Notre société évolue, les loisirs prennent une importance considérable et le sport change de statut : cette ambiance est propice à l’émergence de nouvelles professions. Philippe Flavier, installé depuis 2002 à Bassussarry sous l’enseigne de JP Management, en a saisi l’opportunité : « J’étais kinésithérapeute ostéopathe à Orléans, ma ville natale, quand je me suis progressivement rendu compte que les sportifs que je soulageais appréciaient mes qualités d’écoute et les conseils que je leur octroyais. J’ai donc décidé de me spécialiser dans le management sportif. Très mobile professionnellement sur la France entière, j’ai choisi de m’installer au Pays Basque pour sa qualité de vie et l’esprit nature et sportif qui y règne et correspond parfaitement à mon activité » déclare-t-il.
Parti de zéro en 1989 avec deux associés très intégrés dans le milieu du football professionnel et installés respectivement à Lyon et Rennes, il gère actuellement la carrière d’une soixantaine de joueurs et conseille ponctuellement une dizaine de clubs. « Ma tâche est d’accompagner le sportif depuis ses débuts comme professionnel jusqu’à ce qu’il atteigne le meilleur niveau possible compte tenu de sa personnalité et de ses qualités personnelles », explique-t-il. Ni entraîneur sportif, ni gestionnaire de patrimoine, il décharge le joueur de tout l’accessoire et le soutient moralement, particulièrement dans les paliers de sa carrière. « Un sportif change en quinze ans, c’est au conseiller de savoir adapter son écoute, son discours pour l’aider au mieux » dit-il. Il s’occupe des relations avec la presse, la télévision, est très vigilant à l’égard du sponsoring, du partenariat avec les entreprises et vérifie que l’image véhiculée par la marque correspond bien à celle du sportif, qu’elle ne lui nuit pas.
« Le football s’est beaucoup professionnalisé. Autrefois, la performance sportive était l’unique gage de réussite, il suffisait d’être doué. Maintenant il faut y ajouter le travail, à 18 ans, pour devenir professionnel, après 22 ans, pour passer dans les meilleurs », précise-t-il. Le joueur doit avoir une hygiène de vie, un équilibre psychologique, une concentration sur ce qu’il fait et un sérieux qui le placent sur un axe de performance.
Une révolution s’est produite aussi dans les clubs : pour avoir de bons joueurs, il faut beaucoup d’argent, et donc une bonne structure sur le plan sportif, marketing, gestion, et faire preuve de souplesse, réactivité, performance. Philippe Flavier est mandaté pour aider au recrutement d’un joueur ou d’un membre de l’encadrement ou bien pour effectuer un audit : en tant que personne extérieure au club, il a une vue plus globale, sans a priori, qui l’aide à établir un constat en cas de difficultés momentanées ou de crises.
« En ce qui concerne les jeunes, il ne faut pas les formater trop tôt, et privilégier le plaisir plutôt que la ‘championite’, s’ils ont du talent à 15 ans, ils en auront aussi à 17 », déclare le manager. Le problème, c’est que la formation coûte cher, aussi bien en investissement humain qu’en structures sportives, et que l’argent est placé dans les clubs qui affichent des résultats. Comparant l’ambiance du rugby et du football, il ajoute : « Les professionnels doivent retrouver cette notion de plaisir, d’amour du maillot, d’un club, et ne pas mettre l’accent que sur l’aspect financier, un sportif qui gagne beaucoup d’argent mais ne joue pas n’est pas heureux. »

Encadré
Philippe Flavier a ainsi accompagné par exemple la carrière de Frank Leboeuf depuis l’âge de 23 ans, où il jouait en 2ème division à Laval jusqu’en 1998 où il était au sein de l’Equipe de France lorsqu’elle a gagné le championnat du monde. Ce footballeur a fait une trajectoire non linéaire, atypique, mais qui a bien abouti. Ces dix ans de suivi ont été une belle aventure humaine, où le manager a vu naître les enfants du joueur, se dérouler sa vie personnelle, l’accompagnant dans ses mauvais moments et pleurant de joie lors de ses réussites. Maintenant hors du circuit, Frank Leboeuf séjourne aux Etats-Unis avant de revenir prochainement en France commenter la Coupe du Monde à la télévision française.

SOMMAIRE

 


Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le samedi 12 mai 2006 : "Reconversion réussie"