L’abbé François de Mesmay et le sculpteur Etienne Bigot aux côtés de l’ange restauré. C.C-E
En début d’année, un indélicat lui avait arraché la
tête qu’il avait ensuite emportée. Il s’agissait
d’un ange, debout, ailes resserrées dans le dos, formant le
premier pilier de la rambarde de l’escalier vers la première
galerie datant du XVIIe siècle. Sculpté dans le chêne,
il était sombre et luisant des multiples caresses qui l’avaient
effleuré au passage des fidèles. « L’abbé François
de Mesmay m’a montré une photo de face à partir de
laquelle j’ai travaillé pour que la nouvelle tête s’intègre
le mieux possible à son emplacement » explique Etienne Bigot.
Ce sculpteur, basé à Saint Jean de Luz, a eu un parcours
atypique qui lui a donné une polyvalence rare. Pour l’église
d’Arcangues, il a retrouvé les gestes de l’artiste d’antan,
ainsi que la foi qui l’animait pour orner la Maison de Dieu. « J’ai
dû passer plusieurs couches de teinture pour obtenir la bonne couleur,
mais il lui manque la patine qui ne viendra qu’avec le temps » dit-il
avec humilité.
Il sait également utiliser le bras numérique sensitif de
l’ESTIA (Ecole Supérieure des technologies industrielles avancées)
de Bidart pour « sculpter » dans le vide des réalisations
virtuelles en 3D. Fort de ses quinze années d’expérience
de graphiste dans l’industrie, il développe de nouvelles techniques
en mêlant les matières et les logiciels, notamment pour le
gaufrage, très utilisé pour des emballages, par exemple dans
les industries de luxe comme le chocolat ou le parfum. S’il y ajoute
le marquage à chaud d’or ou de film métallique iridescent,
la technique convient pour la publicité, la communication, l’illustration.
Mais il peut aussi réaliser un logo, un mode d’emploi, une
documentation technique, des affiches ou des illustrations de livres pour
enfants. « Tous les projets sont intéressants, et je les prends
comme des défis à relever » dit-il en montrant un travail
aux fines ornementations orientales destiné à Dubaï.
Il s’enorgueillit d’avoir gagné le concours de création
de la médaille du Conseil Régional d’Aquitaine (devant
la Maison Arthus-Bertrand et la Monnaie de Paris !). « Pour moi,
Léonard de Vinci intégrait toutes les qualités que
j’aimerais voir se combiner dans le monde industriel, il était à la
fois artiste, inventeur et un ingénieur génial » confie-t-il.
Cathy Constant-Elissagaray
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le 4 juillet 2007 : "L'ange retrouve sa tête"