www.THE STROKES.fr.fm

INDEX

NEWS

BIOGRAPHIE

CONCERTS

MULTIMEDIA

LYRICS

PHOTOS

REVUE DE PRESSE

BOOTLEGS

LIENS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                     

News

2001     -     2002     -     2003     -     2004

 

 

01/12/2003: Interview exlusive (merci les Inrocks)

Les taxis jaunes défilent depuis deux bonnes heures devant la terrasse du 60 Thompson, un hôtel branché du quartier de Soho, à New York, et toujours aucun signe de ce bon Julian Casablancas. Le leader des Strokes arrive finalement au rendez-vous, à pied, et s’excuse de son retard en exécutant un petit pas de danse avec ses Converse rouges bouffées aux mites. Rigolard et détendu, grattant une joue encore acnéique, il propose pour l’interview de monter sur le toit de l’hôtel.


Julian Casablancas : On a commencé à gratouiller quelques chansons de Room on fire sur la tournée qui a suivi le premier album, mais sans aller bien loin. C’est impossible de se concentrer quand on sait qu’on va monter sur scène à la fin de la journée. Et puis on n’est pas du genre à se filer des paris débiles du genre : "Et si on écrivait une chanson pour le concert de ce soir, les gars" (il se marre). On a donc attendu d’être rentré à New York, au calme, pour se mettre au vraiment au boulot. Il y a eu une petite période d’appréhension au début, mais pour ma part, j’ai beaucoup aimé la sensation de repartir de zéro, de savoir que tout ce qui s’était passé autour de Is this it ? était définitivement derrière nous.


A la fin de la tournée, vous avez reconnu avoir fait beaucoup d’excès. Vous n’étiez pas sur les rotules pour attaquer Room on fire ?
Effectivement, la tournée qui a suivi Is this it a été épuisante. Mais tu ne peux pas vivre dans l’excès tout le temps. Si tu veux sortir des bons disques, tu ne peux pas te permettre de te réveiller tous les matins comme un déchet, ou d’entrer en studio complètement blindé. Notre ambition, c’est de progresser. On est donc restés clairs au maximum pour bosser au mieux sur les sessions de Room on fire… En s’accordant quand même une petite bière de temps à autres (il rit, et boit un coup).


Ce gros boulot fourni en studio, c’est une protection contre la peur de mal faire, d’être ridicule ?
Non, absolument pas, c’est simplement une constante chez nous. Pour l’enregistrement d’Is this it ?, même si tout le monde a essayé de nous faire passer pour des branleurs, on avait déjà travaillé comme des dingues. Je ne crois pas aux mecs qui débarquent de nulle part et qui paradent en te disant qu’ils ont réussi à faire un album génial en deux jours. Moi, jamais personne ne me verra avec un verre de champagne à la main en train de faire le beau si je n’ai pas l’impression que je le mérite. Je veux absolument que quelqu’un qui tombe sur un disque des Strokes trouve ça bien, et pour ça je suis près à bosser jour et nuit.


On a le sentiment que l’image de branleurs que certains journaux ont pu donner des Strokes te dérange…
Les journaux, surtout anglais, ont dit beaucoup de choses stupides à notre sujet. Beaucoup de gens auraient aimé nous voir péter les plombs. C’est vendeur tu comprends, les Strokes qui font n’importe quoi, qui sortent ivres morts des boîtes de nuits avec des mannequins sous le bras. OK, on a fait deux ou trois photos de modes et dragué quelques nanas. Pourtant, la réalité est beaucoup plus complexe.
Les journalistes qui nous attendent au tournant, ils n’étaient pas là à nos premiers concerts, quand il y avait quatre ou cinq personnes devant la salle et qu’on distribuait des tracts. Nous, on a vécu ça, et ça nous aide à garder la tête froide. Tu sais, ça ne fait que quelques moi que je sens ma famille rassurée par ce qui m’arrive. les Strokes, c’est un truc pour lequel on s’est tous investis. On ne va donc pas tout foutre en l’air avec des caprices de jeunes débiles.


Vous auriez pu enregistrer ce second album avec Nigel Godrich, et vous avez finalement renoncé. Pourquoi ?
Au départ, on avait prévu de faire Room on fire avec Gordon Raphael, le producteur qui avait travaillé sur Is this it ? Et puis il y a eu cette proposition de Nigel Godrich. Tout le monde avait envie d’essayer de bosser avec lui, rien que pour voir ce qu’on était capable de faire. On savait qu’il aimait apporter sa touche personnelle sur le son des groupes avec qui il enregistre. On a bossé un peu avec lui en studio. Il voulait qu’on enregistre tout en live, exactement l’inverse de la façon dont on travaille. On aurait pu le tenter, mais pour notre second album, on ne voulait pas trop s’éloigner de notre identité, c’était trop tôt. Comme Nigel accepte difficilement qu’on donne un avis sur son travail, on a donc finalement préférer enregistrer Room on fire avec Gordon. Nigel a compris notre décision, c’est un bon gars. D’ailleurs, quand il vient à New York, ça ne nous empêche pas d’aller boire un verre avec lui.


Sur Room on fire, ta voix est encore très maîtrisée, très travaillée. Est-ce parce que tu ne te sens pas encore très à l’aise au chant ?
Si ma voix prenait trop d’importance, ça compromettrait l’ensemble du groupe. Les Strokes, c’est un équilibre fragile. Si je chantais fort en essayant de tirer la couverture à moi, le groupe en pâtirait. Je n’arrive pas en studio simplement pour faire le malin sur une mélodie tout prête. Chaque titre est une sorte de work in progress, dont la voix n’est qu’une infime partie, au même titre que la guitare, la basse ou la batterie.


Cet équilibre n’est jamais remis en cause par des problèmes d’ego ?
Déjà, quand tu montes un groupe de rock, c’est que tu as un petit problème d’ego, non ? L’idéal, ce serait qu’un groupe soit l’assemblage de types qui aient juste envie de faire de jolies choses ensemble, mais c’est plus compliqué que ça. Je ne vais pas te le cacher, chez les Strokes, il y a beaucoup d’ego. Le mien est très développé. Pour moi, l’ego, c’est l’épicentre de tous les désastres. Alors j’essaie de lutter contre, mais je ne peux pas l’ignorer. C’est une danse permanente avec le diable. En studio, on s’est frités plus d’une fois à cause de trucs stupides. Heureusement, à chaque fois, on s’est tous assis autour d’une table pour remettre au plus vite les choses à plat.


Tu parles beaucoup de filles dans les textes de ce second album…
Je crois que je devais en avoir besoin au moment où je l’ai écrit (Il sourit). Parfois, j’ai le sentiment qu’une force supérieure me pousse à écrire des choses que je ne maîtrise pas (rires). Honnêtement, je n’essaie pas spécialement d’écrire des chansons d’amour parce que je trouve ça naze. Et puis les textes ne sont pas d’une importance capitale pour moi, c’est la mélodie qui prime. Avec une bonne mélodie, tu mets le pied dans la porte, et tu peux ensuite chanter un peu près n’importe quoi. Des trucs sur les filles par exemple (rires). De toute façon, je ne me sens pas capable d’écrire des textes très sérieux qui parlent de politique. Je suis un peu comme ces vieux chanteurs folks qui attrapent leur guitare et qui jouent et baragouinent des trucs à l’instinct.


T’arrive-t-il d’être jaloux d’autres artistes ou d’autres groupes ?
Je suis parfois positivement jaloux. Dernièrement, je suis tombé dingue de ce que fait Regina Spektor, une nana qui joue seule au piano que j’ai découvert en concert. Mais dans l’ensemble, je suis plutôt fan de vieux trucs. Radiohead, par exemple, ça ne me boulverse pas. Je préfère écouter Bob Marley, le Velvet ou Johnny Cash. La mort de Johnny Cash m’a vraiment affecté. Tu te rends compte, le mec dit qu’il ne survivra pas à la mort de sa femme, et il meurt quelques mois après l’avoir dit. Je trouve ça magnifique, quand un homme et une femme arrivent à vivre une relation si forte.
L’autre jour, j’étais bourré au whisky dans un bar, et j’ai entendu un truc de Johnny Cash sortir du juke-box. J’ai tout de suite pensé à ma grand-mère, qui pleure tous les jours depuis la mort de mon grand-père. J’étais au bord des larmes, à cause de ce putain de whisky, et de ce putain de Johnny Cash…


Récemment, les membres de The Star Spangles, un des nombreux groupes en "The" du moment, vous ont traité de "petits bourges sans intérêt" ?
Moi je ne parle d’aucun autre groupe que des Strokes. Je sais qu’on s’est pris pas mal de vannes. S’ils veulent me dire un truc, ces mecs, qu’ils viennent me le dire en face, je les attends. Dire des conneries en interview, tout le monde peut le faire. Je trouve ça minable que certains groupes jouent aux punks et se croient encore en 1977. Enfin, je leur souhaite bonne chance, quoi qu’il arrive, à ce groupe dont tu parles, parce que je suis bon joueur. (Il pose la main sur le magnétophone, avec un sourire jusqu’aux oreilles). Et maintenant, entre nous, je vais te dire, tous ces groupes en "The quelque chose", ce sont tous des trous de culs… Mais ça ne l’écrit surtout pas, hein !

 

19/11/2003: Les Strokes en duo avec Regina Spektor

Les Strokes ont trouvé le temps, lors de leur tournée américaine, d’enregistrer un nouveau morceau, Modern Girls, avec la chanteuse Regina Spektor, pianiste new-yorkaise née à Moscou et affiliée au mouvement antifolk. La chanson pourrait sortir telle quelle, sous le nom Regina & The Strokes.