« Mon
arrière grand-père maternel, M. Sehabiague, était
souletin : il avait fondé la tresserie de Biaudos où venaient
s’approvisionner tous les fabricants d’espadrilles »,
raconte Alain Rolland, qui a conservé des espadrilles de l’époque.
Installé à La Pampa (pension-dressage de chevaux), c’est
un collectionneur invétéré. De son père,
il a hérité le goût du western : depuis des années,
il récupère tout ce qu’ont pu ramener les Basques
d’Amérique. « A peine arrivés, on les mettait
sur un cheval, alors qu’ils n’avaient jamais monté de
leur vie, et on les envoyait garder les troupeaux. Des années
plus tard, fiers d’être devenus des cavaliers, ils revenaient
au pays avec leur selle et tout l’équipement. »
Ateliers de sellerie et forge, spectacle de chevaux
Pour mettre en valeur cette collection personnelle, Alain Rolland a un
projet original : dresseur, maréchal-ferrant et sellier (ainsi que
son épouse Valérie), il va faire des démonstrations
de son savoir-faire dans cette ancienne ferme qu’il aménage
en vue de recevoir des groupes d’ici la fin de l’année
(séminaires, 3ème âge, écoles, réceptions,
etc.).
L’étable a été transformée en écurie à la
française (bois moulé à claire-voie) avec des fers
forgés qui évoquent le style hacienda. Un ancien distributeur à grains
récupéré d’une écurie de courses délivre
l’aliment stocké à l’étage. Une antique
perceuse en fonte sur colonne et d’autres vieux outils gisent à l’emplacement
de la future forge. « Voici un couteau que j’ai fait moi-même,
avec un manche en bois de cerf d’Iraty vrillé, ce qui donne
une meilleure prise pour couper le jambon. Ma femme et moi avons dessiné la
housse, et elle l’a réalisée en cuir. Voilà un
couteau traditionnel du gaucho d’Argentine, emmanché sur une
queue de tatou : c’est un animal protégé maintenant,
il est interdit de le tuer », ajoute-t-il.
Une autre pièce abrite la sellerie, il dévoile de sous leurs
couvertures de superbes selles décorées du Brésil,
d’Argentine, du Mexique ou de l’Equateur. Au mur sont suspendus
les harnais, brides traditionnelles et boleadoras d’Argentine, lassos,
fouets de cuir cru tressé. Il a des mords et des étriers
du XVIIIe siècle.
L’équitation de travail
«
Tu ne feras jamais rien ! » : il n’oubliera jamais cette condamnation
définitive d’une enseignante. Effectivement peu enclin aux études
académiques, il intègre un lycée agricole dans la
section palefrenier-soigneur. Décidé très tôt à s’installer à son
compte, il complète sa formation par des cours pour adultes et devient
maréchal-ferrant. Il apprend sur le tas le dressage, avec des dresseurs
espagnols, portugais, ainsi qu’à Saumur. Ce qui lui plaît,
c’est l’équitation de travail, où le cheval doit être
très mobile, pour accompagner le bétail et savoir résister à la
traction du lasso, pour la tauromachie, pour le polo, la course, le trot
ou l’attelage.
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le vendredi 25 mars 2006 : "La pension de la Pampa"