A
l’audition du tracteur, des rides mouvantes froncent le miroir
du lac : les carpes arrivent ! Elles ont été introduites
dans les lacs artificiels du golf du Makila depuis son origine, il
y a dix ans : 150 kilos qui ont prospéré car, végétariennes,
elles se nourrissent de l’herbe coupée régulièrement
et déversée par les jardiniers depuis la rive, ainsi
que de la végétation qui pousse naturellement sur le
fond. Elles entretiennent en se nourrissant leur lieu de vie et permettent
le maintien d’une eau relativement pure, issue de la pluie soit
directement, soit par drainage du parcours, qui sert d’unique
ressource pour l’arrosage des greens et fairways. A l’avenir,
il est projeté d’utiliser en complément les eaux
issues de la station d’épuration toute proche, lorsqu’elle
aura été agrandie et modernisée (peut-être
vers 2008) au lieu qu’elles soient rejetées directement
dans la Nive, pour pallier des périodes de sécheresse
identiques à celles vécues en 2003 et 2005. En attendant,
la gestion de l’eau fait l’objet de soins attentifs : un
logiciel informatique permet de contrôler le pompage et régler
l’arrosage par secteur pour compenser la transpiration du gazon.
Les arroseurs placés en bordure de l’abondante chênaie
ne diffusent l’eau que sur 180° pour n’asperger que
la surface engazonnée.
En ce qui concerne la fertilisation, celle-ci s’effectue également
de manière scientifique : des prélèvements (carottages)
de terre issue des différents secteurs sont envoyés périodiquement à un
laboratoire à Dijon qui analyse la texture et la structure du sol
et en déduit les déficiences éventuelles. En fonction
de ces informations, des amendements organiques (un peu odorants) sont
apportés trois fois par an pour y remédier : ils sont composés
de tourteaux végétaux, fumier de bergerie, terreau d’écorces,
lignites, gruaux, cornes broyées, etc., sous forme de compost produit
par une entreprise industrielle du Tarn. Une fois par an, des amendements
chimiques homologués Espaces verts viennent parfaire la composition
des sols. A ces traitements s’ajoutent les soins nécessaires
en cas de maladie : les tontes s’effectuent le matin, avant l’arrivée
des golfeurs, alors que l’herbe est encore humide de l’arrosage
nocturne. Cela engendre des problèmes que le responsable de l’entretien
préfère régler lorsqu’ils émergent, plutôt
que de faire de la prévention systématique : il limite la
quantité de produit déversée au strict nécessaire.
La pratique du golf nécessite une tonte rase, particulièrement
sur les greens, tout à fait déconseillée en période
sèche pour une bonne tenue de l’herbe. Outre l’arrosage
fréquent, une solution possible réside dans un meilleur enracinement
qui permet au gazon de puiser l’humidité plus profondément
dans le sol. Pour le favoriser, le golf a fait venir trois cent tonnes
de sable calibré en grains relativement gros du nord de La Rochelle
qui, mélangé au sol très argileux du parcours, l’allège
et le décompacte.
Ainsi, le golf du Makila, bien que très travaillé, constitue
un espace vert prisé par les hérons, poules d’eau,
et canards qui nichent dans les roughs, défilent avec leurs canetons
et apportent sans le savoir des berges de la Nive toute proche des œufs
d’autres poissons ou batraciens qui viennent enrichir le biotope
des lacs.
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le samedi 24 mai 2006 : "Au Makila, golfeurs et carpes se côtoient"