Le disque cylindrique et le disque plat

Celluloïd

Les premiers disques, expérimentaux, étaient fabriqués sur celluloïd, mais ils résistaient mal aux lectures répétées.

Gomme-laque

En 1889, Berliner commence la production sur caoutchouc vulcanisé pressés à partir d'une matrice en acier déposé sur cuivre ou zinc. À partir de 1897, ces matériaux ont été largement remplacés par la gomme-laque shellac en anglais, dont Fred Gaisberg envisagea l'utilité pour les disques. Il s'agit d'une substance obtenue à partir de la sécrétion d’un insecte de l’Asie du Sud-Est. On ajoute à cette base de l’ardoise en poudre, un peu de lubrifiant de cire. Ce mélange est déposé sur une base de composé en coton proche du papier de Manille. La production de disques shellac commence en 1898 à Hanovre, en Allemagne, et s'est arrêtée vers 1948.

Un disque Emile Berliner Gramophone, en caoutchouc dur de 1897, dépourvu d'étiquette, le titre étant gravé au milieu en lieu et place habituel. La vitesse de rotation exigée est d'environ 55 tours par minute.

Certains disques bon marché étaient d'épaisseur principale en carton avec seulement une fine couche de gomme-laque en surface. Le bruit de surface était généralement plus important et le son de moins bonne qualité. Des disques dits « incassables » en celluloïd ont été pressés à partir de 1904, par un procédé de Henri Lioret (1893) sur cylindres, mais produit par Lambert Co. de Chicago dès 1900. Plus robustes que les disques en gomme-laque, ils avaient pour inconvénient un bruit de surface plus important à la lecture et étaient inflammables.

À partir du milieu des années 1920, l'introduction progressive de l'amplification électrique en remplacement des appareils purement mécaniques rend le caractère de résistance à l'usure de la gomme-laque moins utile, et les compagnies recherchent d'autres matières. Le vinyle est introduit en substitution dès les années 1930 notamment pour RCA et surtout dans les années 1940. La Seconde Guerre mondiale perturbant l'importation de la gomme-laque aux États-Unis, les fabricants de 78 tours produisirent ces derniers en vinyle, en 25 cm pour le marché intérieur et en 30 cm pour la distribution aux soldats américains en mission : ce sont les séries à étiquette V Disc, fabriqué à 8 millions d'exemplaires entre 1943 et 1949.

Disque souple Discolux, en Belgique, vers 1930.

Autres matières

Certains disques étaient fabriqués dans des matériaux originaux. En 1904, la fabrique allemande de chocolats Stollwerck commercialise des disques en chocolat ne pouvant être lisibles que pour un seul passage, destinés à être mangés ensuite.


Dans les années 1930, en pleine Grande Dépression, des disques souple et en carton sont commercialisés. Aux États-Unis, les Hits of the Week connaissent le succès. Tous les jeudis un nouveau succès paraissait et était mis en vente dans les bureaux de tabac. Leur production cesse en 1932. Les titres Hit of the Week sont repris en France sous le label Sefono. En Europe, de nombreuses petites marques diffusèrent des disques souples ou en carton rigide, telles que Orfé, Mag-nis, Discolux, Virginia (disques translucides). En Angleterre, il y eut les disques Filmophone, tout colorés, en plastique souple, les Goodson Records, etc.


En France, peu avant la déclaration de guerre, une pâte recyclée à partir des anciens disques fut mise au point. Elle nécessitait moins de matières premières de première extraction, mais sa résistance à l'usure et aux chocs était moindre, et le bruit de fond bien plus élevé qu'avec les pâtes traditionnelles des bons fabricants comme Pathé. L'étiquette, ou le signe gravé « NP », indiquait la matière, et de 1941 à 1944, le prix de vente était directement imprimé par le fabricant sur les étiquettes, afin d'éviter la spéculation sur le prix des disques par le marché noir à la suite de la pénurie. De même en Angleterre, plus de 10 millions de disques usagés furent recyclés par l'industrie.

Diamètre des disques

Il existait plusieurs formats de disques, le temps d'enregistrement variant d'une minute par face pour les plus petits (souvent des disques publicitaires ou pour les enfants) à environ 5 minutes pour les plus grands. Le format le plus répandu était de 25 cm (soit 10 pouces), durant environ 3 minutes, suivi de celui de 30 cm (soit 12 pouces), durant environ 5 minutes, utilisé essentiellement pour la musique classique ou l'art lyrique.

Les premiers disques Pathé commençant au centre pouvaient même aller jusqu'à 50 cm. Il était difficile d'enregistrer plus longtemps à 78 tr/min sur une face. Des disques aux spires du sillon plus resserrées ont néanmoins été réalisés, comme ceux de marque « Broadcast », permettant de condenser environ 5 minutes sur un format 25 cm et 3 minutes sur 20 cm. Ceux-ci furent fabriqués pour la radiodiffusion chez « Pyrolac » ou dans le commerce chez « Edison Bell », pour une qualité musicale toujours correcte. Mais la gravure étant latérale, il est nécessaire dans ce cas de réduire la déviation, donc le volume maximal et la dynamique sonore.

Pas de la spirale

photo : gros plan sur le sillon

Le sillon en vue détaillée sur un 78 tours de 1925 de la firme Victor.

L'écart entre les spires du sillon détermine l'amplitude maximale du mouvement latéral de l'aiguille, qui à son tour détermine la puissance du signal sonore maximal, dans les appareils mécaniques où toute l'énergie vient de l'aiguille. Serrer les spires permet d'augmenter la durée enregistrée, au détriment du volume maximal en reproduction mécanique et du rapport signal sur bruit en reproduction électrique, puisque le bruit de frottement de l'aiguille sur le sillon reste constant. Les disques 78 tours étaient enregistrés à un pas d'au plus 8,9 spires par mm ; le sillon était large de 2 à 2,5 millièmes de pouce (60 µm).

Le sillon en vue détaillée sur un 78 tours de 1925 de la firme Victor.

Page suivante