« Le site était près de chez nous, et nous ignorions
son existence ! » s’étonne un habitant de Bassussarry
venu à pied, en voisin, visiter la réserve de Chourroumilas
(Xurrumilatx) exceptionnellement ouverte au public à l’occasion
de la Journée Mondiale des Zones Humides du 2 février. D’autres
sont venus de Bayonne, de Bidart ou d’Anglet, de tous âges, pour
découvrir ce lieu préservé. Ancien chasseur, Michel
Guilhous, le propriétaire, s’est converti en protecteur de la
nature. Il a été contacté par Tangi Le Moal, du Conservatoire
Régional des Espaces Naturels d’Aquitaine (CREN), qui lui a
proposé de gérer cet espace, faire l’inventaire de la
faune et de la flore, prendre des mesures pour restaurer la biodiversité et
protéger des espèces menacées comme la cistude d’Europe.
Sa situation sur le bassin versant de la Nive, à trois kilomètres à vol
d’oiseau de la réserve naturelle régionale de Jean-François
Terrasse située, elle, sur le bassin versant de l’Uhabia, en
fait un précieux refuge pour les oiseaux qui, dérangés
sur un site, peuvent s’envoler vers l’autre. « Autrefois,
il y avait des centaines de moulins comme celui de Chourroumilas au Pays
Basque qui, outre leur activité économique, assuraient par
leur réseau de canaux et d’étangs les fonctions de châteaux
d’eau, stations d’épuration et bassins de rétention
en cas d’inondations, en plus de celles de lieux de vie et de reproduction
pour quantités d’animaux et de plantes » explique Tangi
Le Moal. Il n’en reste plus que sept ou huit de nos jours. « Nous
pouvons agir dans la réserve, mais ce n’est pas un lieu isolé et étanche,
la pureté de ses eaux par exemple dépend étroitement
des sites qu’elles ont traversés avant de l’atteindre
(champs cultivés, zones urbanisées), la tranquillité qui
y règne est aussi perturbée par son environnement immédiat
(chasse, terrain de sport voisin) et elle n’est pas à l’abri
des espèces invasives, comme la perche-soleil ou le poisson-chat d’Amérique
du Nord, sans oublier le ragondin » remarque-t-il. D’où l’intérêt
pour l’association du CREN d’agir en conseillère auprès
des mairies pour l’entretien des berges des cours d’eau, ou du
Conseil Général pour l’aménagement des routes,
et en informatrice auprès de la population pour inciter à de
nouveaux comportements plus respectueux de la nature. Après la visite,
Michel Guilhous montre quelques unes des magnifiques photos qu’il a
prises, celle du butor qui imagine être invisible lorsqu’il se
poste à la verticale, bec tendu vers le ciel, du vison timide au museau
blanc, de la cigogne noire qui se pose à la fin août ou du martin-pêcheur
qui a élu domicile dans un talus qui borde l’étang.
Cathy Constant-Elissagaray
Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues
Article paru le 9 février 2008 : "Chourroumillas, une réserve à protéger"