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"Aussitôt que mon trait ému a modelé la lumière de ma feuille blanche, sans
en enlever sa qualité de blancheur attendrissante, je ne puis plus rien ajouter,
ni rien en reprendre" Henri Matisse
Matisse : portrait de Baudelaire
Le portrait de Baudelaire analysé, est une eau-forte qui figure dans "Poésies de Stéphane
Mallarmé" paru aux Éditions Skira en 1932. [Elle a été reproduite à partir
du livre d'Aragon "Henri Matisse roman" paru aux Éditions Gallimard en 1971]
La citation de Matisse mise en exergue, est extraite d'un article paru
dans Le Point en juillet 1939 (Notes d'un peintre sur son dessin), publié
dans le recueil de ses textes "Ecrits et Propos sur l'art", paru chez Hermann
en 1972.
le paradoxe de transformation principal : regroupement réussi / raté
Il existe quantités de dessins de Matisse qui, tel celui-ci, sont
réalisés à l'aide d'un trait fin qui entame à
peine la blancheur de la feuille.
Dans "Matisse-en-France", Aragon rapporte ce commentaire de Matisse à
leur propos : "Remarquez que toutes mes feuilles dessinées ont, aucune
de mes feuilles dessinées n'a perdu l'attendrissante blancheur du
papier, même quand un trait les divise en compartiments de diverses
qualités".
C'est bien en effet un aspect remarquable, que le blanc de la feuille reste
une perception dominante, immanente, quand on regarde ce type de dessin,
et cela malgré les traits qui la lacèrent en tout sens et qui
ne semblent pas l'entamer, la "griser", la salir ou l'atténuer de
quelque façon. Le blanc de la feuille reste entièrement regroupé
dans cette blancheur immaculée, et pourtant des traits sont bien là
qui cassent complètement son apparence de "feuille blanche".
Il s'agit de l'expression a3-a du "regroupement réussi / raté".
De l'observation de ces traits, une tête émerge, se rassemble devant nous.
Mais comme les traits ne sont pas reliés entre eux, et que certains
même sont très écartés les uns des autres, ce
rassemblement du portrait est instable, fugace, et il se disloque facilement
en de multiples traits épars.
Il s'agit de l'expression a16 du "regroupement réussi / raté".
Dans l'effet précédent, on tenait compte de l'aspect décousu
du portrait, de l'écart qui existe entre tous les traits et qui les
tient séparés.
Si l'on observe maintenant la façon même dont chacun se dessine,
on voit qu'ils partent vers des directions très différentes
les unes des autres, et que le sens de leurs courbures est tellement varié
qu'il est tout à fait impossible de les suivre des yeux tous en même
temps.
Cette impossibilité que l'on a de tous les saisir visuellement en
même temps, nous empêche précisément de tous les
regrouper dans notre vision pour bien saisir la figure qu'ils forment ensemble.
Et pourtant, tous se regroupent pour faire un même portrait.
Il s'agit de l'expression a10 du "regroupement réussi / raté".
Il n'y a pas des traits épais mélangés à des
traits fins, des traits colorés mélangés à des
traits noirs, des traits continus mélangés à des traits
en hachures : tous les traits se regroupent dans une même sorte de
traits, puisqu'il s'agit toujours de traits noirs, fins et continus.
Mais des différences se marquent cependant entre eux, qui empêchent
de les considérer comme tous les mêmes :
- certains sont longs et d'autres sont nettement plus brefs,
- certains ondulent dans tous les sens et d'autres ne se courbent que d'un seul côté,
- certains se creusent profondément et d'autres ne s'arquent que très faiblement,
- certains se creusent d'un côté et d'autres se creusent de l'autre côté,
- certains se referment presque en boucle, et d'autres
ont l'une de leurs extrémités libre, quand ce ne sont pas les
deux.
il s'agit de l'expression s10 du "regroupement réussi / raté".
On vient d'envisager les traits, mais le même effet s'observe pour
les espaces blancs qu'ils laissent entre eux : ils sont tous regroupés
dans le blanc de la feuille, mais certains forment de petits îlots
de taille très réduite (la pupille des yeux, les narines),
d'autres forment des bandes allongées (sous la ride du front, entre
les sourcils et les yeux, le nez, la lèvre), d'autres sont des enclos
de taille moyenne (les boucles des cheveux), d'autres sont des espaces fermés
d'un seul côté et laissés ouverts par ailleurs (les pommettes
des joues, le menton), d'autres disposent d'une surface nettement plus grande
que les autres (le triangle du cou) ou ne sont pas du tout clos (le haut
du front, le col de l'habit, et l'air de chaque côté de la tête).
Il s'agit encore de l'expression s10 du "regroupement réussi / raté".
De nombreux traits se regroupent selon des alignements dont on peut ressentir la continuité.
Ainsi, l'une de ces continuités part d'une arcade, suit une arête
nasale, se retourne au bout du nez, remonte l'autre arête nasale, puis
parcourt l'autre arcade.
Une autre continuité part d'un sommet du crâne pour dessiner
une joue, faire le menton, puis l'autre joue, puis remonter l'autre côté
du crâne ou le trait se reprend en parallèle pour faire la chevelure.
Mais pour saisir ces regroupements continus, il faut franchir des failles
qui séparent les traits entre eux, des failles qui empêchent
que ces continuités soient véritablement réussies.
Il s'agit de l'expression s16 du "regroupement réussi / raté".
Puisqu'il s'agit d'une tête humaine, instinctivement nous ressentons
qu'elle forme un volume fermé, d'autant qu'elle est nettement fermée
par en bas par la courbe continue du menton que double le col du vêtement,
et fermée par en haut par le barrage que forme la ride du front qui
double le trait des arcades sourcilières.
Mais en même temps, c'est une tête que l'on peut dire "ouverte
à tous vents", mal fermée en bas par l'écart qui reste
entrebâillé entre le trait du cou et celui du col, complètement
ouverte au-dessus par l'absence de trait pour marquer le front, percée
aux raccords entre le menton et la joue, et dont la chevelure flotte toute
entière au-delà du visage.
Il s'agit de l'expression s4 du "regroupement réussi / raté".
premier paradoxe de transformation secondaire : rassembler / séparer
Tous les traits sont rassemblés dans un même portrait.
Pourtant, tous les traits sont bien séparés les uns des autres,
au point qu'aucun ne touche un autre, et que certains même sont très
écartés des autres.
Il s'agit de l'expression a15 du "rassembler / séparer".
L'emploi de traits bien séparés est tellement systématique
ici, que cela donne une unité plastique à l'ensemble, indépendamment
même du visage que fait voir leur regroupement : qu'ils soient tous
des traits séparés est donc aussi ce qui les rassemble, ce
qui fait qu'ils ont quelque chose en commun en tant que trait.
Il s'agit de l'expression s16 du "rassembler / séparer".
Les traits se rassemblent selon des alignements ou des continuités
qui nous sont suggérés : une bande de traits forme le tour
du visage et se relie aux verticales du cou, une autre relie les deux arcades
sourcilières en passant par le nez, des couples de traits ferment
l'amande des yeux. Pourtant, simultanément les coupures qui marquent
ces continuités ne peuvent manquer de nous apparaître.
Il s'agit de l'expression s10-2.a du "rassembler / séparer".
Au lieu de considérer les traits, on peut aussi considérer
le blanc dans lequel ils se tracent : ce blanc reste toujours rassemblé
en continu malgré les coupures que les traits lui infligent et qui
le divisent en compartiments séparés.
Il s'agit, cette fois, de l'expression a2 du "rassembler / séparer".
À certains endroits les traits se touchent presque, et forment alors comme des noeuds de convergence.
À d'autres endroits au contraire, ils s'écartent les uns des autres.
La ride du front, quant à elle, se tient toujours écartée des autres.
Il s'agit de l'expression a6 du "rassembler / séparer".
La façon dont les traits qui dessinent les deux pupilles se referment
en rond, se rassemblent en rond sur eux-même, sépare ces ronds
du reste de la surface puisqu'elle les isole en îlots fermés.
Il s'agit de l'expression s12-1 du "rassembler / séparer".
Bien que tous les traits soient rassemblés dans un même portrait,
des affinités de formes les rassemblent par groupes :
- on peut distinguer des traits qui forment des enclos,
tels le rond des pupilles, les couples qui forment l'amande des yeux, et
ceux qui cernent les narines,
- on peut distinguer les traits qui se suivent dans des
alignements ouverts, tels ceux qui cernent le visage en passant par le menton,
ou ceux qui relient les deux arcades sourcilières en passant par les
arêtes du nez,
- enfin, on peut distinguer ceux qui restent isolés
et qui ne servent ni à clôturer des espaces ni à réaliser
des alignements. Ainsi en va-t'il de la ride du front, des rides obliques
sous les yeux, et du col gauche de l'habit.
Chaque fois que nous rassemblons ainsi dans un même groupe des traits
qui se ressemblent, nous séparons simultanément ces traits
de tous les autres qui n'appartiennent pas au même type.
Il s'agit de l'expression s3 du "rassembler / séparer".
D'autres ressemblances amènent à les rassembler par groupes,
mais il s'agit cette fois d'effets de parallélisme qui les relient
par paires dans lesquelles ils se font échos :
- la ride du front s'apparie successivement avec chacune des deux arcades qui lui sont parallèles,
- chacune des deux arcades s'apparie avec le dessus de l'oeil qui lui est parallèle,
- les rides obliques sous les yeux s'apparient avec les rides obliques qui partent des narines,
- les deux arêtes nasales parallèles s'apparient entre elles,
- les deux traits parallèles de la lèvre
inférieure s'apparient pour former précisément ensemble
cette lèvre,
- les deux ondulations des tempes et de la joue s'apparient
pour fermer le visage à gauche et à droite,
- les deux traits verticaux parallèles qui forment
le cou s'apparient pour former précisément ensemble le cou.
Chaque fois que nous rassemblons ainsi visuellement deux traits parallèles
qui se font échos, nous les séparons de l'ensemble des autres
traits, puisque nous isolons cet effet de rassemblement, et sous cet aspect
là nous retrouvons l'effet s3 envisagé précédemment.
Mais plus spécialement, ces regroupements par paires nous font rassembler
visuellement par deux des traits bien écartés l'un de l'autre,
ce qui correspond cette fois à l'expression a12 du "rassembler /
séparer".
Revenons sur les deux grands alignements de traits qui sont suggérés
: celui qui cerne le visage depuis les tempes en passant par le menton, et
celui qui relie les deux arcades sourcilières en passant par le nez.
Ces alignements relient des points éloignés de la feuille,
mais ce faisant, ils la séparent inévitablement en compartiments
qui sont situés d'un côté et de l'autre de leur continuité.
Il s'agit de l'expression s13 du "rassembler / séparer".
deuxième paradoxe de transformation secondaire : synchronisé / incommensurable
Les traits se dessinent dans tous les sens, et ils ondulent de façons
tellement variées qu'il est impossible de les suivre tous en même
temps afin de comprendre comment ils s'y prennent pour se coordonner.
Pourtant, ils se coordonnent tous dans un portrait qui "sort" clairement de leur rassemblement.
Il s'agit de l'expression s4 du "synchronisé / incommensurable".
L'utilisation franche de traits répartis sur une surface blanche,
est complètement étrangère à la réalité
de l'apparence d'une tête humaine et de son volume qui se dresse dans
l'espace. Étrangère au point même que l'on peut oublier
que ces traits rassemblés forment une tête et ne les considérer
que pour ce qu'ils sont : des traits sur une feuille.
Pourtant, bien qu'ils n'aient rien à voir avec l'apparence d'un visage,
ils savent synchroniser leur effet avec l'effet que produit sur nous l'apparence
d'un visage, puisque effectivement nous y voyons un visage.
Il s'agit de l'expression s10 du "synchronisé / incommensurable".
Concernant le même effet mais obtenu avec des moyens très différents,
on peut donner l'exemple de la gouache découpée dénommée
"L'Escargot" que Matisse réalisa une vingtaine d'année
plus tard, en 1952 : on peut parfaitement regarder en effet cette oeuvre
comme un pur assemblage abstrait de papiers colorés, et c'est pour
beaucoup à cause du titre que nous sommes entraînés à
y lire aussi un escargot.
À propos de cette oeuvre, Matisse a utilisé la formule : "abstraction
sur racine de réalité" (cité par Pierre Schneider dans
"Matisse" aux Editions Flammarion -1984- page 739)
troisième paradoxe de transformation secondaire : continu / coupé
Ce paradoxe nous fait considérer une fois de plus comment "l'attendrissante
blancheur de la feuille" est continuellement coupée par "les traits
émus" qu'y trace Matisse.
Il s'agit de l'expression a6 du "continu / coupé".
Comme ces traits sont tous écartés les uns des autres, la continuité
de la blancheur est conservée dans de nombreuses directions. Mais
dans le sens croisé à celui des traits, les traits la coupent
nécessairement.
Il s'agit de l'expression a2 du "continu / coupé".
Quand ils s'organisent en alignements les uns derrière les autres,
ou presque à la suite les uns des autres, les traits forment des continuités.
Mais toujours une petite interruption laissée en blanc, ou un petit
écart entre eux, marque une coupure dans cette continuité qui,
finalement, n'est que suggérée.
Il s'agit de l'expression a10 du "continu / coupé".
Certains traits ondulent ou marquent des inflexions nettes dans leur parcours.
C'est le cas des traits qui dessinent le front, les tempes, les joues et
la chevelure, de celui qui se courbe soudainement pour dessiner l'arrondi
du nez, et de celui qui rebondit discrètement pour dessiner la bouche.
Bien qu'à chaque fois le trait reste parfaitement continu en tant
que tracé pendant toute son évolution, le changement de courbure
qui s'opère marque une étape bien repérable dans son
tracé.
Il s'agit de l'expression s5du "continu / coupé".
On a déjà évoqué l'alignement continu que forment
les traits qui encadrent le visage depuis les tempes en passant par le menton,
et l'autre alignement continu qui relie les deux arcades sourcilières
en passant par le nez.
Ces continuités font contraste avec les tracés beaucoup plus
courts, rapidement coupés donc, que forment les autres traits qui
eux, restent isolés.
Il s'agit de l'expression s6 du "continu / coupé".
le paradoxe d'état dominant : homogène / hétérogène
Toujours on garde à l'esprit qu'il s'agit d'une feuille blanche, et
d'un blanc homogène, sur laquelle se dessinent de fins tracés
noirs.
Ces "tracés émus", selon l'expression même utilisée
par Matisse, sont autant d'hétérogénéités
qui entament son "attendrissante blancheur", dont pourtant ils ne troublent
pas l'homogénéité immaculée, puisqu'ils n'y créent
aucune zone que l'on pourrait qualifier de "grisée" ou de "non blanche".
Il s'agit de l'expression s3 du "homogène / hétérogène".
Pourtant, si le blanc reste partout le même blanc, les courbures et
les pincements que dessinent les traits en font surgir des effets de lumière
qui différencient dans ce blanc des zones qui sont plus lumineuses
que d'autres.
C'est notamment le cas des yeux dont le rond de la pupille fait sortir un
blanc particulièrement éclatant, mais cela vaut aussi par exemple
pour les courbes des cheveux, des joues ou du menton, pour les pincements
des traits au voisinage des narines ou des traits qui dessinent les lèvres.
Tous ces effets d'optique provoqués par les courbures ou les pincements
des traits, suggèrent comme des amorces de volume, et par ces amorces
de volume et les luminosités plus éclatantes qu'ils génèrent
dans le blanc de la feuille, ils créent des hétérogénéités
dans son blanc pourtant uniformément blanc, et des hétérogénéités
sur sa surface pourtant uniformément traitée en aplat, sans
aucun effet de profondeur ou de perspective.
Il s'agit de l'expression s15 du "homogène / hétérogène".
De façon homogène, tout le dessin est réalisé par le moyen d'un fin tracé.
Dans cette homogénéité du traitement, ressortent cependant des zones traitées différemment :
- certaines parties du dessin sont formées par
des traits qui se courbent et qui se referment fortement sur eux-mêmes
: les pupilles des yeux et les narines,
- dans d'autres parties du dessin les traits se relient entre eux par effets de voisinage,
- et ailleurs encore, certaines zones correspondent à
des traits dont l'une des extrémités est bien isolée
au milieu du blanc.
Il s'agit de l'expression s16 du "homogène / hétérogène".
Dans l'expression précédente on s'intéressait à
l'allure différente des zones générées par les
traits, mais on peut aussi s'intéresser à l'allure des traits
eux- mêmes.
Tous sont réalisés de façon homogène : l'épaisseur
est constante et la même pour tous les traits, et il en va de même
de leur couleur.
Mais ces traits uniformes se différencient par leur longueur, puisque
certains sont très courts alors que d'autres se prolongent longuement,
et ils se différencient aussi par le type de leurs évolutions
: quand certains ondulent en se tordant d'un côté puis de l'autre,
d'autres ne se courbent que d'un seul côté, et quand certains
se courbent énergiquement, d'autres ne s'arquent que très discrètement.
Il s'agit de l'expression s10 du "homogène / hétérogène".
Les traits donc peuvent se montrer très hétérogènes
entre eux par leur longueur, le type de leur courbure, et l'énergie même de cette courbure.
L'autre composant du dessin, le blanc de la feuille, lui en revanche est
bien homogène, et il ne se laisse jamais aller au gris ou au coloré.
Il s'agit de l'expression a4 du "homogène / hétérogène".
Le dessin est homogène avec ce qu'il représente : le visage de Baudelaire.
Mais pour y parvenir, il use de moyens qui sont complètement hétérogènes
avec l'apparence réelle du visage de Baudelaire, car il ne cherche
pas à dissimuler qu'il n'est qu'un agencement de traits isolés
répartis sur une feuille blanche, et non pas un volume, des textures
et des couleurs, comme il en irait avec le vrai visage de Baudelaire.
Il s'agit de l'expression s8-b du "homogène / hétérogène".
L'absence de limite franchement marquée pour le visage, notamment
en haut et en bas, fait que le blanc de la feuille cesse d'être le
blanc du fond pour devenir le blanc du portrait sans que l'on sache bien
où ces deux réalités se séparent.
Le blanc du fond, c'est-à-dire celui qui représente l'air qui
entoure le visage, est homogène avec le blanc qui correspond
à la présence du visage, il est indifférenciable de
lui. Pourtant, il faut bien que d'une certaine façon ces blancs soient
hétérogènes entre eux, puisque l'on voit l'un comme
étant le fond, et puisque l'on voit l'autre comme étant le
visage.
Il s'agit de l'expression a15 du "homogène / hétérogène".
premier paradoxe d'état dominé par le homogène / hétérogène : ouvert / fermé
On ne va pas examiner ici toutes les expressions des paradoxes d'état
dominés, on se contentera de deux expressions particulièrement
évidentes pour chacun d'entre eux, afin de souligner leur présence.
Pour le "ouvert / fermé", l'expression synthétique la plus
évidente est l'ouverture "à tous vents" du portrait, qui se
laisse partout traverser par le blanc de la feuille, et qui pourtant nous
semble incontestablement disposer de limites dont on pourrait même
désigner l'emplacement approximatif.
Il s'agit de l'expression a10-a du "ouvert / fermé".
Une expression cette fois analytique, également très immédiatement lisible, est le contraste :
- entre les traits qui se ferment en boucle sur eux-mêmes (les pupilles des yeux),
ou qui enclosent à plusieurs des espaces fermés (les yeux, le nez, les cheveux et les tempes),
- et les autres traits qui "partent vers le blanc", sans
être butés en tête, ni enclore nettement un espace.
Il s'agit de l'expression a1-a du "ouvert / fermé".
deuxième paradoxe d'état dominé par le homogène / hétérogène : ça se suit / sans se suivre
Il manque le haut du crane et il manque le corps sous la tête.
Pourtant, nous n'avons pas l'impression d'une tête scalpée au
dessus et décapitée au dessous, car notre perception réflexe
rétablit instinctivement la présence de ces parties qui "ne
suivent pourtant pas" sur le dessin.
Il s'agit de l'expression s15 du "ça se suit / sans se suivre".
Comme on l'a vu à plusieurs reprises, une partie des traits se groupent
en alignements continus et se suivent donc sous cet aspect.
Mais toujours un blanc les séparent, soit parce que la ligne est interrompue
(par exemple au passage entre les arcades sourcilières et les arêtes
du nez), soit parce qu'elle reprend avec un décalage sur le côté
(par exemple aux deux extrémités du trait qui dessine le menton).
Si un blanc sépare les traits ou s'ils ne sont pas l'un derrière
l'autre, alors c'est qu'ils ne se suivent pas strictement.
Il s'agit de l'expression s10 du "ça se suit / sans se suivre".
troisième paradoxe d'état dominé par le homogène / hétérogène : rassembler / séparer
Il a déjà été envisagé en sa qualité de premier paradoxe de transformation secondaire.