Légendes

 

 

Les Maoris constituent une population polynésienne habitant la Nouvelle-Zélande et surtout la partie septentrionale de l'île du Nord. Ils arrivèrent par vagues successives remontant probablement au huitième siècle ou même plus tôt (des époques contradictoires sont souvent données pour les immigrations principales). Leur appellation dérive du Moa, un gros oiseau sans aile (jusqu'à trois mètres de haut) qu'ils chassaient et dont les différentes espèces sont maintenant éteintes.

 

Les Maoris formaient un peuple vigoureux qui opposa une résistance assez farouche à l'immigration européenne. En fort déclin au cours du XIXe siècle, cette population s'accroît maintenant rapidement. Si les pratiques culturelles, les arts et la vie communautaire restent des éléments importants, les Maoris participent activement à la vie économique et sociale d'une Nouvelle-Zélande moderne qui est un modèle d'intégration ethnique. La rencontre avec une `famille' Maori est un must d'un périple en Nouvelle-Zélande.

 

Voici ci-dessous quelques éléments de la cosmogonie Maori.

 

 

Rona, la femme dans la Lune

 

Cette légende `astronomique' Maori est probablement la plus populaire et la plus répandue.

 

Rona était très aimée de son mari, mais leur vie commune était gâchée par son vif tempérament et par la rudesse de son langage.

 

Un jour, son mari lui annonça: `Ce soir, la Lune sera particulièrement favorable pour la pêche. Je vais prendre les garçons avec moi. Nous irons sur l'île au large où le poisson est abondant. Nous ne serons donc pas de retour avant demain soir, mais nous devrions avoir fait bonne pêche pour lors. Veille à ce qu'un bon repas nous attende.'

 

Le jour suivant, Rona prépara le four et attendit le retour de sa famille. Lorsque les ombres commencèrent à s'allonger, elle alluma le feu pour la cuisson. Elle avait tout très bien planifié et les pierres chauffées commençaient à rougeoyer dans le crépuscule lorsqu'elle entendit le chant des pêcheurs qui rentraient.

 

Au moment de placer la nourriture dans le four et de la recouvrir avec de la verdure et de la terre, elle s'aperçut qu'il lui manquait de l'eau pour asperger les pierres chaudes. La source était à peu de distance. Se saisissant de deux calebasses, elle courut en aval du sentier. La nuit tomba avant qu'elle n'aît pu atteindre la source, mais la Lune était pleine. La piste était clairement visible dans la lumière argentée.

 

Soudain, la Lune fut cachée par le passage d'un nuage. Le sentier et les arbres qui le bordaient furent plongés dans les ténèbres. Rona ne put plus voir son chemin convenablement et trébucha sur une racine saillante. En tentant de retrouver son équilibre, elle heurta violemment un rocher qui la blessa.

 

Dans sa douleur et son exaspération, elle leva les yeux et injuria la Lune qui lui avait retiré sa lumière. L'insulte était bien sentie et fut entendue par la Lune qui descendit du ciel, se saisit de Rona et l'attira à elle.

 

Rona empoigna la branche d'un arbre et s'y agrippa de toutes ses forces, à tel point que les racines de l'arbre se soulevèrent du sol. Rona fut alors emportée dans le ciel et placée sur la surface de la Lune. Elle y demeura à la vue de tous avec ses deux calebasses et la partie de l'arbre qui était restée dans ses mains.

 

Pour les pêcheurs, ce fut un triste retour à la maison. Les pierres du four étaient toujours brûlantes. La nourriture était préparée et attendait à côté du four d'être cuite. Mais pas de trace de Rona.

 

Ce ne fut que lorsqu'ils regardèrent le ciel nocturne qu'ils réalisèrent que le tempérament vif de leur épouse et mère avait fâché les dieux. Ils la virent en effet assise sur la face pleine de la Lune avec ses deux calebasses et son arbre déraciné.

 

`Souviens-toi de la bêtise de Rona!', dit un vieux proverbe ...

 

 

Maaui dompte le Soleil

 

Des surnoms divers (et parfois peu cohérents entre eux) furent attribués à Maaui, un demi-dieu fantasque de la polynésie. Ainsi, on l'appela `Le Trompeur', `La Maison du Malin', `Les Nombreuses Ruses', `Le Gentil', `Le Brave', `Les Huit Yeux', `Le Surnaturel', etc.

 

Après une naissance et une éducation miraculeuses, il gagna l'affection de ses parents, enseigna des arts utiles à l'humanité, piégea le Soleil, dompta le feu, découvrit de nouvelles terres en les soulevant du fond des mers, et finalement trouva la mort en tentant de tuer la déesse de la mort, Hine-nui-te-poo.

 

Son humeur malicieuse avait rendu les siens hautement soupçonneux de ses motivations, mais ses exploits étaient parfois d'un bénéfice immense pour l'humanité, notamment lorsqu'il domina le Soleil.

 

Te Raa, le Soleil, traversait alors rapidement le ciel. Le jour était court (certaines versions disent pas plus de deux heures). Les nuits étaient longues. Et les peuples avaient à peine le temps de cuire les repas du matin et du soir, de s'occuper des plantations et des cultures, de faire la guerre, de chasser ou de pêcher.

 

`Je vais capturer le Soleil et le forcer à se déplacer plus lentement.', dit Maaui à ses frères.

 

`Pourquoi?'

 

`Cela rendra les jours plus longs.'

 

`Ecoute.', lui dirent-ils très sérieusement, sachant quels problèmes ses expériences avaient déjà causés, `Aucun bien ne pourra résulter d'une telle folie. Laisse le Soleil tranquille.'

 

Maaui ria: `Nous allons le faire ensemble.'

 

`Nous ne pourrons jamais dompter le Soleil!', protestèrent-ils. `Il nous brûlerait avant que nous ayions pu nous en approcher.'

 

`Pas si nous suivons mon plan.', dit Maaui avec ardeur. `Nous allons tisser de solides cordes de lin. Demain matin, nous les porterons près de là où le Soleil se lève. Nous pourrons facilement contruire des abris pour nous protéger de la chaleur.' 

 

Après s'être laissé persuader, ses frères se mirent à tisser des cordes de fibres de lin. Comme c'était un art encore inconnu, Maaui dut leur apprendre comment tourner la fibre en cordes de différents types. 

 

Ensuite, ce fut un long voyage à la fin duquel ils atteignirent Te Rua-o-te-Raa, la caverne du Soleil. Lorsque celui-ci se leva au-dessus de l'horizon, une boucle de corde lui tomba sur la tête et les épaules, et puis une autre, et encore une autre. `Tirez fortement.', cria Maaui, `Ne le laissez pas partir.'

 

Laissant ses frères maintenir la tension sur les cordes, il courut vers le Soleil. De sa ceinture, il tira son arme favorite, la mâchoire de son ancêtre Muri-ranga-whenua, et rua de coups le Soleil impuissant jusqu'à ce qu'il implore pitié. Maaui psalmodia alors un puissant sortilège pour empêcher le Soleil de bouger.

 

`Essayes-tu de tuer Tama-nui-te-raa?', demanda Tama d'une voix faible, tout en luttant pour rompre les cordes. Ce fut là en fait la première fois que le nom du Soleil fut révélé.

 

`Je ne te veux aucun mal. Si tu promets de te déplacer plus lentement dans le futur, je te laisserai aller.'

 

`Non.', dit le grand Tama obstinément. `Pourquoi devrais-je changer mes habitudes sur le simple fait que tu le demandes?'

`Voilà pourquoi.', dit Maaui. Et il frappa le Soleil jusqu'à ce qu'il s'affaiblisse.

 

Lorsqu'il le relâcha, il se mit à boiter si lentement au travers du ciel que les hommes et les femmes furent capables de cuire leur nourriture, de manger, de travailler, de jouer et de s'aimer à leur gré, alors que des plaies du Soleil jaillissaient les rayons que nous connaissons aujourd'hui.

 

 

Et une courte troisième

 

Il existe une autre légende à propos de Maaui et du Soleil qui se réfère à une période de lumière diurne perpétuelle.

 

Le demi-dieu s'était irrité de la folie de l'humanité. Les gens étaient tellement stupides que Maaui trouvait que la lumière du Soleil leur était dispensée inutilement.

 

Il tendit les mains vers le haut pour arrêter la lumière du Soleil. Il semble qu'il ne fût pas au courant de la chaleur de celui-ci, car ses mains furent méchamment brûlées. Il courut à la mer pour apaiser la douleur. Ce fut pourtant la première fois que le Soleil se coucha et que l'obscurité recouvrit les terres.

 

Maaui poursuivit le Soleil qui fuyait et le ramena. Mais celui-ci s'échappa encore et fila vers l'ouest. Maaui le rattrapa à nouveau et lui attacha une longue corde dont il fixa l'autre extrémité à la Lune.

 

Ainsi, lorsque le Soleil se couche, la Lune est entraînée au-dessus de l'horizon, donnant de la lumière au monde durant la nuit comme le Soleil pendant le jour.

 

Maaui s'y prit plus précautionneusement avec la Lune, mais il découvrit qu'il pouvait la cacher derrière sa main sans se brûler. Depuis il continue à utiliser sa main pour contrôler les apparitions de la Lune.