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Adam et Eve, 1909,
détail.
Edmond Heuzé témoigne d'une scène qui s'était
passée quelques années auparavant:
"Utter était, adolescent, d'une grande
beauté avec sa tignasse blonde, ses yeux bleus,
son teint vif, bien qu'il fût maigre comme un
échalas. Fils d'un plombier-zingueur de la rue
Caulaincourt, c'était un garçon sérieux et
travailleur, mais il était attiré par la Butte
et il ne pouvait résister à l'attraction
qu'exerçaient sur lui le Maquis et ses venelles.
En sa compagnie j'y faisais l'école
buissonnière. Une école buissonnière qui
consistait à barbouiller des paysages avec la
boîte à peinture que ses parents lui avaient
offerte. Un jour que nous étions ainsi
absorbés, une femme vint à passer en promenant
ses chiens. Nous connaissions de vue cette
Suzanne Valadon, modèle de Renoir et de
Toulouse-Lautrec. Elle jeta un coup d'oeil sur
nos croûtes et nous lança par-dessus l'épaule
en s'en allant :
- Le ciel, ça ne se peint pas de la même façon
que le sol !... nous plongeant dans des abîmes
de réflexion.
Utter ne se doutait guère qu'il venait de
rencontrer celle qui serait sa femme quelques
années plus tard." |
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