Encore un épisode atypique pour X-files (Ils sont tellement fréquents que l'exception est en passe de devenir principe), où
l'histoire n'a encore une fois guère d'importance, mais bon :
Mulder et Scully se retrouvent le soir de noël, seuls ( ? ) dans une manoir hanté à la recherche d'un couple d'amants qui s'y sont
suicidés en 1917 et qui, depuis, hantent les lieux chaque année...
Histoire donc classique et sans grand intérêt si ce n'est que, cette fois,
c'est Chris Carter qui tient la barre...
Donc comme d'habitude plusieurs niveaux de lecture ...
Tout d'abord, une des parties de cette histoire pourrait s'intituler "Mulder et Scully chez le psy" ou "Mulder et Scully chez le
conseiller matrimonial"...
1°) "Mulder et Scully chez le psy", car on pourrait voir derrière chacune des phrases prononcées par Maurice et Lyda (les
amants maudits), l'ombre du créateur de la série Chris Carter (finalement c'est logique !)...
Ainsi, Mulder pourrait être classé
dans la catégorie "des narcissiques, ultra-satisfaits, ultra-tatillons et égomaniaques", boujour le blues ! Mulder est donc un homme
seul, dépressif, qui entretient "des illusions para-masturbatoires" pour donner un sens à sa vie. C'est un solitaire, et c'est
en ce sens qu'il veut croire qu'il n'est pas seul (cf. "Nous ne sommes pas seuls", l'un des leitmotives de la série).
Scully, quant à elle, n'a pas droit à un meilleur profil ; sa seule joie est de prouver que Mulder a tort, ce qui caractériserait
un manque de personnalité et tendrait à prouver qu'elle ne pourrait se réaliser qu'à travers Mulder .
On voit donc dans cet épisode Chris Carter porter son analyse sur des personnages qu'il a créés, qu'il a fait évoluer et qui ont
quasiment maintenant une existence propre, ce qui est signe de réussite pour des personnages de fiction (Par exemple, la
description des aventures de Sherlock Holmes et du Dr Watson semblait tellement réaliste que certains ont cru qu'ils avaient
réellement existé !)
2°) "Mulder et Scully chez le conseiller matrimonial", car il y a encore dans cette épisode une preuve de l'amour que se
vouent les deux protagonistes...
Ainsi, le soir de noël, ils bossent encore, mais en réalité , ils ne travaillent pas du tout, ils sont
simplement ensemble.
Je m'explique : Noël est traditionnellement prétexte aux réunions familiales, or Mulder et Scully sont quand même ensemble,
c'est donc comme s'ils formaient une famille. De plus, outre la complicité de plus en plus évidente entre eux deux (Mulder lui
fait une farce avec la lampe etc...), on trouve d'autres démonstrations de leur amour réciproque : Mulder affirme qu'il ne tirera pas sur Scully, et Scully, bien que celui-ci (croit-elle) lui tire dessus, ne réplique pas.
On peut voir là une conclusion à la "Roméo et
Juliette" ; en effet, ce n'est que lorsqu'elle sait qu'elle va mourir, qu'elle tire sur Mulder (même si ce n'est pas elle en réalité, cela
relève du symbolisme, comme lorsque "Mulder" veut se suicider après avoir tiré sur Scully).
Mais leur amour peut aussi se traduire par un besoin mutuel l'un de l'autre ; Mulder a besoin de Scully pour le remettre en cause et Scully à besoin de Mulder pour se transcender. Il faut aussi relever que lorsqu'ils parlent l'un de l'autre, ils parlent de partenaires et non pas de
collègues...
A noter également dans ce sens, les deux scènes de la fin :
- quand ils sortent tout d'abord de la maison en courant
main dans la main, et
- quand ils s'offrent mutuellement un cadeau (on ne saura d'ailleurs pas ce que c'était).
On peut aussi penser que s'ils survivent c'est parce qu'en réalité, ils s'aiment vraiment.
Ensuite, il faut étudier le "tordant" couple de revenants. Ces "amants maudits", même s'ils sont morts depuis 1917, ne
manquent pas d'humour. Ainsi, ils n'arrêtent pas de jouer des tours à Mulder et Scully (échelle qui disparaît ; portes
condamnées à la demande ; cadavres de Mulder et Scully sous le plancher etc...).
Mais ils ont aussi quelques bons mots ("
Nous ne sommes pas seuls" ; "Macho" ; "j'espère que vous n'allez pas profiter de la situation" ) et quelques tours de passe-passe (Trou dans le corps qui n'est pas sans rappeler le film "la mort vous va si bien" qui porte ici bien son nom ; livres qui
bougent, etc...).
En réalité, on s'aperçoit vite que tout cela ne relève que de l'un des plus grands désirs humains : laisser une trace après sa mort. C'est pourquoi les amants maudits ont peur que leur réputation ne se ternisse si
leur nombre de morts baisse...
Enfin, Chris Carter évoque ici l'autre face de noël, celle de la solitude des personnes âgées, et il en profite pour signaler que Mulder et Scully sont en réalité deux êtres solitaires... ce qui les rapproche et les éloigne à la fois...