infailliblement l’éloignement des peuples associés, le trouble de l’armée au combat, la dislocation nationale, la perte de l’indépendance. Depuis douze ans, la France, aux prises avec des problèmes trop rudes pour le régime des partis, est engagée dans ce processus désastreux.

                Naguère le pays, dans ses profondeurs, m’a fait confiance pour le conduire, tout entier jusqu’à son salut.

                Aujourd’hui, devant les épreuves qui montent de nouveau vers lui, qu’il sache que je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République.

 

Conférence de presse du 19 mai :

                Question : Vous avez dit que vous seriez prêt à assumer les pouvoirs de la République. Qu’entendez-vous par là ?

                Réponse : Les pouvoirs de la République, quand on les assume, ce ne peut être que ceux qu’elle aura elle-même délégués. Voilà pour les termes qui sont parfaitement clairs. Et puis, il y a l’homme qui les a prononcés. La République ! Il fut un temps où elle était reniée, trahie par les partis eux-mêmes. Alors moi, j’ai redressé ses armes, ses lois, son nom. […]

                Question : Certains craignent que, si vous reveniez au pouvoir, vous attentiez aux libertés publiques.

                Réponse : L’ai-je jamais fait ? Au contraire, je les ai rétablies quand elles avaient disparu. Croit-on qu’à soixante-sept ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?

 

Communiqué du 27 mai :

                J’ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain capable d’assumer l’unité et l’indépendance du pays. Je compte que ce processus va se poursuivre, et que le pays fera voir, par son calme et sa dignité, qu’il souhaite le voir aboutir.

 

Document 4 : intervention de Pierre Mendès France devant l’Assemblée Nationale, 1er juin 1958

 

 La IVème République périt de ses propres fautes. Ce régime disparaît parce qu’il n’a pas su résoudre les problèmes auxquels il était confronté. […]

                Quoi qu’il en coûte aux sentiments que j’éprouve pour la personne et le passé du général de Gaulle, je ne voterai pas en faveur de son investiture ; et il n’en sera ni surpris ni offensé. […] Je ne puis admettre de donner un vote contraint par l’insurrection et la menace d’un coup de force militaire. (Applaudissements à l’extrême gauche et sur plusieurs bancs à gauche). […] Je ne fais pas allusion, dans cet instant, aux menaces individuelles et nominatives, presque officielles, à l’égard d’un certain nombre d’entre nous et dont la censure interdit la reproduction ; j’évoque le chantage à la guerre civile, l’annonce du coup de force organisé contre les représentants du peuple au cas où leur décision ne serait pas celle qu’on prétend leur dicter. (Applaudissements à l’extrême gauche). Ces préparatifs dont le gouvernement a connaissance, dont la presse étrangère fait état et dont on s’entretient constamment jusque dans les couloirs de cette Assemblée. Le peuple français nous croit libre ; nous ne le sommes plus.

 

 

Questions :

  1. Présenter les documents.
  2. Sélectionner, classer, confronter les informations tirées des documents et les regrouper par thèmes.
  3. Rédiger une synthèse en réponse à la problématique définie par le sujet, en faisant appel à l’ensemble des informations tirées des documents (300 mots environ).

 Liste Devoirs