La dernière mission scientifique

d'André PAILLOTà FIGEAC (Lot)

En 2 temps, avant et après la Libération.

Où il est question d'abeilles mais aussi d'une voiture volée / réquisitionnée et....

de 2000 otages (dont 600 déportés)

Extraits des cahiers écrits par son épouse Germaine

figeac.jpg (78774 octets)

Carte postale d'arrivée à FIGEAC écrite par A. Paillot

Avant la Libération :

Le 26 Avril

La maison est bien vide ce soir. Ton petit père est parti ce matin avec Mme Granger  et ce n’est pas sans un pincement de cœur que nous nous sommes quittés.

Il pleurait et avait l’air si abattu que j’en ai été d’autant plus bouleversée. J’aurais voulu m’en aller avec lui. Mais ma place est ici au foyer plus que jamais - Ce soir nous avons eu un téléphone. Ils étaient bien arrivés sans trop de fatigue après un voyage à travers de belles régions. Là-bas à Figeac, il va avoir tant de travail que cela lui fera du bien moralement. Il me disait que demain, ils auraient 40 personnes pour suivre leur travail. Je suis un peu rassuré ce soir après une journée qui m’a paru bien longue.

Le 12 Mai

Chérie, je ne bavarderai pas longuement ce soir, car il est déjà tard et je suis lasse.

Ton petit père nous est arrivé de bonne heure au matin pas trop fatigué malgré un rude voyage et de fortes émotions. Imagine-toi que le « Maquis » de Figeac lui a volé la voiture et tout son contenu dimanche dans le garage de l’hôtel ! Il parait que l’hôtelier était repéré depuis longtemps comme collaborateur et le bonhomme qui les pilotait dans la région aussi. Alors cette voiture venant de Lyon et ces personnes rayonnant dans les campagnes etc. et ont paru suspectes à cette bande de jeunes indisciplinés qui font beaucoup de sottises là-bas. Ils ont cru que papa était sans doute un agent de la Gestapo  et ils ont fait le coup. Enfin papa a alerté un « chef » car là-bas ils vont et viennent sans se gêner. Il a discuté avec lui sérieusement et nous espérons qu’on finira par retrouver la voiture. En attendant, nos deux voyageurs sont rentrés en train et ne savent quand ils pourrons repartir. C’est un comble que notre famille soit victime du maquis ! !

Nanine fait des démarches pour qu’on surveille ces régions où tous ces gens font du tort à la cause et à tous ceux qui sont bien disposés pour eux, par leurs incompréhensibles fantaisies.

Le 23 Mai

(...) Papa a su par le père Buisson qui revenait de Cahors où il a une propriété, que dans la région de Figeac, ça s’était battu ferme depuis le départ de papa et qu’on y avait fait 2000 otages.  

Heureusement qu’ils étaient partis, ils l’ont échappé belle.

Le 24 Mai

(...) Figure-toi qu’il s’en est fallu de peu que ton petit père ne soit à son tour déporté en Allemagne. Il a su que le lendemain de son départ de Figeac, ils ont emmené 600 hommes dont un des apiculteurs chez qui papa a travaillé ; alors il est certain que Papa n’aurait pas échappé à cette rafle. On en tremble rétrospectivement.

Après la Libération :

Lundi 25 septembre

(...) Et Papa nous a quittés cet après midi, assez inquiet au sujet de son voyage. Il n’aime pas se mettre en route dans ces conditions, sans savoir comment et quand il atteindra le but. Enfin je suis moins inquiète puisque Mme Granger  l’accompagne. Je n’ose pas trop penser à ces 15 jours qui viennent et qui vont me paraître terriblement longs.

Le 2 octobre

(...) Nous avons eu des nouvelles du petit père. Jeudi (28), il n’était pas encore arrivé à Figeac, aussi tu devines son état de nerfs !

Cependant, il m’écrit qu’il est calme, mais qu’il ne recommencera pas de telles aventures.

J’ai bien peur qu’il ne revienne pas de si tôt avec la 202 .

Le 4 octobre

Ce matin, une carte de Papa de Brives et datée du 28 ! ils ne sont pas encore arrivés à destination, et voici 5 jours qu’ils sont partis ! à ce train-là , je me demande quand ils nous reviendront. Papa me dit qu’il est calme, mais qu’il se fait du souci. Heureusement qu’il n’est pas seul.

Le 5 octobre

(...) J’ai reçu une lettre de papa enfin arrivé à Figeac le vendredi soir. Ils travaillent dur, et quand et comment reviendront-ils ?

La pauvre 202  n’a plus de roues… rien que ça ! et ils disaient à Papa qu’elle pouvait servir ! Papa dit qu’elle est dans un état minable, et qu’il ne sait pas du tout comment cela va s’arranger.

Il voulait voir un chef F.F.I.

Souhaitons qu’on puisse la remettre sur roues et qu’ils pourront rentrer en auto.

Le 13  octobre

Je n’ai pas pu vous écrire hier, mes chéris. Dans la matinée, un coup de téléphone de votre papa venait rompre le silence qui pesait sur nous à son sujet. Il était à Clermont et m’annonçait l’arrivée pour le soir à 9 heures ½ à Oullins.

Impossible de revenir en voiture, la 202  étant trop malade : on devait leur en fournir une autre, malgré toutes les démarches, rien ne fut prêt pour le moment du départ. Enfin, cette fois, nos voyageurs ne mirent que 2 jours pour nous arriver.

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