![]() |
|||
|
|||
Roland a été envoyé en Orient par l'empereur pour garantir l'accès aux lieux saints. Il est surpris et tué dans les montagnes au-dessus de Jérusalem. Une assemblée de toute la chrétienté est réunie à Clermont. Urbain y prêche la guerre sainte. Charles prend la tête des armées croisées. Le reste est imaginaire. Correspondance avec Denis Fernandez-Recatala (Révolution, 17 fév. 1984) |
Extraits Critiques |
Extraits |
1.2 et se couche dans l'herbe toujours verte
il faut te perdre douce
France et le ciel se couvre
d'étoiles
comme dans les poèmes mais
lui
a lâché les saintes
reliques
(une dent une mèche de poils
sanglants un pan de corsage
aux lèvres porté
si
souvent qui lui fermera les yeux
sur cette terre ouverte
les porcs eux-mêmes saisis d'angoisse
se tournent vers la roche fendue
ce cri qui remue les idoles
de Damas jusqu'à Carthagène
Mare fustes, Rollant !
et c'est une grande peur tandis qu'à nos morts
la barbe continue de blanchir |
1.3 ah tel spectace sans frémir
ne se peut voir comme dit
l'énigmatique personnage
et se tourne vers la fenêtre étroite
l'eau coule au milieu des lys
les parfums montent sous le soir si
rose déjà un oiseau
traverse le ciel
en biais du cloître tranquille
et
rangé repose dans la rainure
de sa
table cirée sa plume
rétive
le matin arrachée
à une poule noire com
me le pied d'un moine dans le
lointain des cris de femmes pour le
souper puis comme un galop
étouffé
de vingt mille chevaux |
3.1 les croirait-on enfants à pleurer
de grâce quand ils eurent
traîné
leurs étraves peintes sur la grave
de cette fumante amérique o
par quel prodige le ciel secoué
comme un prunier ne verse l'or
fondu de ses étoiles mais
eux haletant sous l'étroite
lyre de leur cuirasse un
trouble les mène d'étrange
façon
comme au-dessus de mers nouvelles un
vol de pensifs faucons
ou les rosiers dans la fenêtre ventée
le jour encagé dans les buis
blanchit je
pesais leurs paroles rares
un grésil léger sur les
tuiles
de l'appentis une chaise renversée
le murmure
du bassin d'eau noire passer
parmi ces choses insignifinates sa
vie loin des terres
véritables
leurs robes guipées d'or
volent
sur leurs hanches de fer
un souffle nocturne
descendait des serres
refermées sur le caillis de
nos
francs et sur ses grandes
terrasses aériennes
Jérusalem |
4.2 ah ne quitterez-vous ce déjeuner de
ruines
l'armée |
5.12 et nous parcourions ces terres
déroulées dans
la lumière naissante avec la nostalgie d'un âge classique
le discours
ordonné selon les règles la voix grave accordée
à la rigueur de ce
paysage de montagnes légères perdues sous les grilles
lentes du matin
tandis que les héros en larmes dans la crinière de leurs
bêtes
regardaient l'horizon sur la mer se découvrir écoutant
l'étonnante
harangue sur le mal que nous avions depuis des siècles
portée sachant
alors tout plaisir et toute ombre et la mort dans toute pensée
mais
l'espérance proclamée dans tant de livres qu'on voudra
lui céder
étendus sur le grabat de cette terre vague et la Hierosola
celeste
établie à jamais au dessus de ces vallées de
ténèbres et de doute... |
6.12 le jardin se déchire dans des ronces
le bec des fontaines dans l'herbe
a perdu sa voix égère
et le soir c'est à peine
un cri de femme mais qui
viendrait s'asseoir encore
près du
bassin rempli de feuilles
écrire ces
choses d'au delà
on connaît ce paysage
en friche un carré de ciel
tunique candide accordée à celles
qu'aucun homme n'avait
pénétré
ah le sang me brûle encore
mais tout n'est-il pas permis
désormais
de dire
dans ce monde abandonné
qui
se souviendrait des oiseaux vers
l'orient ont traversé nos
murailles
voiliers étroits
pétrifiés
dans la tension de leur désir
rien n'était plus comme avant
quand vous découvrirez ce lieu
des choses familières
le parquet taché d'encre l'herbier
les carnets dispersés sur la table
les livres pillés sous le lit
et la
nuit aux fenêtres l'ongle peint
c'était ce temps de notre vie
l'odeur de la neige les collines
vagues au-dessus des toits les
lignes d'arrière-pays désaffectées
où pousse le silence |