Sécuriser la navigation près des côtes par temps de brume

 

Lorsque la lumière des phares ne peut se propager à une distance suffisante en raison de mauvaises conditions atmosphériques, il est nécessaire de pouvoir disposer d'un système de substitution pour continuer à assure la sécurité des navires en mer.

L'émission d'un signal sonore de forte intensité est un moyen d'avertir un bateau de la proximité de la côte ou de la présence d'un danger (épave, récif etc ).

Canon à brume - Québec Saint Laurent

Un tel système du reste, contrairement au phare, peut être efficace de jour comme de nuit par temps de brume ou de mauvaises conditions météorologiques.

Plusieurs dispositifs ont été utilisés. Le plus primitif consistait à installer un canon à l'endroit à protéger.

Ce canon était en général installé au pied du phare et le gardien avait pour mission de faire exploser périodiquement une charge de poudre par temps de brume. La détonation qui était audible par les navires qui croisaient à plusieurs encablures en mer les renseignait sur leur position et la présence de zones dangereuses.


Vers la fin du 19 ième siècle, le canon simple fut remplacé par un signal à bombes explosives basé sur le même principe, mais adapté au besoin spécifique de la sécurité maritime et sans doute plus pratique d'emploi que le canon de guerre.


Avec la mise au point du moteur à explosion et du compresseur à air, puis l'arrivée de l'électricité, le système à explosif fut remplacé par la sirène d'Écosse, une invention britannique qui pourrait s'identifier dans son principe à une énorme trompette capable de générer un son d'une très grande intensité.

Le système était souvent appelé du reste criard à brume.


Le son émis par un piston à air comprimé était en général amplifié par un pavillon en forme de cornet acoustique en bois ou en métal.

Le dispositif pouvait être fixe ou mobile, monté sur rails par exemple, de façon à émettre le son dans différentes directions pour tenir compte de la direction des vents et pouvoir ainsi bénéficier d'un maximum de rendement.


A la façon du phare qui émettait une série de signaux lumineux répétitifs, ces cornes de brume pouvaient émettre une série de sons caractéristiques qui permettaient de les identifier depuis la mer.

Après des améliorations techniques successives menées au cours du siècle dernier, les performances de ces cornes ont été augmentées et des automatismes ont même été installés pour en assurer une mise en service et un fonctionnement sans présence humaine.



Corne de brume d'Aubigny

Avec l'arrivée de la radio navigation moderne et des radars embarqués sur les navires, ces dispositifs peuvent paraître aujourd'hui complètement obsolètes. En fait, il n'en est rien et de nombreux phares sont encore aujourd'hui équipés d'une telle installation : On peut citer par exemple, l'équipement du phare de Creac’h sur l'île d'Ouessant qui génère un son à partir de deux vibrateurs électromagnétiques, ou celui du phare de Gatteville près de Cherbourg, qui émet deux sons toutes les 60 secondes.

On peut noter que ces "hurleurs-vibrateurs" ont remplacé dès les années 1920, tout au moins en France, l'ensemble des appareils de génération plus ancienne (sirènes à air comprimé, diaphone, trompettes et sifflets à vapeur, etc).


Corne à brume métallique de grande taille
Aurigny - Îles Anglo-Normandes
Le phare de 32 m, construit en 1912, fut alimenté au pétrole jusqu'en 1972. Il est doublé d’une gigantesque corne de brume qui guide les marins quand la visibilité est faible.

L'arrivée de la T.S.F. puis, plus tard, des liaisons radio en ondes courtes et ultra courtes (UHF, VHF) viendra bien sûr remettre en question l'exploitation de ces balises sonores.



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