Cette
pièce interroge le spectateur sur notre
contradiction de rechercher en même temps une
relation d'intimité avec l'autre et de faire
partre d'un groupe social, tout en essayant de défendre
coûte
que coûte notre propre identité. Ces situations étranges
ou inquiétantes qui génèrent un
sentiment de solitude durent un instant, une heure,
un jour ou plus . Et quand elles s'expriment sous aucune
forme, elles peuvent conduire à une profonde
sensation d'isolement. L'art de Denrées
périssables est de traduire, de décrire, de s'arrêter
sur des détails, de mettre en mouvement des émotions
profondément enfouies en chacun de nous. Ces
moments d'attente, de déstabilisation, de rejet
ou de manque de repères, traversés à toutes
les périodes de la vie, précèdent
souvent un nouvel élan vers l'extérieur.
C'est sur ce thème que neuf adhérents
de la Maison populaire, qui fréquentaient les
séances
hebdamadaires de l'atelier de danse contemporaine de
la chorégraphe Cathy Testa, ont souhaité créer
un spectacle d'un niveau professionnel. "C'est
tout un cheminement, résume Elisabeth. Participer à une
réelle création m'a demandé de
placer la danse en priorité cette année,
donc de la choisir au détriment d'autres choses
que j'aurais eu envie de faire. Cela signifie un investissement
en temps, puisque ça a représenté plusieurs
soirées par semaine, beaucoup de week-ends et
mes congés payés. Mais au-delà de
là danse, cette expérience a soulevé de
nombreuses réflexions: sur la persévérance,
la liberté, notamment par rapport aux apparences,
l'acceptation de ses propres limites et le dépassement
de soi." C'est à la demande de ces Montreuillois
que les danseurs et chorégraphes Cathy Testa
et Marc Thiriet, réputés pour leur exigence,
ont décidé de mettre leur professionnalisme à leur
service: "Habituellement, lors d'une résidence,
on intervient pour de l'initiation, expliquent-ils. Dans
le |
cadre
d'une création, ce n'est plus un loisir
pour les participants, c'est un véritable parcours.
Il faut chercher, recommencer, les relations ne sont
plus les mêmes puisque nous ne sommes plus des
professeurs. Tout le monde est là pour comprendre
par quel chemin il est nécessaire de passer, avec
les doutes, les incertitudes, les impasses, ce qui est
aléatoire, incontrôlable. Nous avons choisi
de ne jamais dire ce que l'on voulait mais de laisser
chacun vivre, écrire,
parler, défendre ce qu'il ressentait, et traverser
le même processus que dans une compagnie professionnelle.
Nous nous sommes inspirés de l'univers du peintre
Francis Bacon et du roman La Piscine, de Yôko Ogawa.
Pour nous, c'est surtout une rencontre avec une belle équipe,
une année très intense avec des gens très
généreux."
Malgré une forte occupation du studio de danse par une dizaine d'autres
ateliers, la Maison populaire a largement soutenu ces adhérents. Comme
le souligne Anna Anguino, responsable de ce secteur artistique: "Nous
avons souhaité leur offrir les meilleures conditions possibles pour qu'ils puissent
mener ce projet jusqu'au bout, en valorisant leur travail. Nous avons ouvert
un atelier spécial de techniques de danse pour leur fournir des outils
de base. Nous avons accompagné techniquement et financièrement
la démarche professionnelle dont ils se sont imprégnés.
La représentation au théâtre Berthelot leur permettra d'être
confrontés à un vrai public." Lumières, création
audiovisuelle, costumes ont été minutieusement élaborés,
s'ajoutant à la rigueur des répétitions... À vous
de juger...
• Françoise Christmann
• Denrées périssables,
samedi 12 juin, a 20 h 30, théâtre Berthelot
6, rue Marcellin-Berthelot. Tél. : 01 42 87 08 68
Entrée 8 € et 10 € |