Le nom « Gand » vient du gaulois Ganda, qui veut dire « confluent ». Déjà avant le 1er siècle il y avait au confluent des rivières de la Lys et de l'Escaut plusieurs hameaux. Gand fut l'un des derniers réduits du paganisme en Gaule : Saint Amand, venu l'évangéliser fut jeté dans l'Escaut. Vers 650, Saint Amand y fonda deux abbayes : l'abbaye Saint-Pierre et l'Abbaye Saint-Bavon. La cité de Gand prit naissance sous les Carolingiens autour de trois quartiers : ceux des deux abbayes et un marché. Vers 800, Louis le Pieux, un des fils de Charlemagne, choisit Eginhard, le biographe de Charlemagne, comme abbé des deux fondations religieuses.
Les Vikings ont occupé et détruit Gand et sa région en 851-852 et 879-883.
Vers l'an 940, Baudouin II édifie, à l'emplacement de l'actuel château des
comtes de Flandre, un castrum en pierre dominant un troisième noyau urbain. Il en
confie la garde à des châtelains héréditaires issus de Wenemar avoué de l'Abbaye
Saint-Pierre de Gand vers 900.
Le quartier autour de ce château devint vite un nouveau noyau de la ville
grandissante. Du XIe au XIIIe siècle, Gand était la deuxième ville d'Europe
(hors la péninsule italienne) après Paris (avec 100 000 habitants) par sa
population (jusqu'à 65 000 habitants), devant Londres, Cologne et Moscou. Il ne
subsiste du tissu urbain d'alors que le beffroi et les tours de la cathédrale
Saint-Bavon et Saint Nicolas.
Les deux rivières (Lys et Escaut) inondaient la plaine environnante. Les meersen
(« prairies humides » : le mot néerlandais est apparenté à l'anglais marsh, mais
n'a pas exactement le même sens, car le meers néerlandais n'est pas en
permanence submergé) étaient idéales pour l'élevage d'ovins, dont la laine
formait la matière première de l'industrie drapière.
Cette industrie drapière (drap de laine), originaire de Bruges, donna naissance
à Gand à la plus vieille zone industrielle d'Europe. Cette zone d'échange était
à ce point active qu'on importait la laine même d'Angleterre : c'est l'une des
raisons pour lesquelles les îles Britanniques entretinrent toujours d'étroits
liens avec les Flandres2. Gand est aussi la ville natale de Jean de Gand, le duc
de Lancastre.
Au XIVe siècle, les Flandres devinrent l'apanage du Duché de Bourgogne, et les
échanges avec l'Angleterre se dégradèrent notablement au cours de la guerre de
Cent Ans.
En 1379, une première révolte eut lieu contre Louis II de Flandre, qui ne put
l'écraser qu'avec l'aide de Charles VI de France, à la Bataille de Roosebeke en
1382.
L'augmentation des impôts, jointe à la baisse des exportations, entraîna une
seconde révolte qui s'acheva en 1453 sur la Bataille de Gavere, où les milices
gantoises furent défaites par Philippe le Bon. Le centre de gravité économique
des Pays-Bas se déplaça alors des Flandres (Bruges, Gand) au Brabant (Anvers,
Bruxelles), même si Gand continua à jouer un rôle important.
En 1500, Jeanne de Castille y donna naissance à Charles Quint, futur empereur
romain germanique et roi d'Espagne. Quoique natif de Gand, celui-ci prit des
mesures brutales pour réprimer la Révolte de Gand en 1539, exigeant que les
notables de la ville défilent pieds nus avec une corde autour du cou : depuis
cette époque, les Gantois sont surnommés « Stroppendragers » (les « garrotés »).
La congrégation de Saint-Bavon fut dissoute, son monastère rasé et remplacé par
une caserne ducale. Seuls quelques édifices de l'ancienne abbaye échappèrent à
la démolition. L'empereur était cependant fier de cette métropole : il se
faisait fort de « mettre Paris dans son Gant ».
La fin du XVIe et le début du XVIIe siècle se traduisirent par des
bouleversements liés à la Guerre de Quatre-Vingts ans. Face à la menace des
troupes espagnoles, des États-Généraux des 17 provinces se tiennent à Gand en
1576. Il en résulte un acte de pacification qui affirme l'autonomie nationale
contre les ministres et les troupes espagnoles. Don Juan d'Autriche est obligé
d'accepter la pacification de Gand. Cependant la minorité calviniste, organisée
en un parti d'une grande efficacité, s'empare du pouvoir par la force. En 1577,
les calvinistes s'appuient sur le programme du prince d'Orange qui promet la
restauration des libertés communales. Les vieilles magistratures municipales
retrouvèrent leurs prérogatives, les chartes confisquées réapparurent et les
métiers siégèrent derechef à la Collace4. Gand est pour un temps une république
calviniste.
Mais bientôt les Espagnols, conduits par Alexandre Farnèse reprirent la ville,
la convertissant définitivement au catholicisme. Les conflits de la Guerre de
Quatre-Vingts Ans mirent un terme au rayonnement international de Gand.
La ville est prise en 1678 par Vauban.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'industrie textile se remit à prospérer. En 1800,
Lieven Bauwens installa la première machine à tisser mécanique sur le continent,
à partir de plans copiés en Angleterre.
Gand devient belge
Le Traité de Gand mit formellement un terme à la guerre de 1812 entre le
Royaume-Uni et les États-Unis. Pendant les Cent-jours, le roi Louis XVIII de
France se réfugia à Gand, ce qui le fit surnommer par les satiristes : "Notre
Père de Gand".
Après la bataille de Waterloo, Gand fut intégrée au Royaume des Pays-Bas. Au
cours de ces 15 années de monarchie néerlandaise, la ville ouvrit sa propre
université (1817) et fit creuser un nouveau canal maritime (1824–27).
À l'issue de la Révolution belge, privée pendant une décennie de son accès à la
mer, l'économie locale périclita, suscitant la naissance du « Broederlijke
Wevers » premier syndicat ouvrier de Belgique, né à Gand en 1857.