Hérésie
protestante et surveillance des ports dans l'Espagne des Habsbourg (1521-1700),
Actes du colloque Les ports dans l'Europe mediterraneenne. Trafics et circulations.
Images et représentations (XVIe-XXIe siècle). Hommage a Louis
Dermigny (1916-1974), Montpellier, 19-21 mars 2004, Presses de l'Université
(sous presse).
Michel Boeglin, Université Montpellier III.
Résumé : À compter des dernières
années du règne de Charles Quint, l'Inquisition poursuivit de
façon croissante les protestants étrangers de passage ou installés
dans la péninsule. Au lendemain de la répression lancée
contre les milieux évangélistes espagnols de Séville et
de Valladolid, accusés de "luthéranisme" dans les années
1557-1558, la traque des étrangers suspects s'organisa et se fit massive.
Toutefois, plus qu'une tentative désespérée de prémunir
l'Espagne de la "contagion" protestante, pour reprendre le terme en
usage dans la correspondance inquisitoriale, cette répression orchestrée
par les diverses cours inquisitoriales périphériques visait à
dessiner une frontière confessionnelle intérieure et à
entretenir la crainte du protestantisme et de l'étranger chez les populations.
Dès la fin du règne de Philippe II, les États du Nord tentèrent
de protéger les entreprises commerciales des actions de l'Inquisition,
à travers la conclusion de traités avec l'Espagne. L'intransigeance
du tribunal se trouvait ainsi en butte à la nécessité de
subordonner son action aux impératifs politiques et commerciaux de l'Empire.
Toutefois, même dans la seconde moitié du XVIe siècle, les
retombées de l'activité antiprotestante sur les échanges
avec les puissances du Nord eurent un impact relatif, bien en deçà
de l'importance qu'on a longtemps pu lui accorder. L'analyse des mises sous
séquestre dans le cadre des procédures inquisitoriales, à
Séville, principal port de la péninsule, tout comme celle des
mesures généralement prises en temps de guerre contre les biens
et navires des puissances ennemies dans l'Espagne des Habsbourg, invitent à
reconsidérer l'incidence de l'action inquisitoriale sur les flux et les
trafics.
Resumen : A partir de los últimos años del reinado
de Carlos Quinto, la Inquisición persiguió de forma creciente
a los protestantes extranjeros de paso o asentados en la Península. Tras
la represión lanzada contra los círculos evangelistas de Sevilla
y Valladolid, acusados de "luteranismo" en los años 1557-1558,
el acoso a los extranjeros sospechosos fue organizándose y las persecuciones
se hicieron masivas. Sin embargo, más que una tentativa desesperada por
proteger España del "contagio" protestante, esta represión
organizada por las diversas cortes de la periferia del reino pretendía
dibujar una frontera confesional interna y mantener vivo el temor al protestantismo
en la población.
Desde finales del reinado de Felipe II, los Estados del Norte intentaron proteger
las empresas comerciales de las acciones inquisitoriales, a través de
acuerdos concluidos con España. La corte debía en adelante supeditar
su acción a los imperativos políticos y comerciales del Imperio.
No obstante, incluso en la segunda mitad del siglo XVI, el impacto de la actividad
antiprotestante sobre los intercambios con las potencias del Norte fue relativo,
muy menor a la importancia que se le otorgó durante mucho tiempo. El
análisis de los secuestros en el marco de los procedimientos inquisitoriales,
en Sevilla, principal puerto peninsular, así como la de las medidas de
guerra dictadas contra los bienes y navíos de los países enemigos
en la España de los Austrias, invitan a revisar la incidencia de la acción
inquisitorial sobre los flujos y el tráfico marítimo.
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