« Ce
n’est pas facile de trouver un chef de chœur ! », soupire
Jean-Bernard Labruquère, choriste et président de la section
Biez Bat chœur d’hommes Pays Basque. « Il m’a
fallu auditionner quelque 25 personnes avant de trouver la perle rare ».
Pourtant, Maïté Duboué-Daguerre était partie
avec la ferme intention de refuser le poste. Installée à son
compte comme musicienne indépendante, elle avait déjà rempli
son planning annuel et ne souhaitait pas trop se surcharger au risque
de ne plus avoir le temps de s’occuper de sa fillette de 3 ans
et demi. « Il m’a promis que le chœur saurait s’adapter,
et qu’il me donnerait toute latitude, alors j’ai accepté ».
Ce n’était pas une mince affaire pour cette jeune femme
: diriger un chœur uniquement composé d’hommes, très
soudés, tous de Bassussarry et des villages environnants et dont
un noyau de 12 choristes chante depuis 30 ans ensemble. Avec ça,
des voix impressionnantes, pas loin du niveau d’Oldarra, façonnées
par ses 4 prédécesseurs et particulièrement le dernier,
Xavier Heuty de Guéthary, txistulari au Conservatoire, qui mettait
l’accent sur leur « couleur » : « Pendant quelques
mois, j’ai pris leur puissance vocale en pleine figure ; ils ne
sont pas faciles à manier, un peu machos, mais parfaitement respectueux
de mon rôle de chef ». Malgré sa formation initiale
au conservatoire (musique traditionnelle, txistu) et ses 20 années
d’expérience en associations où elle jouait également
de la clarinette (les Genêts d’Anglet, école de musique,
direction d’une chorale mixte, banda, musique de rue, etc.), elle
a dû travailler dur, d’une part pour assimiler en quelques
mois 35 chants quadriphoniques du répertoire du chœur, et
d’autre part prendre personnellement des cours de chant afin d’être
mieux à même de conseiller les choristes et les faire progresser
(d’alto, elle est devenue soprano, à sa plus grande stupéfaction).
Jean-Bernard Labruquère souligne que le dévouement des
chefs de chœur, sans rapport aucun avec leur niveau de rémunération
en raison du manque de ressources des associations qui les emploient,
devrait être mieux reconnu, notamment par les pouvoirs publics
: « Aucune chorale n’existerait sans leur abnégation ».
Maïté Duboué-Daguerre se souvient : « Ils m’ont
fait un coup terrible –mais pas prémédité-.
J’avais à peine dit oui depuis une semaine (début
septembre 2004), qu’ils m’ont invitée à les
accompagner à Morlaas, où ils rejoignaient d’autres
chœurs pour un concert. Il aurait fallu 6 à 7 chefs pour
ces 200 choristes, ils n’étaient que 3 ou 4 : la Biez Bat
m’a demandé à brûle-pourpoint de les dépanner
et de diriger tout le groupe pour une partie des chants (que je n’avais
pas préparés !). » Après un an et demi, le
stress a diminué : elle a assimilé les habitudes du groupe
et commence à imprimer sa marque, par l’enseignement de
nouveaux chants, la demande d’une meilleure maîtrise des
voix… et l’assiduité aux répétitions,
surtout avant une prestation importante à l’extérieur. « Ce
sont pour la plupart des artisans, très occupés par leur
vie professionnelle, je comprends qu’ils aient parfois des empêchements,
mais ils doivent me prévenir, et ne pas manquer pour un oui ou
un non. Ce qui est très positif, c’est cette authentique
passion et le plaisir communicatif qu’ils éprouvent à chaque
fois qu’ils se retrouvent pour chanter ensemble. »
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le mercredi 8 mars 2006 : "Maïté a du choeur"