L'une des sept collines de Paris,
appelée Champ-l'Évêque car elle appartenait au Moyen Âge à l'évêque de Paris,
prit au XIIe siècle le nom de Mont-aux-Vignes.
Deux siècles plus tard, les Jésuites acquièrent le terrain pour en faire un lieu
de repos et de convalescence. La maison accueille quelques heures le jeune roi
Louis XIV venu assister sur ces hauteurs à des
combats lors de la Fronde. Cet
événement donnera au lieu le nom de Mont-Louis. Mais le plus illustre occupant
fut François d'Aix de La Chaise (1624-1709), dit le Père
La
Chaise, confesseur
du roi de France Louis XIV, qui exerça une influence modératrice sur celui-ci
dans la lutte contre le jansénisme. Il y demeurera de 1675 jusqu'à sa mort en
1709.
Le comte de La Chaise, frère du père jésuite, donna de nombreuses fêtes sur le
domaine, ce qui contribua à son agrandissement et son embellissement. Mais en
1762, la Compagnie de Jésus fut contrainte de céder le terrain en raison d'une
dette du père de Jacy. Au fil des années, les jardins furent laissés à l'abandon
et les propriétaires se succédèrent, pour revenir, le 9 Ventôse an XI au préfet
de la Seine, Nicolas Frochot, contre la somme de 180 000 francs.
Avec la fermeture le 1er décembre 1780 du cimetière des Innocents, en
application tardive de la loi de 1765 interdisant les cimetières en ville, Paris
commençait à manquer de lieux de sépultures. Napoléon Bonaparte, alors consul,
décréta que« chaque citoyen a le droit d'être enterré quelle que soit sa race ou
sa religion », réglant le cas des mécréants, des excommuniés, des comédiens et
des pauvres. Au début du XIXe siècle furent ainsi créés plusieurs nouveaux
cimetières hors des limites de la capitale : le cimetière de Montmartre au nord,
le cimetière de l'Est, le cimetière de Montparnasse au sud et, à l'ouest de la
ville, le cimetière de Passy.
Le préfet de Paris décréta la transformation des 17 hectares de Mont-Louis en
cimetière de l'Est. La conception du cimetière fut confiée à l'architecte
néo-classique Alexandre Théodore Brongniart en 1803. En tant qu'inspecteur
général en chef de la deuxième section des travaux publics du département de la
Seine et de la Ville de Paris, Brongniart dessinera les grands axes sous la
forme, pour la première fois, d'un immense jardin à l'anglaise, aux allées
accidentées, pourvues d'arbres et de plantes aux essences diverses et bordées de
sépultures sculptées. Il projettera des monuments funéraires dont finalement
aucun ne sera réalisé, à l'exception de la sépulture de la famille Greffuhle, au
style néo-gothique épuré.
Le 21 mai 1804 (1er Prairial an XII), le cimetière fut officiellement ouvert par
une première inhumation : celle d'une petite fille de cinq ans,
Adélaïde
Paillard de Villeneuve, fille d'un porte-sonnette du faubourg Saint-Antoine. Il
était à l'origine destiné aux Parisiens de l'un des quatre arrondissements de la
rive droite (les 5e, 6e, 7e et 8e de l'époque), en fosse commune ou en
concession perpétuelle. Mais le cimetière n'eut pas la faveur des Parisiens, qui
rechignaient à se faire enterrer sur des hauteurs, de plus hors de Paris, et
dans un quartier réputé populaire et pauvre.
En 1804, le Père-Lachaise ne comptait que 13 tombes. L'année suivante, il n'y en
avait que 44, puis 49 en 1806, 62 en 1807 et 833 en 1812. En 1817, pour redorer
l'image du cimetière la mairie de Paris organise le transfert des dépouilles
d'Héloïse et Abélard
, ainsi que de Molière et La Fontaine
. Il n'en fallait pas
plus : en 1830, on décomptait 33 000 tombes. Le Père-Lachaise connut à cette
époque cinq agrandissements : en 1824, 1829, 1832, 1842 et 1850. Ceux-ci lui ont
permis de passer de 17hectares 58 ares (175 800 m2) à 43 hectares 93 ares (439
300 m2) pour 70 000 tombes, 5 300 arbres, une centaine de chats, une volière
d'oiseaux et deux millions de visites.
D'illustres sculpteurs et architectes feront de ce lieu un véritable musée dès
le XIXe siècle : parmi eux, Guimard, Garnier,Visconti, Paillard ou Barris. La
chapelle ainsi que le portail principal d'alors
(boulevard de Ménilmontant)
furent conçus par l'architecte néoclassique Étienne-Hippolyte Godde en 1823 et
1825. David d'Angers créa la plupart des monuments du « Quartier des Maréchaux
d'Empire »
.
Lors de la Commune de Paris, en mai 1871, le Père-Lachaise fut le théâtre d'une
véritable guerre civile, en raison de sa localisation stratégique sur la
colline. Les Fédérés installèrent leur artillerie en plein cœur du cimetière,
mais furent rapidement encerclés par les Versaillais de Thiers d'un côté et les
Allemands de l'autre. Les 147 survivants furent fusillés le 28 mai 1871 devant
le mur qui prit ensuite le nom de mur des Fédérés, au sud du cimetière.
Ce n'est qu'à la fin du siècle, en 1894, que débutèrent les travaux du
columbarium
et du crématorium
, conçus en 1886 par Jean Camille Formigé dans un
style néo-byzantin. L'ensemble ne fut achevé qu'en 1908.
En 1895 le Monument aux morts
d'Albert Bartholomé acheté par la Ville de Paris
au salon du Petit-Champ-de-Mars en 1895 est installé au Cimetière du
Père-Lachaise.
Autres tombes ou allées, voir aussi la visite virtuelle :
http://www.pere-lachaise.com/perelachaise.php?lang=