C'est insensé !

(Décembre 2003)

Celse, dans son "Discours vrai contre les Chrétiens" (Paris, Pauvert, 1965, avec une introduction de Louis Rougier), s'insurge contre l'anthropocentrisme du Judaïsme et du Christianisme. "Ce n'est pas pour l'homme qu'a été ordonné le monde visible. Toutes choses naissent et périssent pour le bien commun de l'ensemble, par une incessante transformation d'éléments. La somme des maux dans le monde étant constante, il n'y a pas lieu que Dieu intervienne pour corriger son ouvrage. Il n'est pas certain que ce qui vous paraît un mal le soit en effet, car vous ne savez pas si ce n'est point une chose utile à vous, à quelque autre personne ou à l'ensemble du Cosmos." (p.85) Le besoin de sens, souvent évoqué par Camus, n'a pas de sens lui-même. Ce que nous faisons, nous, oui, doit avoir un sens, puisque c'est notre prétention, d'en être porteurs. Mais la Nature, avec ou sans volonté, divinisée ou pas, n'a aucune raison d'être soumise aux mêmes contraintes ni à la même exigence. Elle est, et nous n'avons aucune qualité pour lui demander des comptes quant à ce qu'elle est, et elle n'en aurait probablement aucune pour nous les rendre si jamais c'était envisageable.

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