Une
pionnière du bourg
Progresser grâce à la formation continue
Françoise Sistiague coiffe toutes les générations
du village de la maternelle à la maison de retraite. C.C-E
« Quand j’ai ouvert mon salon de coiffure « Tête
en Fête » le 27 janvier 1993, les clients parvenaient au seuil
sur un chemin de madriers. Encore sans électricité, j’ai
dû me brancher sur les prises du chantier et je chauffais le local
avec les casques ! Quant au téléphone, je n’ai pu l’obtenir
qu’en avril… » se remémore Françoise Sistiague
avec le sourire. C’est que le bourg était en pleine mutation.
A l’emplacement de la ferme Hargous de M. Luro et de l’ancien
fronton s’était érigée une résidence
près de la nouvelle maison de retraite dont le directeur, M. Belmar,
tenait aussi l’auberge voisine. Le trinquet était le seul
bâtiment ancien de la place qui n’était alors qu’un
tas de terre informe. « J’étais la première commerçante
et j’étais très attendue : les 2800 habitants d’Arcangues
où je résidais et les 2000 de Bassussarry ont apprécié l’instauration
de ce service de proximité où l’on pouvait facilement
se garer » ajoute-t-elle.
Coiffeuse depuis l’âge de 14 ans, d’abord en pré-apprentissage,
puis remplaçante à Saint Jean de Luz, elle a travaillé pendant
douze ans à Cambo tout en poursuivant ses études jusqu’au
brevet de maîtrise. Sitôt informée de cette création
de locaux commerciaux, elle s’est portée candidate. Toute
la famille s’est mobilisée pour l’aider à acheter
les murs, le matériel et aménager l’intérieur. « Le
salon, c’est une priorité, j’y travaille 43 heures par
semaine, je ne prends qu’une semaine de vacances d’affilée
par an, et deux jours par ci, par là, durant les congés scolaires » dit-elle.
Pourtant, lorsqu’elle s’est installée, elle venait de
mettre au monde sa fille Lora, six ans avant la naissance de son fils Yon.
Sans cesse à l’affût de nouveautés, elle se déplace
au salon « Mondial de la coiffure » à Paris pour y comparer
les produits. Elle y achète des logiciels informatiques pour sa
gestion – aidée par son mari, comptable -. Comme le lui a
inculqué son ancienne patronne, elle recourt à la formation
continue pour continuer à progresser dans son métier, ce
qui l’amène à passer quelques jours en stage à Londres. « De
retour à Bayonne, j’ai éprouvé un choc : je
voyais tous les commerces d’un nouvel œil, et je me suis aperçue
que, si certains se plaignent d’un chiffre d’affaires en chute
libre, cela provient sans doute en partie du manque d’attrait de
leur vitrine ! » réalise cette coiffeuse dynamique. Forte
de ses nouvelles connaissances, elle refait la sienne – il y a trois
ans, à l’aide d’un architecte Fen-Shui rencontré durant
le stage -, et change aussi périodiquement les décors, en
fonction des saisons, de la rentrée des classes, d’Halloween… « Ce
n’est pas parce que j’ai trente ans d’expérience
qu’il faut que je m’endorme sur mes lauriers ! La concurrence
augmente, en même temps que la population, et je dois rester attractive… » constate-t-elle.
Cathy Constant-Elissagaray
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le 16 mai 2007 : "Pionnière au bourg"