Kupelgilea est un lieu magique : il retrace le travail
de trois générations
de tonneliers à travers leurs outils et les chefs d’œuvre
qu’ils ont pu conserver. C’est le musée familial de
Henri Labatut, consacré Un des Meilleurs Ouvriers de France en tonnellerie
d’art en 1955.
Des mots chantent, évocateurs pour qui connaît le métier
: « voici la doloire et la douelle reposant sur l’ours, et
là, une jabloire, une scie à chantourner, rabot, tarière,
guistre, aisseaux… », une collection de 450 outils spécialisés
dont la taille est adaptée à celle de l’ouvrage à accomplir,
fait de bois et de métal, utilitaire ou décoratif. Sur les étagères
trônent des pièces uniques réalisées pour des
concours, chefs d’œuvre compagnonniques aux reflets mordorés,
bien mis en valeur par leur disposition et l’éclairage. Chacun
a son histoire, que l’artisan-artiste s’ingénie à faire
revivre : « Ici, vous voyez des foudres (tonneaux géants)
qui montaient le vin du Midi à Paris, il y avait des wagons bi foudres
ou mono foudres ; durant la guerre, les Allemands avaient saisi une usine
pour y faire de la poudre à canon. Là, c’est une œuvre
réalisée à l’occasion du 250ème anniversaire
de Martell à Cognac (1715-1965), date à laquelle j’ai
quitté cette entreprise. » Henri Labatut est intarissable.
Dans un angle scintille doucement une ferreta (en basque) ou herrade (en
béarnais), récipient droit ou conique flanqué de deux
anses hérité des Celtes, habiles artisans du métal,
qui l’utilisaient pour transporter le lait ou l’eau bue à la
gahe ou au coutchet (louche). 24 bœufs délicatement sculptés,
attelés en file sur deux rangs tirent un foudre qui, en taille réelle,
avait la contenance de 200 000 bouteilles. « C’était
un mono-foudre de 175 hl, sur un wagon de la Compagnie de l’Est de
1937 ; pour le tirer d’Epernay à Paris, il avait fallu démonter
deux maisons ! » évoque le conteur dont la maquette a été réalisée
en 1989 pour les Champagnes Mercier. Après l’obtention de
sa médaille d’or en 1955, il a été promu Président
du Jury des Expositions Nationales du Travail en Tonnellerie et Tonnellerie
d’Art et il a également été formateur chez les
Compagnons tonneliers du Tour de France, ce qui ne l’a pas empêché de
faire tous les sujets imposés au concours du Meilleur Ouvrier de
France depuis cette date. Lorsqu’il a quitté Cognac pour s’installer à Arcangues,
il s’est converti à la maroquinerie (bottes et chaussures),
mais il n’a jamais cessé pour autant de pratiquer la tonnellerie
dans un atelier installé près de sa maison.
Le week-end prochain, il assistera au 53ème congrès national
des Meilleurs Ouvriers de France qui se tiendra du 30 juin 2006 au 2 juillet à Biarritz.
Le musée est ouvert au public sur demande : Téléphoner
préalablement pour prévenir de la visite au 05 59 43 03 08 – Villa « A
tous Vents » - Chemin Garatenborda – Route de St Pée – Arcangues.
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le 18/07/2006 : Le musée
du tonneau