Débâcle

Zone de Texte: La Compagnie Octavio

Temps de guerre, temps d'apocalypse. Les clowns Bob, San Marco et Arkadina fuient le désastre. Le monde entier s'est précipité au fond d'un ravin avec un camion de régie qui contenait partenaires, décor, accessoires, musiciens, partitions d'un spectacle qu'ils vont quand même tenter de jouer.

Ce spectacle, ça racontait une histoire d'amour à trois. Les histoires d'amour aujourd'hui, on ne peut plus les raconter. L'amour est mort.

Ils arrivent sur une scène vide et installent les décombres d'un dispositif scénique. Ils sont blessés à l'âme et ont quelques bobos sur le corps.

Ils parlent trois langues différentes: Bob l'anglais, San Marco un curieux italien, et Arkadina le russe. Mais ils s'aiment et se comprennent.

Ils vont tenter de défendre la vie, l'espoir, le théâtre.

Ils vont prier, pleurer, faire la fête, mourir et ressusciter. Le rire est noir, le désespoir est fort, mais ils sont appliqués à vivre et à aimer.

Leur public ne les applaudit pas et ils quittent la scène, expulsés, exclus et enragés.

Françoise Merle

Fin de siècle. Un monde s'est écroulé, laissant un vide qui ne cesse de s'agrandir. Idéologies et croyances du passé se sont effacées, un monde doit se reconstruire, mais les repères ont disparu.

Trois acteurs d'une petite troupe de théâtre, emblèmes de notre fin de siècle, cherchent à survivre dans ces décombres. Chacun à sa manière : Arkadina se réfugie dans la nostalgie de la grande époque du théâtre communiste, San Marco vit dans une sacralisation démesurée du monde et Mister Bob dans l'assurance que le pragmatisme et la raison les sortira de leur enfer.

Tout les oppose sauf leur foi démesurée dans le théâtre. Ils vont donc jouer. Mais dans leur dénuement tant matériel que spirituel, leur combat pour vaincre leur sort est absurde, et leur spectacle sera un gigantesque fiasco.

Mais c'est ce ratage même qui est leur réussite. Car la foi et l'énergie qu'ils déploient, leur conviction absurde, dérisoire et tragi-comique à faire du théâtre malgré tout finissent par rendre le dérisoire sublime. Leur théâtre renaît comme par accident à partir de rien, dans un ultime instant de grâce.

Et tant pis s'ils quittent la scène exclus et humiliés. Leur humanité est d'avoir osé défier le vide.

Débâcle

Ecriture & mise en scène :

Compagnie Octavio & Françoise Merle

 

Production :

Cie Octavio

Avec le soutien de l’ONDA

 

Avec:

Sophie Cusset

Jean-Matthieu Fourt

Gilles Ostrowsky

 

Costumes :

Axel Aust

 

Lumières :

Sébastien Debant

 

Maquillages :

Mary Baird-Smith

 

Musiques :

Jean-Matthieu Fourt