Voici 25 ans, le 17 avril 1958 exactement s'ouvrait à Bruxelles L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE BRUXELLES 1958. Quelques années auparavant, la machine s'était mis en branle et les divers responsables des différentes organisations mettaient tout ce qui était en leur pouvoir pour faire de L'Expo un de ces évènements qui devaient ébranler le monde... Le baron Moens de Fernig, dans Cette Semaine 58, l'organe officiel de l'Exposition Universelle et Internationnale, expliqua comment fut lancée l'Expo : en 1954, des invitations étaient envoyées dans toutes les capitales du monde et, dès 1955 déjà, il était acquis que celle-ci se révèlerait être "une manifestation de tout premier rang".
Ses objectifs sont sans équivoque : "dresser le BILAN DU MONDE afin que tous ensemble les hommes de notre temps se préparent à construire UN MONDE PLUS HUMAIN".

Nous qui le vivons, "ce monde plus humain", nous avons l'oeil humide devant tant d'idéalisme. En ciniques consommés, nous sourions quelques peu devant les élans naïfs et la foi inébranlable dans le progrès qui animaient les responsables des gouvernements.
Evidemment, c'est facile : nous pouvons juger avec le temps. Et quand elles sont démodées, les audaces sont toujours risibles.

Nous savions, quand nous avons lancé l'idée de ce volume, qu'une grande part de l'intérêt qui pouvait être porté à ce "souvenir de l'Expo" se trouvait être dans la dérision que supporte son évocation. Il y a de quoi sourire, en effet : devant les formes biscornues de son architecture et de sa décoration, devant sa vision de la mode, de la femme, de l'automobile, de la science, devant le traitement et les thèmes du graphisme et de la bande dessinée...

Et c'est tant mieux ! Loin de nous de faire de l'Expo un souvenir sérieux sur lequel se pencheraient nos fronts pensifs ! Ce qui nous a d'emblée séduits dans ce projet, c'est la modernité délurée avec laquelle nos pères refaisaient le monde déchiré et affaibli par la seconde guerre mondiale. Et c'est cette modernité qui nous intéresse !

Parce qu'elle est une pulsion de la vie, un immense espoir, une foi dont on sait qu'elle déplace les montagnes, qui nous communique au-delà de la barrière du temps, un courant de sympathie et de générosité.

Contre la morosité ambiante de notre monde moderne, au milieu de la cité défigurée par d'horribles immeubles-tours, il nous a semblé que l'esprit de l'expo pouvait constituer pour nous un exemple nouveau, marqué d'une grande fraîcheur, qui pourrait nous inciter, nous hommes de 1983, à rebâtir le monde et à le refaire plus humain...

A ceux qui auront 25 ans en 2008 de rire...

Didier PASAMONIK