Je laisse le soin à Matthieu (écrivez-lui) de développer l'autre aspect essentiel de l'épisode Milagro : les rapports entre le créateur et sa création/créature...
Episode 6X18 : Milagro
" Fascinant " c'est le mot, qui m'est venu tout de suite à l'esprit, à l'issue de cet épisode, et je n'ai été que partiellement étonné
d'apprendre que Chris Carter en était à l'origine ... Mais , contrairement à ce que tu dis dans ton commentaire, je ne pense pas
que le seul intérêt de cet épisode réside dans " un exercide de style et l'occasion d'une performance d'actrice pour Gillian
Anderson ", même si j'adhère à cette analyse...
Je m'explique, pour moi cet épisode parle avant tout des romanciers, scénaristes et autres conteurs d'histoire ... "Qui n'a jamais
écrit d'histoire ne peut pas comprendre l'horreur du syndrome de la page blanche" ( Pré-générique ).
En effet, cet épisode parle du fantasme qu'a tout conteur de tout diriger, d'avoir un monde entièrement sous son contrôle, de tout
savoir sur tout le monde : " Je passe mon temps à imaginer le comportement de tout le monde ", et c'est bien ce qui effraie
Scully, il la cerne parfaitement, ça lui fait peur mais, l'attire ...
Finalement , le conteur est Dieu en son monde, il a emprise sur tous - je ne peux ici m'empêcher de penser à une phrase de
Jean Yanne dans le film " Des nouvelles du bon Dieu " , qui se présente comme " Louis Albert Dieu, écrivain de son état " - , il
a le doit de vie et de mort sur ses personnages et finalement décide de ne pas tuer Scully , à la toute fin .
Ici, en réalité, Chris
Carter nous livre une fiche de lecture de ses épisodes, il essaie de nous faire comprendre - ce que j'essaye tant bien que mal de
faire ici - à quoi pensent les scénaristes quand ils écrivent.
En fait, on pourrait considérer que Chris Carter se met ici en scène. Dans cet épisode, il nous parle de son métier , mais aussi de
ses peurs très à la mode en ce moment dans la société Américaine de voir un film ou un livre influencer le comportement d'une
tierce personne. Tous ces effets étant encore accentués par l'utilisation de la voix off qui avait depuis quelque temps disparu
des X-files.
A noter ces passages fascinants où l'auteur rencontre ses personnages en chair et en os ( Scully et le tueur ) et qui montrent
parfaitement que l'on aime toujours ses personnages, qu'ils soient bons ou mauvais, parce qu'on leur donne vie.
Enfin, il importe de relever les désormais traditionnels clins d'oeil sur les relations entre Mulder et Scully : "L'agent Scully est
déjà amoureuse" (les scénaristes avaient déjà utilisé cette technique à l'occasion des différents face-à-face entre Diana Fowley et
Scully notamment dans les épisodes inter-saisons).
On notera également, ce que tu as souligné dans ton analyse, la jalousie de
Mulder qui va jusqu'à fracturer une boite aux lettres. Et on peut considérer, que lorsque Mulder entre arme au poing dans la
chambre du romancier, Scully pense qu'il vient pour ne pas la perdre dans tous les sens du terme. En ce sens, il convient de
noter que le romancier ici anticipait sur l'avenir " nu comme un ver sur le lit ", ce passage m'a fait penser à une série que tu
connais peut-être " L'homme de nulle-part ". En effet, dans un de ces épisodes le personnage principal découvre que ses
moindres mouvements était anticipés par un scénariste de télévision (épisode absolument génial) ...
N.B : Est-ce que tu connais un certain SALINGER , c'est le nom marqué sur une tombe du cimetière et celui-ci était bien trop
visible pour ne pas sentir le message caché ?
Alors qu'en penses tu ?
A bientôt ,
MATTHIEU
Non, je ne connais pas L'Homme de nulle part. Non, je ne connais pas Salinger (l'auteur de l'attrape-coeur n'est pas mort). Mais je pense aussi que l'allusion est "louche"...
(c) éric alglave 1999