Spiderman et Ziad, même djihad ?

A propos du film « Spiderman 2 » et du téléfilm « Cellule Hambourg » (diffusé sur France 2 le 13 septembre 2004)

 

 

J’ai vu Spiderman 2 en Juillet dernier et j’avais été frappé, alors, par le côté psychanalyse bon marché de la situation. Ce beau héros à la face d’ange veut sauver l’humanité du matérialisme (de matière, mot féminin s’il en est…) et venger les faibles opprimés et humiliés. Cet appel lui vient d’une voix paternelle et l’entraîne dans des aventures pleines de saisissantes scènes d’érotisme homosexuel : il grimpe, comme dans les rêves analysés par Freud, le long de paroisses lisses immenses, auxquelles il s’accroche quelquefois par quelque chose de gluant. Il lutte contre un démon masculin aux sept verges tentaculaires et tentatrices. Il fait des bonds immenses, etc. Et tout cela constitue pour lui une seconde vie cachée, une vie qu’il cache à sa tante adorée, à sa fiancée chérie. Une fiancée de qui il ne peut se séparer, qu’il veut épouser, mais qui lui fait peur dès que le mariage signifierait l’abandon de ses exploits solitaires et sans femmes. L’oncle et le père sont évidemment là pour représenter les faces bonnes et mauvaises de l’idéal masculin et toujours ces lancinantes glissades le long des grandes façades lisses …

 

Et puis, voila que ce beau Ziad, dans cellule Hambourg, cet autre ange idéaliste qui veut se consacrer à Allah, qui veut lui aussi sauver l’humanité du matérialisme et venger les faibles opprimés et humiliés, lui ne bondit pas dans les airs le long des façades lisses, mais projette dans le ciel de longs objets qui viennent mettre le feu à d’autres objets phalloïdes dressés dans le ciel et supposés abriter des méchants (au fait, combien y a-t-il eu de victimes musulmanes des attentats du 11 septembre ?). Ziad aussi a un papa et un oncle qui incarnent le bien et le matérialisme et puis ce chef et père spirituel qui l’éveille à l’appel d’Allah. Et, pour lui aussi, tout cela constitue une seconde vie cachée, une vie qu’il cache à sa fiancée chérie. Une fiancée de qui il ne peut se séparer, qu’il veut épouser, mais qui lui fait peur dès que le mariage signifierait l’abandon de ses exploits sans femmes.

 

Les deux anges sont appelés par des voix viriles à des combats donquichotesques contre le matérialisme et pour la vengeance des humiliés. Les deux vivent un drame déchirant entre l’amour d’une femme et l’appel au combat héroïque et viril. Les deux anges idéalistes aiment leur fiancée mais ne peuvent pas lui dire la vérité. Il paraît que beaucoup d’hommes mentent à leur chérie pour aller en voir d’autres, pour jouer aux courses ou boire avec les copains. Il paraît aussi que « les terroristes n’étaient pas des démons, mais des gens de bonne famille, des gens ordinaires ». Mais non, voyons, ils ne jouaient pas aux courses, eux, ils changeaient le monde.

 Septembre 2004

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